RIP 2024, 2025 ne s’annonce meilleure encore après cette année de transition pour les jeux AAA. Écrite à huit mains par l’équipe JV fraichement renforcée par l’arrivée d’Itokiry et Neomantis dans nos colonnes, ce billet d’humeur dresse le diagnostic du jeu vidéo et se projette vers 2025. On y parle licenciements en pagaille, censure, paniques morales sur les réseaux, sexualité dans le jeu vidéo et vanité de grosses productions en panne d’inspiration. Le jeu vidéo doit-il nécessairement pourchasser les téraflops ? Comme l’année passée (voir notre bilan 2023 d’une année record), c’est vers le jeu vidéo indépendant qu’il faut se tourner pour entrevoir pleinement les singularités d’un média d’une richesse infinie pour peu qu’on s’y attarde. Vous retrouverez une sélection de titres originaux allant de la Russie, en passant par la Suède, Taïwan et la Serbie. Dénominateur commun des meilleurs jeux de l’année, le gameplay toujours à l’honneur avec une suprématie des Japonais, maîtres en leur royaume, même si l’ogre chinois commence à avoir de l’appétit pour le média. Le jeu vidéo a une grammaire bien à lui qui le le rend d’autant plus savoureux quand il ne cherche pas à imiter le cinéma. L’équipe vous souhaite une bonne année. N’hésitez pas à nous donner votre retour sur cette année mouvementée et on vous retrouve très bientôt pour de nouveaux projets pour MaG.
Sommaire
Bilan de KillerSe7ven
TON REGARD SUR LE MONDE DU JEU VIDÉO EN 2024
PS5 à la traîne, Switch 2 en attente et Microsoft en PLS
Ce n’est pas forcément l’année jeu vidéo la plus folle que j’ai vue, certainement à cause d’une PS5 qui dompte le marché sans avoir encore enclenché la cinquième. Quatre ans déjà que la console est sortie et hormis le chef d’oeuvre Returnal (lire notre critique), difficile de trouver une exclusivité qui vaille le coût de l’investissement, en tout cas pour quelqu’un qui a un PC costaud à disposition et une Switch. Il est trop tôt pour se prononcer mais il se dessine un environnement où les exclusivités seront peut-être un concept bientôt désuet et où la plateforme importerait peu. Quant à Microsoft, qu’il semble loin le temps de la Xbox 360. On croirait aujourd’hui que la firme américaine a capitulé.
Reste la Switch qui trace toujours sa route en marge des deux autres constructeurs qui se font la course à la technologie depuis vingt ans. Pas de promesses de téraflops chez Nintendo mais un catalogue solide, très japonais, et des jeux first party à l’ADN revisité pour ses licences reines, Mario et Zelda dont on espère que Metroid Prime 4 suivra une voie aussi noble. Les doutes sont permis après un développement tumultueux et un premier trailer qui ressemble plus à un target render qu’un véritable jeu.
2024 était une année moins généreuse que la précédente qui se soldait par une avalanche de titres : Baldur’s Gate, Final Fantasy, Zelda, Starfield, Super Mario Wonder, Alan Wake 2, sans compter les formidables remakes de System Shock et Resident Evil 4. 2024 était moins fastueuse certes mais pas exempte de bonnes surprises pour autant. La tendance aux revivals réussis de suvival horror se confirme avec le remake de Silent Hill qui a douché toutes les craintes selon Ummagumma et Itokiry, tous les deux unanimes. Pour ma part, comme pour Alan Wake 2, je n’ai toujours pas trouvé le temps de m’y atteler mais ce sera chose faite prochainement. Pardonne moi Ummagumma…
Gamescom en berne et panique morale sur les réseaux
2024 est certainement une année de transition. Pour la Switch c’est certain, puisque sa successeuse se fait désirer ; on devrait en entendre parler d’ici mars. Espérons qu’on puisse la tester à la Gamescom, salon qu’on a déserté pour la première fois depuis dix ans, tant le line up annoncé faisait peine à avoir. Et pour cause, les éditeurs étaient abonnés absents de cette édition, trop occupé à gérer leur com de A à Z en graissant la patte à quelques influenceurs sur la route. On croise les doigts pour que ce rejet de la presse par les grandes écuries du jeu vidéo ne soit pas une tendance de fond.
Chez Sony, même son de cloche, puisqu’on a enfin vu de nouvelles licences lors des Game Awards. Énième bad buzz autour d’Intergalactic: The Heretic Prophet et The Witcher IV. Un grand moment de ridicule qui démontre une fois de plus la toxicité des réseaux et la progression du masculinisme en ligne porté par une extrême droite qui a pignon sur rue sur X. Affligeante panique morale qui confine à l’obsession d’un supposé complot wokisme à la manette, néologisme fourre-tout qui m’horipille et dont la réalité concrète reste abstraite. Quand j’entends ce terme, je ne peux pas m’empêcher de penser à la discussion entre Anakin et Q-Gon dans La Menace Fantôme :
Oui, ou peut-être que ma mémoire des midichloriens déraille, pardonnez moi… Bref, vous avez compris le concept : on a eu droit à un défilé de commentaires d’hommes au teint pâle et à la virilité contrariée disserter sur la chirurgie plastique que devrait subir Ciri pour répondre à leurs fantasmes. Une simple recherche du mot Ciri sur Twitter rappelle pourquoi la plateforme de Musk s’appelle désormais X. Une avalanche de nudes détournés de Ciri dans toutes les positions imaginables les plus vulgaires. Comme quoi, les deep fakes affectent même les égéries virtuelles.
Même déballage pour le prochain jeu de Naughty Dog, où d’anciens journalistes français ont pu proposer un look « alternatif » à l’héroïne insolente d’Intergalactic: The Heretic Prophet comme si un filtre Snapshat lui avait été appliqué après une tartine de fond de teint. Des cheveux rasés et un simple bomber ont généré une indignation délirante, alors que les références à Alien et Akira semblaient pourtant limpides. S’il y a bien une chose qui distingue une œuvre d’un produit, c’est le souci de l’indifférence de l’auteur vis-à-vis de son public, chose qu’on reconnaît chez Naughty Dog, Hideo Kojima ou Shinji Mikami dont les décisions artistiques témoignent de leur personnalité respective.
Sexualisation et tentation de la censure
Le jeu vidéo, plus que n’importe quel autre média, semble tiraillé par la question de la représentation des femmes et des minorités, sans doute car son mode de production chaud le rapproche trop souvent d’un produit plutôt que d’une œuvre et qu’il ne faudrait pas contrarier les ventes. Dommage que cela prenne des tournures aussi grotesques des deux côtés du spectre. On a pu voir l’année passée des sensitive readers autoproclamés demander l’interdiction de Stellar Blade, jeu coréen dont le design de son héroïne, certes très sexualisée façon Ghost In The Shell, est basée sur la motion capture de la mannequin coréenne Shin Jae-eun qui a déjà pu s’exprimer librement sur le sujet.
S’il apparaît évident que les développeurs de Stellar Blade n’ont jamais caché leurs fantasmes (est-ce un crime ici ?), la réception du titre par certains m’a semblé bien plus problématique comme si le jeu vidéo était aujourd’hui truffé d’égéries dénudées et qu’il s’agirait systématiquement d’un synonyme de dégradation de la femme. Même les guerrières de la série nanardesque Mortal Kombat portent des cache-cols aujourd’hui quand leurs homologues masculins sont en slip dans l’arène. Curieuse indignation à géométrie variable…
Par ailleurs, le titre est un jeu de niche destiné à un public adulte dans un univers complètement fantaisiste, où l’on pourrait à la limite s’inquiéter de la qualité d’écriture de son personnage plutôt que de la taille de son bonnet. La question a pris une tournure hypocrite au Japon, particulièrement enclin à la censure dès qu’il s’agit de contenus explicites à caractère sexuel, alors que le pays devrait plutôt remettre en question les travers de sa société qui entretient un rapport problématique aux femmes. Et ce n’est pas Stellar Blade qu’il faudrait incriminer. Les quelques heures passées en compagnie d’Eve ne m’ont rien laissé voir de choquant, si ce n’est la platitude du personnage. Soyons honnête un instant, l’histoire était-elle vraiment la priorité de ce beat them all de toute façon ?
Ubisoft à la peine ou le Disney du jeu vidéo
De l’autre côté, des éditeurs comme Ubisoft se morfondent dans des jeux lisses et puritains où le vide de toute identité règne en maître, toujours dans le but de ne froisser personne sur le modèle Disney que je ne manquerais jamais d’écorner. Dernier exemple en date, la présence secondaire d’un samouraï noir dans le prochain Assassin’s Creed, drame qui a généré une levée de boucliers aussi ridicule que la démarche à vocation exclusivement mercantile.
Dans un article dédié, Le Monde explique très bien ses crispations identitaires du pays du Soleil levant quand un éditeur américain traite par la marge l’histoire de l’archipel. Outre le fait qu’Ubisoft propose des gameplay en coquille vide, la déchéance d’Ubisoft n’est peut-être pas étrangère à son goût affirmé des sensitive readers en plus d’un management toxique qui confine au control freak. Tout ça alors qu’on sait très bien que l’histoire et Ubisoft se réduit à l’architecture. Rappelez-vous la révolution française selon Ubi et ses nombreuses inepties de quoi défroquer un sans-culotte fissa ! Le géant Ubisoft pourrait-il être dépecé et racheté par d’autres gros poissons ?
Bientôt un Videogame Book Authority ?
La prudence est de mise, car on sait combien le marché (surtout) américain des AAA se replie sur une forme de censure qui ne devrait jamais avoir lieu et dont les premières victimes seront les auteurs. On parle tout de même de la première puissance mondiale où concomitamment le premier amendement peut défendre la liberté d’expression et où, comme pour d’autres anime, le manga Assassination Classroom est sur le point d’être interdit dans certains Etats clés des USA. Tout cela à cause d’une plainte d’une gamine de neuf ans qui aurait mieux fait d’acheter un fusil automatique au Primark du coin pour ne froisser personne.
Et ce type de mouvement soucieux de préserver la santé mentale de vos enfants existe aussi chez nous. Le monde de la BD a eu droit à ce même type de scandale avec Bastien Vivès, personnage certainement détestable ; pour preuve, ces faits d’armes lamentables sur les réseaux sociaux parlent d’eux même, qu’importe s’il présentera des excuses tardives une fois pris dans l’étau médiatique. Un classique de ceux qui se savent coupables. Pour autant, ces faits peu glorieux justifiaient-ils vraiment qu’on le voue aux gémonies et l’assimile par son travail à un pédocriminel à interner ? C’est à se demander comment Ranxerox aurait été accueilli aujourd’hui, alors que cette BD trash était primée à Angouleme en 1983 et que le corps bodybuildé du robot faisait même la couverture de la pochette de l’album The Man From Utopia du musicien satiriste américain Frank Zappa.
Dans cette BD précurseuse du steampunk, Liberatore qu’on connaît pour ses superbes dessins érotiques comme ses illustrations des Fleurs du Mal dessine l’histoire d’un robot tueur coincé sur le mode ultraviolence et qui sort avec une gamine vendeuse de crack qui l’exploite sexuellement. C’est d’ailleurs après avoir écrit cet article que j’ai découvert que Liberatore avait exercé une influence immense sur les travaux d’auteurs comme Loustal, Bastien Vivès ou Jean-David Morvan qui se sont confié à Telerama dans un article au titre évocateur : « Quand je vois un dessin de Liberatore, c’est comme si je regardais un super porno ».
Rappelons tout de même combien cette affaire Bastien Vivès a pris une tournure hors sol. Fin 2022, les associations Innocence et La Fondation pour l’Enfance ont chacune déposé une plainte au parquet de Paris contre l’auteur, ainsi que contre ses éditeurs Les Requins Marteaux et Glénat pour « diffusion d’images pédopornographiques, incitation à la commission d’agressions sexuelles sur mineurs et diffusion à un mineur de messages violents ». Comme si des dessins absurdes étaient du même ordre que des vidéos pédopornographiques dont de vrais sites porno sont truffés aujourd’hui. Les hébergeurs complices de réseaux criminels jouent, eux, la carte de l’irresponsabilité pénale dans la quasi indifférence malgré des victimes bien réelles. Comme c’est commode.
On aurait tort de minorer l’issue du procès à venir pour le monde de l’édition déjà frileux et les répercussions qu’il pourrait générer sur tous les pans de la culture. Combien d’éditeurs et d’artistes oseront encore publier et dessiner sur des terrains sensibles aussitôt instrumentalisés sur les réseaux ? Si ces maisons d’étitions indépendantes pour publics pourtant avertis étaient condamnées, soyez certain que le spectre de ce que l’on peut représenter se verra drastiquement diminué. C’est aussi méconnaître la condition des auteurs qui patinent à trouver un éditeur qui n’hésite pas à « apurer » l’oeuvre de ce qui pourrait heurter son public cible avec pour conséquence directe : l’auto-censure.
Dans le monde voisin du cinéma, l’association chrétienne intégriste Civitas, fraichement dissoute pour des propos antisémites, n’en était pas à ses premiers faits d’arme pour avoir réussi à invisibiliser nombre de films comme Nymphomaniac au cinéma en obtenant le retrait de leur visa d’exploitation. Et à chaque fois, la même question qui se pose : ces supposés défenseurs de la vertu ont-ils seulement lu ou vu ces oeuvres avant de demander leur interdiction ou veulent-ils établir un nouvel ordre social réactionnaire ? Prudence donc dans une société qui refuse de plus en plus les valeurs des autres, surtout quand elles frisent la décadence d’un dessin couché sur le papier comme une fulgurance cathartique. Critiquer plutôt qu’interdire.
Faire preuve aussi d’un peu de second degré dans un monde qui peine à comprendre l’absurde et l’irronie aujourd’hui. Pour ceux qui en doutaient encore, l’hypocrisie du #JeSuisCharlie est donc définitivement mise à nue. Le monde du jeu vidéo, comme tout autre objet culturel, n’est pas étranger à ces questions et il se doit de monter la garde car les censeurs veillent au grain. Dans le jeu vidéo, la sexualité, elle, reste l’un des angles morts du média à de rares exceptions près comme dans Baldur’s Gate 3 où toutes les romances, même inter-espèces, sont envisageables avec une qualité d’écriture propre au génie de Larian Studios.
Sortir de la polarisation des réseaux
Tout cela est d’autant plus regrettable que les gens oublient que le média sait aussi montrer (quand il le veut) qu’il peut écrire des personnages féminins ou issus de minorités qui n’ont rien à envier au cinéma. Naughty Dog l’a fait avec Ellie sans coller un timbre lesbien sur la relation amoureuse de l’adolescente. Idem pour Abby qui interrogeait la quête aveugle de vengeance avec un personnage loin des canons du genre de la beauté et la supposée fragilité féminine. Bien avant Jackie joué par la culturiste Katy O’Brian du film Love Lies Bleeding (lire notre analyse), Abby donnait l’image d’un autre corps porteur de nouveaux possibles. Ces représentations plurielles doivent exister sans que cela ne génère des injonctions à la morale ou au contraire à la nudité, deux travers tout aussi insupportables à mes yeux.
Fort heureusement la scène indé montre depuis des décennies qu’elle n’a rien à envier à d’autres objets culturels comme le cinéma et la littérature. Rares sont les jeux AAA d’auteurs mais ils existent. Tachons de respecter la démarche des artistes plutôt que d’intimer nos valeurs étriquées au monde entier. Les gens sont-ils seulement capables de sortir de leur bulle algorithmique pour souffrir de la différence ? On peut très bien apprécier The Last Of Us et Stellar Blade sans que ce ne soit antinomique. Décidemment le public et une partie du jeu vidéo sont encore au stade de l’adolescence.
Le jeu vidéo, nouvel outil de soft power de l'Empire du Milieu ?
Autre marqueur de l’année, le succès récent de Black Myth: Wukong qui donne le vertige. Appréciez vous-même : fin septembre le jeu dépassait déjà la barre des 20 millions de copies vendues dans le monde, un mois seulement après sa sortie mondiale sur PS5 et PC. A titre de comparaison, des jeux comme Cyberpunk 2077 et Elden Ring avaient eu besoin respectivement de 21 et 24 mois pour franchir le palier des vingt millions d’exemplaires. Seul GTA V avait revendiqué un tel succès en deux semaines. Quels enseignements tirer de ce raz-de-marée ? D’abord il convient de garder la tête froide avec ces chiffres puisqu’il semblerait que 75% des ventes provenaient de la Chine. Néanmoins, cela fait toujours cinq millions de ventes en à peine un mois, ce qui reste un rouleau compresseur.
Deuxièmement, il faut connecter ce succès à la (très) récente ouverture de la Chine au jeu vidéo, ce pays continent ayant longtemps été rétif à la vente de consoles. Ce n’est que depuis 2014 que les inspections des autorités culturelles ont a formellement levé l’interdiction des ventes de consoles sur son territoire. Depuis les années 2000, la Chine adoptait une position défensive en raison des supposés effets négatifs sur la santé mentale des petits chinois. Alors pourquoi changer de braquet aujourd’hui ? Sans doute car la Chine a révisé sa position pour ouvrir le monde à la culture chinoise et mobiliser son soft power comme les Américains l’ont toujours fait jusqu’ici.
Le succès de Wukong devrait à mon sens inquiéter les Américains mais pas seulement. Autant le marché japonais se porte bien, autant Microsoft est clairement à la traîne pour être poli et il n’est plus interdit d’imaginer que le géant américain redevienne un nain en quittant la course aux consoles. Quant aux éditeurs japonais qui domptent le marché artistiquement et en termes de ventes, ils devraient également s’interroger. Dans le secteur des films de l’animation par exemple, c’est du côté de la Chine qu’il faut se tourner pour voir les nouvelles tendances les plus ambitieuses comme ce fut le cas pour le génial Le Royaume des Abysses (lire notre critique) ou pour L’orage dont on vous proposera prochainement une interview de son réalisateur Zhigang Yang.
Reste à voir si cette ouverture sur le marché rime aussi avec une levée de pieds sur la censure chinoise qu’on sait d’une main de fer. Sur ce point, il va sans dire qu’on est plus que sceptique. Il suffit de voir les conditions restrictives délirantes des interviews d’auteurs chinois qu’on a pu réaliser à Annecy. Pour l’heure, les annonces de jeux très prometteurs se multiplient comme Wuchang ou Phantom Blade Zero. Le succès du free to play Genshin Impact annonçait sans doute la couleur en 2020. Les jeux coréens se multiplient également comme Stellar Blade (lire notre critique). D’une manière générale, n’est-ce pas une simple conséquence de ce qu’on observe aussi à l’international, à savoir un déplacement du « centre du monde » vers l’Asie laissant l’Occident à la traîne ? Pour le joueur, ce sera sans peut-être l’occasion de sortir du prisme manichéen et ses sempiternels ennemis russes, chinois et arabes à chaque Call Of Duty. La bataille de l’hégémonie culturelle ne fait que commencer…
QUELLE EST TA DÉCEPTION DE L'ANNÉE ?
J'ai déserté Helldivers II...
Provenance : Suède | Développeur / Editeur : Arrowhed Game Studio / Sony | Date de sortie : 8 février 2024 | Critique à lire ici
J’avais commencé sur les chapeaux de roue, à sauter tel un cabri entre les mandibules acérés de ces insectoïdes. Helldivers II avait même réussi à me réconcilier avec le jeu on-line après des années à traquer les chasseurs de primes de Hunt Showdown (lire notre interview). Nerveux, original et impeccable techniquement, Helldivers II coche pourtant toutes les cases pour que vous aussi vous rejoignez le front. Le jeu est un condensé d’action dans la droite ligne de Starship Troopers. Profondément axé sur le gameplay et le team play, les missions s’enchaînent avec régal. Si le plaisir de la découverte a été de taille, j’ai pourtant décroché du jeu sans raison qui vaille. Aussi ma déception de l’année, ce n’est pas Helldivers II à proprement parler mais le fait que j’ai déserté ma mission intergalactique visant à sauver l’humanité. Les récentes mises à jour laissent pourtant présager du meilleur. Arrowhead a été dépassé par son succès que le studio n’avait probablement pas anticipé. Rien que d’écrire ces quelques lignes me donnent envie de m’y remettre pour voir ce que sont devenus mes compagnons de lutte.
QUELS SONT LES 5 JEUX QUE TU RETIENS CETTE ANNÉE ?
Unicorn Overlord
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Vanillaware, Atlus | Date de sortie : 8 mars 2024 | Critique à lire ici
Le royaume de Cornia est envahi d’entrée de jeu par le général Valmore. En bon putschiste qui se respecte, ce chevalier démoniaque s’auto proclame héritier de l’empire perdu de Zénoïra. Suite à cette invasion éclair, le jeune prince Alain, forcé de quitter ses terres natales et réduit à l’errance devient le fer de lance de la résistance. Objectif : monter une armée et reprendre le pouvoir pour venger les siens tombés au combat. Unicorn Overlord m’aura possédé 80 heures en une dizaine de jours…. Pour toutes ses qualités et malgré son académisme question narration, Unicorn Overlord peut se hisser sans rougir parmi les meilleurs tacticals de l’année et même du média.
Alors que Vanillaware avait annoncé des difficultés financières lors du développement, les récents chiffres de ventes sont très encourageants pour le studio. Beau, exigeant, riche et dense, le dernier Vanillaware a tout pour séduire les férus de tacticals. Profondément addictif, le jeu repose sur des mécaniques rodées et intelligentes. Ce sentiment grandiose est porté par l’intelligence du gamedesign. Tout est grandeur nature. Chaque bataille est à taille réelle sur la carte du monde qui gagne ainsi en cohérence. C’est simple, on n’a jamais l’impression d’être dans des maisons de poupées comme c’est souvent le cas dans les tacticals. Un jeu à soutenir pour un studio extraordinaire et assurément mon jeu de l’année !
Kunitsu-Gami: Path of the Goddess
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Capcom | Date de sortie : 1 juillet 2024 | Critique à lire ici
Kunitsu-Gami talonne Unicorn Overlod dans ma sélection de l’année. Mariage improbable entre le Tower Defense et le Beat Them All, le tout saupoudré d’une pointe de de stratégie, Kunitsu-Gami opte pour un gameplay original, où il faut mener une danseuse vénérée vers la porte Torii de fin de niveau avant la tombée de la nuit, où les monstres viennent attaquer notre convoi. Développé par la Division 1 de Capcom, le jeu s’inspire d’une danse cérémonielle séculaire, le kagura qui signifie « divertir les dieux » en japonais et où les masques occupent une place centrale.
Résolument axé sur l’expérimentation, la liberté et l’apprentissage par l’erreur, le jeu est une expérience à part entière et un plaisir de chaque instant. Porté par une direction artistique enchanteresse et un souci du détail qui force le respect, Kunitsu-Gami a bénéficié d’un développement à taille humaine avec une dimension artisanale hors du temps pour une production de ce type, ce qui force là-aussi le respect. On vous invite vivement à l’essayer pour vous imprégner de son univers atypique et son gameplay hors des sentiers battus.
Frostpunk 2
Provenance : Pologne| Développeur / Editeur : 11 bit Studios | Date de sortie : 20 septembre 2024 | Critique à lire ici
Dernière simulation fascistoïde de 11 bit Studio, Frostpunk 2 est un jeu de gestion exigeant et radical à l’ère glaciaire, qui va plus loin encore que son prédécesseur avec un virage politique plus affirmé. Il nous faudra cette fois-ci gérer les différentes factions et chercher à louvoyer pour orienter les votes en Assemblée plénière, de quoi faire passer notre Assemblée nationale aujourd’hui ingouvernable pour un jeu d’enfants. La tentation du pouvoir frise vite le coup d’Etat et le jeu laisse la part belle à l’expérimentation et le dilemme permanent. Un vrai coup de cœur captivant qui nous fait explorer l’Etendue, ce vaste territoire à coloniser qui donne une dimension macroscopique à la gestion, à l’instar de Civilisation. Brillant, addictif et malin. A consommer sans modération pour se préparer au fascisme.
The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Grezzo / Nintendo | Date de sortie : 23 septembre 2024 | Critique à lire ici
38 ans : c’est le temps qu’il aura fallu à Zelda pour avoir droit à son premier jeu en tant qu’héroïne. Pour sa première aventure solo, The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom hisse la barre très haut et n’a pas à rougir de sa prestation. Généreux, le jeu opte pour une approche différente et qui laisse libre court à l’inventivité, décidément le dénominateur commun de cette cuvée 2024. Le système d’échos nous fait collectionner de façon boulimique les monstres de l’univers pour résoudre des puzzles inspirés ou pour mieux les retourner contre les leurs.
Malgré des concessions techniques qui font un peu tâche pour une production Nintendo de cet acabit, Grezzo tient une belle alternative aux aventures de l’Hylien à la tunique verte. On craignait une zeldaxploitation, on tient au contraire un jeu qui fourmille d’idées sans jamais tomber dans le recyclage. Pardonnez-nous Nintendo d’avoir douté, Grezzo peut se targuer d’avoir réalisé l’un des meilleurs jeux Switch du catalogue.
Indika
Provenance : Russie | Développeur / Editeur : Odd Meter / 11 bit studios | Date de sortie : 2 mai 2024 | Critique à lire ici
Brulot antireligieux ou réflexion profonde sur la vanité de la foi, telle est la question qui taraude le joueur en quête de sens face à un monde en décrépitude. Une chose est sûre, ce n’est pas le patriarche de l’Eglise orthodoxe qui donnera l’onction sainte aux développeurs d’Odd Meter. Fidèle du Kremlin et porte-voix de sa croisade contre les valeurs dites occidentales (donc sataniques), l’Eglise russe a déjà choisi son camp. Ecrit avec justesse, Indika est une proposition brillante qu’on n’aurait cruellement envie de mettre entre les mains d’un cul béni pour le voir se liquéfier face à l’impasse du religieux. Expérience expresse qui s’achève en quatre heures chrono, l’aventure est courte mais maîtrisée de bout en bout.
Dans le registre des bonnes actions bien réelles, elles, les développeurs d’Indika proposent d’ailleurs de reverser une partie des fonds aux enfants ukrainiens victimes de la fameuse « opération militaire spéciale » qui ne dit pas son nom. Rattrapés par le conflit, c’est depuis le Kazakhstan que les développeurs ont pu achever leur œuvre. Cachez-moi cette guerre que je ne saurais voir et dont on lit les traces indélébiles derrière les paysages désolés et personnages mutilés d’Indika. Le jeu d’Odd Meter démontre avec panache que la croyance ne tient qu’à un fil et que la religion n’existe que quand on renonce à se poser les bonnes questions. La messe est dite et on espère voir d’autres productions russes aussi engagées dans les années à venir.
QUEL EST TON PLAISIR COUPABLE ?
Dragon’s Dogma 2
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Capcom | Date de sortie : 22 mars 2024 | Critique à lire ici
Dans la logique de la célèbre mention du plaisir coupable, deux expériences ludiques y ont une place toute trouvée. D’abord le retour de Dragon’s Dogma ne s’est pas fait sans accroc. Ode au voyage et à l’exploration, le jeu tirait son épingle du jeu dans le cercle très prisé des open world. Pourtant le jeu échouait lamentablement sur ce qu’il y a de plus facile et qui excelle sur ce qui est d’habitude bien dur à atteindre. Au lancement, lorsque j’ai découvert le titre de Capcom, les quêtes principales étaient bloquées et bugées jusqu’à la moelle à un niveau que je n’avais jamais vu de mon expérience de joueur.
Et pourtant, j’ai pris un plaisir fou à explorer cette nature sauvage, si proche de ressentir les émotions d’un marcheur catapulté au milieu du désert. J’ai pris Dragon’s Dogma 2 tel qu’il est : un voyage introspectif, une flamboyante balade sauvage, un défi contre soi-même porté par la seule force de volonté du voyageur. Je m’étais fixé un seul objectif : abattre le dragon qui m’avait défié. Je l’ai relevé. Dragon’s Dogma 2 est une expérience résolument anarchique mais ô combien entière. Un jeu qui tranche dans le paysage si consensuel des open world téléguidés. Pour peu que vous soyez prêts à lui pardonner ses défauts bien réels et que vous vous permettiez de s’affranchir de ses règles, Dragon’s Dogma 2 est à sa manière un jeu étape pour l’open world à la japonaise.
Dodonpachi Resurrection
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Cave / Live Wire | Date de sortie : 25 novembre 2021 | Critique à lire ici
Second candidat tout trouvé au plaisir coupable, Dodonpachi Resurrection m’a fait embrasser le sous-genre du daioujou, plus connu sous le nom révélateur de manic shooter. J’ai plongé dans le scoring à en saigner des yeux. Mais quel merveilleuse expérience arcade pour doloriste aguerri. Je le dis et le redis, le Bullet Hell, c’est la vie. Je rêve encore de ses écrans saturés de boulettes multicolores comme une toile de Pollock sous acides. Ces moments de grâce où on surfe entre des vagues d’ennemis pour se frayer un chemin en haut de l’écran, au plus proche de la mort.
Ce n’est pas une gifle qu’on se prend au départ mais une correction, un vrai tabassage en règle duquel on ressort cabossé comme jamais. Pourtant une fois qu’on a ramassé nos chicots et qu’on a pansé nos blessures des restes de notre orgueil, on a la rage de l’acharné, revers de l’échec. La rage qui nous promet d’effleurer les portes de la résurrection, les rivières de miel, les milles vierges et tout le barda. Doux Jésus, Dodonpachi est comme une pizza qui sort du four. On est incapable d’attendre qu’elle ne refroidisse si bien qu’on se brûle le palet de douleur mais qu’on continue à la manger sans hésiter. Du masochisme pur et dur. Je vous laisse apprécier mon gameplay ci-dessus si vous avez encore des doutes.
QUELLES SONT TES ATTENTES POUR 2025 ?
Comme j’en ai assez de dire que j’attends Hollow Knight Silksong dont le silence est inquiétant (est-ce que les développeurs australiens sont encore en vie ?), je commencerais par m’enquérir d’un des meilleurs studios first party de Big N. Qu’est-ce que mijote Retro Studios depuis si longtemps ? A quoi ressemblera le prochain jeu de Masahiro Sakurai, auteur perfectionniste et acharné qui a révélé tranquillement que toutes les vidéos publiées sur sa chaîne YouTube avaient été enregistrées il y a plus de deux ans et demi, le toute réalisé sur son temps libre pour la bagatelle de 90 millions de yens (près de 600 000 dollars) sans qu’il ne cherche à en tirer le moindre centime. Un investissement purement destiné à inspirer et guider les créateurs. Mes respects Sakurai San ! J’attends également avec impatience le prochain jeu de Shinji Mikami qui n’en finit plus de renaître de ses cendres, de fermeture de studio en studio.
Je brûle aussi d’impatience pour découvrir Doom The Dark Ages et j’espère de tout cœur que le passage de Bethesda sous le giron Microsoft ne lui sera pas préjudiciable. J’avoue être inquiet mais le talent du studio et le côté régressif de ce nouveau Doomslayer médiéval m’emballe tout particulièrement.
The Alters vient également d’être repoussé à 2025. Semblerait-il que le studio à l’origine de jeux cruels du point de vue des civils comme This War Of Mine ou encore Frostpunk ait lui aussi dû se séparer d’une partie de ses talents artistiques. Cruelle tragédie qui essore les hommes. Je croise les doigts pour que cela n’affecte pas cette nouvelle simulation terriblement originale où vous devrez collaborer et cohabiter avec vous-même pour espérer subsister sur une planète hostile.
Récemment annoncé, The Heretic Prophet attise ma curiosité. Naughty Dog semble revenir à un jeu au ton plus léger, mais je n’en doute pas, avec la même qualité d’écriture. Après des années à travailler sur une licence postapocalyptique comme The Last Of Us, j’imagine que cela leur fera du bien, même si – secret de Polichinelle – la partie trois du jeu est certainement déjà en pré-production. Plus que GTA VI dont les campagnes sympathiques ne m’ont jamais véritablement embarqué contrairement à Red Dead Redemption, j’attends tout particulièrement le prochain Mafia sobrement intitulé The Old Country et dont le premier trailer m’a tout émoustillé.
Sur la scène indé, j’attends Reanimal, le véritable fils spirituel de Little Nightmare (voire nos interview de Tarsier Studio) dont le dernier opus m’avait conquis. Ne vous trompez pas, la licence a aujourd’hui été cédée pour le meilleur et probablement pour le pire. Développé par les réalisateurs originels des deux premiers, Reanimal peut déjà se targuer d’avoir une DA dans la droite lignée des deux précédents jeux. Il me laisse espérer le meilleur, contrairement à Little Devil Inside 3 qui lorgne du côté du multijoueur. Une hérésie pour un jeu d’horreur.
Impossible de ne pas mentionner le prochain projet de Playdead, mon studio de développement préféré à qui l’on doit déjà les chefs d’œuvre Limbo et Inside. Toujours discrets sur leur communication, j’espère qu’ils sauront nous surprendre avec leur prochain jeu. Enfin mon amour de l’arcade me fait vrombir d’impatience pour le prochain jeu du studio The game Kitchen (Blasphemous), j’ai nommé Ninja Gaiden Ragebound. Les premiers extraits de gameplay montrent un jeu nerveux à la 2D léchée. Je signe les yeux fermés. J’attends également Silent Hill f pour voir ce que peut faire les développeurs libérés des originaux, mais est-ce honnête de ma part alors que je n’ai toujours pas touché au remake ? Curieux de voir aussi ce que donnera Little Devil Inside, mon dernier Kickstarter dans tous les sens du terme après des années sans nouvelles. Et la série Devil May Cry me manque, Capcom si tu nous lit ! Et puis évidemment, j’attends la version PC de The Last Of Us Part 2 pour relancer les deux jeux sur mon vidéoprojecteur en 4K avec une fluidité à toute épreuve. Je me réjouis déjà.
TON OST DE ANNÉE ?
Je n’ai pas autant joué que le reste de l’équipe, ça c’est sûr. Mais j’ai tout de même été très sensible au travail réalisé par les équipes de Kunitsu-Gami: Path of the Goddess. Capcom semble leur avoir laissé les coudées franches pour ne pas se limiter à un genre. Sacrée maîtrise et je vous recommande videment de regarder le making-off du jeu pour vous en convaincre.
LA GUERRE MONDIALE GRONDE, SI TU AVAIS UN JEU A EMPORTER DANS TON BUNKER, LEQUEL CHOISIR ?
Cette année, avec mon frère Ummagumma aujourd’hui émigré au Canada, j’ai pu refaire l’un de mes jeux préférés, à jamais gravé dans mon cœur, j’ai nommé Dino Crisis. C’est sans doute sur mon CD et la jaquette de PS1 que j’embarquerais dans mon bunker. C’est sur lui que je jetterais mon dévolu car c’est l’un de mes tous premiers jeux découverts quand je ne devais pas avoir plus de sept ans. Malgré les années, le titre de Shinji Mikami, avant-gardiste et précurseur de Resident Evil 3, n’a pas pris une ride. C’est ma madeleine de Proust.
Un univers dans lequel je plonge la tête la première, comme envouté par ces musiques d’hôpital du Crétacé. Oui, ça ne veut rien dire mais paumé sur une île, nul doute que je serais vite rattrapé par la folie. Le cas échéant, j’opterais pour Donkey Kong Jungle Beat histoire de taper du conga jusqu’au petit matin et battre mes records de jeunesse d’un jeu de plateforme injustement mésestimé. Ça risque peut-être de devenir fatiguant à la longue il est vrai, d’autant plus avec la caisse de résonnance du bunker. Bon… sinon ce sera Retunal pour me préparer au purgatoire dans toutes les configurations possibles. Après tout, pourquoi vivre sous Terre. La mort ne paie rien pour attendre.
Bilan de Neomantis
TON REGARD SUR LE MONDE DU JEU VIDÉO EN 2024
Des AAA en panne d'inspiration ?
La crise dans laquelle se trouve l’industrie vidéoludique est un cancer. Une protubérance qui ne cesse de se développer, particulièrement au sein des plus grosses entités sur le marché. Malgré une domination effective dans le paysage vidéoludique, l’essoufflement est évident. À mon sens, ce sont là les symptômes apparents de cette tumeur qui les ronge. Le cerveau des décisionnaires divague et ne voit plus que des billets à amasser, des chiffres à grossir. La maladie appelle à se gaver. Toujours plus d’argents investis avec l’espoir d’engranger toujours plus de profit. Des jeux toujours plus longs, plus grands, plus beaux. Pas nécessairement meilleur du point de vue vidéoludique, car cette boulimie excessive conduit, inévitablement, à négliger des aspects du game design. Des éditeurs aveuglés et qui sont capables de museler de talentueuses équipes, en refusant toute créativité, toute tentative de nouveauté ou d’amélioration.
Il en résulte des studios qui dominent le paysage vidéoludique grâce à leurs AAA formatés, en panne créative évidente. Finalement, à quelques rares exceptions près, tout n’est que copie, de copie, de copie… Et je ne m’étendrai pas sur l’infantilisation aberrante de ces mastodontes. Rappelons seulement, qu’il fut un temps pas si lointain, où les enfants de 8 ans étaient capables de faire des quarts de cercle dans Street Fighter 2. Ils pouvaient venir à bout d’un Pokemon Rouge, d’un Crash Bandicoot ou d’un Tomb Raider (ceux de l’époque), à force de détermination. Mais continuons de mettre de la peinture jaune sur une échelle, en plus d’indicateurs futiles à l’écran, et ce dans des softs pourtant linéaires.
Une vibe Playstation
Néanmoins, comme je le remarquais déjà l’année passée – vis-à-vis de mes considérations personnelles – mon amour du JV, ainsi que l’espoir que l’industrie se remette en question afin de soigner son cancer, sont renforcés. J’ai passé une très bonne année en tant que joueur et l’année 2025 semble tout aussi prometteuse. Une vibe héritée de l’ère PS1/PS2 se manifeste ci et là, que ce soit via une esthétique ou un gameplay. Une époque qui a forgé mon identité et mes goûts, mais tout aussi mémorable pour l’industrie dans sa globalité. Et ce n’est pas parce que c’était forcément mieux avant. Il existe des formules, le Metroidvania par exemple, des licences aussi comme Devil May Cry – pour le gameplay et l’écriture en tout cas –, ou bien GTA, qui sont devenues meilleures avec le temps. Mais, peut-être, y a-t-il encore trop de jeux et de concepts donnant l’impression de régresser. Du moins, de stagner, de ne pas parvenir à totalement faire mieux.
Ces années marquantes pour l’industrie ne distillaient pas que des grandes réussites, il y avait son lot de ratés. Cependant, il émanait de tous les types de studio, petits comme grands, le désir, semble-t-il, de créer un bon jeu avant tout. Et cela suffisait amplement. Une période d’émulsion créative, d’euphorie et d’expérimentations. Revoir des oeuvres se réclamant de cette période faste me réconforte. Cela me réconforte, car je n’ai plus peur de me retrouver à relancer inlassablement les mêmes jeux qui vieillissent, faute de trouver beaucoup de titres du même acabit depuis une décennie. Parce que dépenser du temps dans des expériences sans réelle saveur, trop vite oubliées, j’ai du mal à le supporter.
QUELLE EST TA DÉCEPTION DE L'ANNÉE ?
Dragon Ball : Sparking ! Zero
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Spike Chunsoft / Bandai Namco | Date de sortie : 7 octobre 2024
À l’évidence, même si j’apprécie le jeu et que je m’y amuse quand je le lance, Dragon Ball : Sparking ! Zero demeure une déception. Simplement parce que j’avais des attentes qui n’ont pas été suffisamment comblées. Il y a des points qui me plaisent et me parlent, il y a une recette d’époque fidèlement retranscrite, aussi. Sur la marchandise, Bandai n’a pas trahi ses promesses. Si ce n’est qu’en grattant un peu, on découvre beaucoup de vernis et un jeu qui convainc moins que ces illustres prédécesseurs à divers niveaux. L’échec du mode histoire reste pour moi un problème important, de même que les soucis de traduction qui font mal aux yeux. En fait, le problème de cet opus, c’est surtout de l’avoir érigé en tant qu’incroyable jeu et de l’avoir autant soutenu sans un minimum d’esprit critique. Parce qu’il était possible de faire mieux, largement mieux. Un très bon retour de la formule Budokai Tenkaichi, mais qui n’atteint pas l’excellence pourtant à porter de mains.
Bien entendu, l’éternel souci du financement des adaptations et des temps de développement problématiques pour les équipes créatives sont à prendre en compte. Seulement, voilà, la crainte, c’est de se retrouver face à une franchise devenant comme celle de Game Freak. Une pompe à fric, certes – sans mauvais jeu de mots – mais qui, qualitativement parlant, ne cesse de rétropédaler depuis au moins 10 ans. Plus qu’une formule qui n’évolue pas, c’est une formule qui se délite et se laisse aller. J’ai décroché de Pokémon, à mon grand regret. C’était ça, ou devenir un réceptacle de frustration. Préservons au moins Dragon Ball, même si depuis DB Super, sans parler de la mort du maître, des choses se sont déjà perdues. Quoi qu’il en soit, j’attends mieux de la licence, à fortiori sur une expérience vidéoludique davantage centrée sur le solo. A ce titre, Kakarot décevait déjà pas mal, en partie par manque d’ambition.
QUELS SONT LES 5 JEUX QUE TU RETIENS CETTE ANNÉE ?
Je n’ai pas fait Like A Dragon : Infinite Wealth pour le moment, ni pu tenter l’expérience Children of Sun. Deux jeux que je devais mentionner car, potentiellement, se trouveraient là. De ce à quoi j’ai pu jouer, les 300 heures sur Tekken 8 m’obligent à le placer. Un titre plutôt excellent, parfait pour les nouveaux venus. En revanche, en tant que fan de la première heure – Tekken 2 en réalité – et possédant un niveau de jeu décent, je le considère autant comme le soft de la franchise le plus aboutit sur la technique, logique, mais aussi dans son gameplay. En effet, la licence n’avait encore jamais atteint une telle profondeur et une telle richesse de jeu.
Cependant, je le considère aussi comme moins bon que l’épisode 5, et un peu moins intéressant que le 7 sur la philosophie de jeu prônée. La franchise a quand même changé, la direction était prise depuis le discutable 6ᵉ volet, sauf que certaines choses n’avaient pas à être là pour vendre. Même si le genre en a furieusement besoin. L’absence d’un concurrent sur le ring de la 3D contraint Tekken à piocher dans les jeux de combat 2D pour se dénaturer, en partie. Dans le but d’évoluer sans se reposer sur ses acquis. Il y a aussi toute une réflexion sur l’accessibilité des jeux de combat, débat compliqué. D’ailleurs, selon moi, T8 prouve que c’est assez absurde. Au risque de se répéter, hier comme aujourd’hui, des enfants exécutent des hadoken à la manette ou au stick arcade. Sans dormir sur le jeu pour autant.
Stellar Blade est à retenir dans mon catalogue de l’année. J’ai grandi avec les beat em all Devil May Cry et Ninja Gaiden, auxquelles je joue encore souvent. Et, tandis que les souls de FromSowftware, excepté Bloodborne, ne me parlent pas, Elden Ring non plus – des premières heures trop ennuyeuses pour moi –, Stellar Blade m’a aidé à mieux cerner mes problèmes avec la formule dite « souls-like ». Davantage que ce que Nioh avait pu me faire ressentir, d’autant que le soft coréen est bien plus proche d’un Beat’em All que d’un jeu FromSoftware. Je ne vais pas m’attarder, un papier existe. Ensuite, vient le cas Ace Attorney Investigation Collection, lui aussi déjà traité sur le site ici. Que dire de plus donc. On incarne Benjamin Hunter, les intrigues se raccrochent à la trilogie mettant en scène Phoenix Wright, c’est finement écrit et les fulgurances sont notables, notamment sur le second volet. Si vous appréciez la franchise, ce serait un crime de l’ignorer.
Continuons avec Undisputed. Une réussite malheureusement peu relayée, avec le million de copies écoulées en à peine trois mois. Le tout premier jeu du studio Steel City Interactive célèbre la boxe anglaise et témoigne d’un engouement évident d’une portion du public. Loin d’être parfait, Undisputed n’en est pas moins un jeu concocté par des passionnés et dont la simple existence sur le marché fait grand bien aux amoureux du noble art. L’accent mis sur le jeu de jambes en font une évolution significative depuis Fight Night, et le casting généreux de boxeurs et boxeuses actuelles à de quoi faire plaisir. Si le suivi du jeu continue et que les développeurs s’emploient à effectuer les améliorations nécessaires, et il y a un peu de boulot, on pourrait bien avoir un super soft. Ou bien la naissance d’une future licence digne de ce nom. Affaire à suivre.
Slitterhead. Oui, je dois le mentionner pour la proposition atypique. Et peut-être ne connaissez-vous même pas son existence. Ce que j’ai pu dire au sujet de la vibe PS1/PS2, sur cette période, avec les considérations créatives et artistiques mises en avant, tout est là, et dans la prochaine oeuvre retenue. Premier jeu de Bokeh Game Studio, chapeauté par le papa de Silent Hill et Gravity Rush, le bébé se trimballe son lot d’approximations. Pour autant, le travail sur l’ambiance et la reconstitution de la citadelle de Kowloon, sans parler du game design singulier, en font un jeu à la proposition unique et assez radicale. J’ai su assez vite que je ne resterais pas indifférent devant la démarche créative. Je me suis fait grignoter le cerveau. Les ruelles poisseuses et étroites de Kowloon, au même titre que les partitions d’Akira Yamaoka, vont me hanter un long moment. Difficile à recommander, mais terriblement intéressant.
Pour conclure, debout devant le miroir, j’invoque Lorelei and The Laser Eyes. Lorelei and the Laser eyes. Lorelei and the Laser Eyes. Lorelei and the Laser Eyes… Un drôle d’individu apparaît alors et nous demande : « Savez-vous pourquoi les semblables du singe ont besoin de l’art de la magie ? » Peu importe que vous connaissiez ou non la réponse. Achetez-le !
QUEL EST TON PLAISIR COUPABLE ?
J’aime les imperfections d’une oeuvre. Elles sont susceptibles de lui donner de la personnalité et du caractère. En outre, comme esquissé plus tôt, je suis en phase avec mes goûts et mes attentes, la « honte » ne me traverse pas et je me vois mal qualifier une expérience appréciée comme un « plaisir coupable ». Je ne peux m’empêcher d’y voir une connotation négative. Je suppose que des softs aussi bancals qu’Undisputed et Slitterhead se doivent de figurer ici. Malgré mon amour pour ces deux propositions, il va sans dire qu’elles ne s’adressent pas à tout le monde et ne prétendent pas s’imposer comme la meilleure oeuvre du monde..
QUELLES SONT TES ATTENTES POUR 2025 ?
Trop de jeux que j’attends avec impatience. Ce qui est certain, c’est qu’on ne m’enterrera pas avant d’avoir joué à Like A Dragon Pirate Yakuza, Fatal Fury : City of the Wolves, Metal Gear Solid 3 Delta, ni à la MGS Collection – pour MGS 4. Pareil pour Phantom Blade, GTA 6, Spine, Borderlands 4, Mafia et Ninja Gaiden: Ragebound. Mention également pour le retour du Shinobi de Sega, tandis que j’espère des nouvelles de Wuchang, Virtua Fighter 6 et du Penny Blood imaginé par Matsuzo Machida – sorte de fils spirituel de Shadow Hearts. Malgré tous ces noms, .45 Parabellum Bloodhound est sans doute une de mes plus grosses attentes. Obscur soft développé dans l’ombre, sans date de sortie actée, mais s’inspirant fortement de Parasite Eve. Enfin, Children of Sun. Ne pouvant le faire tourner sur mon pauvre PC, je nourris l’espoir de voir débarquer des versions consoles. Je suffoque déjà.
Si je m’écarte un peu des jeux, nous verrons si l’industrie, particulièrement les studios cantonnés aux AAA, se décide enfin à renouer avec le ludisme et la créativité qui font défaut de nos jours. S’ils seront capables de monter le niveau, de faire évoluer le médium au lieu de singer bêtement le cinéma et de courir après la stupide quête du photoréalisme. Au détriment des singularités du médium vidéoludique, notamment sur sa dimension interactive et ses capacités immersives, qui devraient guider un game design. Et puis, dans tout ça, si l’on pouvait tous faire l’effort de mieux s’instruire, de cultiver l’empathie et la remise en question, de ne plus se laisser aller sur les réseaux sociaux comme des enfants émotionnellement instables, peut-être que l’humain, l’industrie du JV aussi, en ressortira grandi.
TON OST DE ANNÉE ?
Parce que les jeux sans musiques sont tout de même rares, petit instant musical. Si je devais retenir qu’une seule OST, ce serait celle de Shin Megami Tensei V : Vengeance. À défaut d’avoir joué au jeu, je me suis malencontreusement retrouvé à entendre quelques notes de musique, et le charme opéra. Une fois l’OST lancée, le voyage pouvait débuter. Un long périple de plusieurs heures. Un voyage auditif si incroyable que les mots me manquent. Encore aujourd’hui, impossible d’exprimer mon ressenti. Nombreuses sont les mélodies qui viennent me hanter la nuit. Je mentionnerai également les musiques de Stellar Blade et celles de Slitterhead qui m’ont accompagné de bien belle manière durant leurs aventures. Et comment oublier Tekken 8 et sa myriade de morceaux de qualité, ou encore Ace Attorney Investigations Collection porté par le talentueux Noriyuki Iwadare.
LA GUERRE MONDIALE GRONDE, SI TU AVAIS UN JEU A EMPORTER DANS TON BUNKER, LEQUEL CHOISIR ?
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Ryū ga Gotoku Studio / Sega | Date de sortie : 25 janvier 2024
Voici le genre de question qui fait ressortir le pire en moi. J’ai du mal à respecter les règles aussi restrictives, même si cela permet d’amener un cadre et d’éviter de citer 300 noms. Je n’en citerais donc qu’une dizaine. Parce que je suis disposé à sacrifier quelques rations et à perdre de précieux kilos au profit de jeux supplémentaires. C’est aussi une bonne excuse pour énumérer des jeux du cœur. Des titres qui nourrissent ma passion pour le médium et m’inspirent d’une façon ou d’une autre. Voici donc une liste « raisonnable » de soft qui, je pense, me permettraient de tenir mentalement, sans me lasser. Une boucle de jeu faisant partie des plus important de ma vie et que je ne compte pas oublier. Devil May Cry 3, Ninja Gaiden 2, la quadrilogie MGS, MK 11, Tekken 5, Shadow Hearts, Pokémon Platine et Soul Reaver, Borderlands 2, Sleeping Dogs, Darkstalkers, Parasite Eve, Bayonetta 2, Astral Chain et un Like A Dragon et Yakuza sans doute…
Bilan d'Ummugumma
TON REGARD SUR LE MONDE DU JEU VIDÉO EN 2024
Si l’on se concentre sur l’industrie du AAA, alors le secteur du JV gros budget apparaît clairement comme étant à la peine. Je pense par exemple à Insomniac Games qui réalise à plusieurs reprises avec ses Spiderman des ventes mirobolantes pour Sony et qui voit une partie non négligeable de son effectif se faire virer à l’approche d’une année fiscale. Nous vous remercions pour votre résilience et le dévouement dont vous avez fait preuve envers notre entreprise et tout le tralalala des remerciements amers dont sont friands les hauts dirigeants des entreprises occidentales, avec un capitalisme avant tout orienté sur les actionnaires et qui diffère un peu du capitalisme plus vieille école encore en vigueur (pour combien de temps ?) au Japon, lequel a d’ailleurs a été beaucoup plus épargné par les licenciements. Le temps de Satoru Iwata qui diminue sa paie lors des tourments financiers que subissait Nintendo à l’époque de la Wii U semble bien loin.
Mais je ne vais pas radoter ce qu’ont si bien explicité mes chères plumes de collègues ci-dessus et ci-dessous. Et puis de toute façon, quand je regarde ma liste des jeux que j’ai terminés en 2024 (40 jeux, tout de même !), je remarque bien que ce ne sont pas les productions gros budget qui m’ont fait le plus vibrer. En effet, dès lors que l’on détourne notre loupe des gargantuas de l’industrie, c’est l’émerveillement qui prime avec une offre créative indépendante plus vigoureuse et originale que jamais.
Quand je repense à tout ce que ces jeux au budget serré ou de calibre AA m’ont fait ressentir, je me dis vraiment que c’est sur ces offres que repose l’avenir du jeu vidéo, et non sur quelques pixels en plus sur le slip de Spidey. Attention, je ne dis pas que les AAA devraient disparaître, seulement qu’un palier graphique semble avoir été atteint et qu’il serait de bon temps de se poser la question de la viabilité financière d’un tel modernisme. Qui dit temps de développement plus long dit prise de risque créative bien moindre, les titres comme Alan Wake 2 étant l’exception plutôt que la règle…
Pour conclure, si je devais résumer en deux mots l’industrie aujourd’hui bicéphale du JV en 2024, je dirais « malade » pour celle du AAA et « plus inventive que jamais » (oui c’est 4 mots) pour la scène indépendante.
QUELLE EST TA DÉCEPTION DE L'ANNÉE ?
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Ryū ga Gotoku Studio / Sega | Date de sortie : 25 janvier 2024
S’il y a bien un jeu qui m’a déçu cette année au point de le laisser tomber après une bonne trentaine d’heures, c’est le dernier Yakuza, à savoir Like A Dragon : Infinite Wealth. Je pense que j’ai eu ma dose, pas de cet univers, oh que non, mais de cette constante soumission au grind et au farm, au point de m’avoir dé-goû-té du nouveau système RPG instauré par l’excellent Like a Dragon.
À dire vrai, j’ai trouvé que Infinite Wealth était bien plus faible que son prédécesseur à tous les niveaux. On patauge dans la Yakuzaxploitation jusqu’au cou. Les personnages archétypaux sont désormais caricaturaux, l’histoire traîne en longueur et s’avère beaucoup moins touchante et… DOUX JÉSUS ce grind par pitié je n’en POUVAIS PLUS de constamment aborder tous les combats de la même façon ou presque. Ces combats répétitifs, capables de lobotomiser un détenu à Guantanamo à eux tout seuls, constituaient la seule façon d’accumuler suffisamment d’expérience pour être capable de vaincre un énième boss-sac-à-PV dans un combat pas stratégique pour un sou.
Après avoir fait Yakuza 0, Kiwami, Kiwami 2, Yakuza 6 et Like a Dragon, je suis au regret d’écrire que Yakuza, pour moi, c’est fini : et dire que Kamurocho était la ville de mon premier amour. Je ne t’oublierai jamais, Kiryu !
QUELS SONT LES 5 JEUX QUE TU RETIENS CETTE ANNÉE ?
Pacific Drive
Provenance : USA | Développeur / Editeur : Ironwood Studios / Kepler Interactive | Date de sortie : 21 février 2024
Au moment d’écrire ces lignes me frappe l’évidence. Pacific Drive est clairement mon jeu de l’année. On y incarne un quidam bloqué dans une immense zone radioactive, et qui va devoir créer un portail pour s’échapper au volant de sa voiture. Le hic ? La zone est infestée d’aberrations et autres phénomènes physiques qui vous en veulent soit à vous soit à votre véhicule. Pour vous échapper, il faudra donc récolter des ressources dans la Zone et tuner votre tas de ferraille dans un garage, le seul lieu paisible du jeu, à l’image de la salle de sauvegarde des premiers Resident Evil. L’objectif étant de rendre votre bolide plus résistant aux différents monstres et phénomènes électromagnétiques que vous croiserez sur votre route.
Chaque excursion est source de stress et se planifie minutieusement sur une carte. Dans Pacific Drive, on passe son temps à courir ou conduire comme un dératé, car la montre joue systématiquement en notre défaveur et la mort est tout le temps à nos trousses. En effet, passé un certain niveau d’instabilité, une tempête géante se déclenche façon battle royale et nous force à conduire à toute allure vers un portail de téléportation qui nous ramènera au garage. Alors que je roule à toute berzingue entre les arbres qui se décomposent et que la musique, grandiose, monte en intensité, je flippe. Je crains de perdre tout mon loot et de me faire désintégrer par la tempête avant d’avoir atteint le portail. Pas de checkpoint pendant les missions messieurs dames : c’est votre vie et, squelette rogue lite oblige, une partie de votre progression qui sont en jeu.
Autour de moi, tout brûle, s’envole ou se fêle ; des pierres surgissent du sol et m’envoient flirter avec la cime des arbres à plusieurs mètres de hauteur. J’enclenche alors le turbo que je viens d’installer il y a à peine quelques heures. Le véhicule retombe avec fracas en envoyant valdinguer un pneu et en fracassant le pare-brise. La batterie est presque à plat et le moteur gémit, mais il faut y croire. Je réalise soudain que je patine dans la boue : horreur, les pneus sont crevés. Vite ! J’ouvre tellement rapidement le coffre que je me le prends en pleine poire. Je me saisis du pneu de secours que j’avais crafté au cas où. Toujours être prêt dans Pacific Drive. Le vent souffle à présent tellement fort que la voiture commence à se déplacer latéralement, vite reprendre le volant à tout prix, maintenant ! Au prix d’une ultime accélération et tandis que les portières se disloquent, je finis finalement à atteindre le téléporteur. Tel le Doc dans Retour vers le Futur, je traverse le portail qui me ramène dans le silence du garage, seulement perturbé par un orage qui gronde au loin.
Mon cœur bat à toute allure, tellement que je le sens vibrer dans ma poitrine. Mes mains sont toutes moites et je réalise que je n’ai pas cligné des yeux depuis ce qui m’a semblé une éternité. Ma bagnole est ruinée et n’est plus que l’ombre d’elle-même. J’ai du pain sur la planche, mais j’ai réussi, cette fois-ci en tout cas. À noter par ailleurs que le jeu est graphiquement somptueux et paré de magnifiques effets de lumière, parmi les plus beaux que j’ai pu voir.
Quittez femme et enfants et jouez à Pacific Drive.
Elden Ring : Shadow of the Erdtree
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : FromSoftware / Bandai Namco | Date de sortie : 20 juin 2024
Comment ça un DLC dans ce Top 5 éminemment subjectif des meilleurs JV 2024 ? Eh oui, cette extension a eu le mérite de me réconcilier avec Elden Ring, dont la proposition avait peiné à me convaincre comparé à ses illustres prédécesseurs. J’avais surtout été déçu par le level design, bien plus faible et moins labyrinthique que dans les précédents From Software, la faute à une structure open world qui privilégiait les espaces ouverts aux environnements et dédales plus confinés des précédentes productions. La faute également à la présence d’une carte, qui jurait avec la géographie mentale que devait produire chaque joueur jusqu’alors.
Shadow of the Erdtree a su répondre à presque toutes mes frustrations en livrant peut-être le meilleur level design jamais conçu par le studio depuis Dark Souls. Je me suis perdu souvent, je me suis creusé la tête à fixer la carte pendant de longs moments pour essayer de percer les secrets de son relief. Je me suis planté un nombre incalculable de fois pour toujours réessayer et ne jamais abandonner, allant de découverte en surprise (en raclée aussi !) jusqu’à finalement atteindre le boss final de cette épopée majestueuse qui aurait pu être un jeu standalone à elle toute seule. Une véritable claque.
Nine Sols
Provenance : Taïwan| Développeur / Editeur : Red Candle Games | Date de sortie : 26 novembre 2024 | Critique à venir
J’aime quand les jeux érigent des murs de difficulté d’apparence insurmontable devant moi. Avec son level design très réussi, son style graphique BD magnifique, son OST sublime à la Nier Automata et sa difficulté corsée qui donne envie de toujours plus se surpasser, Nine Sols, que je suis sur le point de finir au cours des prochains jours, fait une entrée fracassante dans ce top. Un metroidvania pour masochistes : que demande le peuple ?
Indika
Provenance : Russie | Développeur / Editeur : Odd Meter / 11 bit studios | Date de sortie : 2 mai 2024 | Critique à lire ici
Comment ne pas citer Indika, qui interroge sur l’absurdité de la religion, les motivations égoïstes qui motivent souvent la foi en Dieu, la guerre, le sexisme ou encore les pulsions sexuelles, le tout avec un humour mêlé de noirceur que je n’avais jamais vu ailleurs, encore moins dans le JV. Une perle insolente et absolument unique à découvrir d’urgence.
Children of the Sun
Provenance : Allemagne | Développeur / Editeur : René Rother / Devolver | Date de sortie : 1 février 2024
En seconde position sur mon podium personnel du plaisir jouissif 2024 section « ARMES À FEU », juste après « tirer avec des armes de la Seconde guerre mondiale dans le boisé d’un armurier libertarien du New Hampshire » ? J’ai nommé Children of the Sun ! On y incarne une sniper dotée d’une capacité plutôt spéciale qui aurait permis dans le monde réel de ne pas manquer Trump en juillet dernier : elle a seulement besoin de tirer une fois et sa balle est capable de toucher plusieurs cibles. En découle un puzzle d’une violence cradoc sourde qui pousse le joueur à choisir le meilleur itinéraire meurtrier pour son bout de plomb, chaque meurtre nous permettant de le réorienter. Vraiment un excellent jeu doté d’une aura grunge qui rappelle le film Mandy et qui a trop peu fait parler de lui.
Et les autres...
On a dit Top 5, c’est vrai, mais je suis aussi obligé de citer en vrac les excellents point n’ click Midnight Scene : A Safe Place, An English Haunting, The Rise of the Golden Idol et Home Safety Hotline. Également les survival horror Still Wakes the Deep et Conscript, ou le tower defense mâtiné de beat them all Kunitsu-Gami. Je citerais enfin le magnifique CRPG old school Skald : Against the Black Priory et le joussif very-fast-FPS Mullet MadJack.
À noter que j’ai pas encore eu le temps de faire les jeux suivants, que je compte bien rattraper dans les prochains mois avant d’attaquer les sorties de 2025 : 10 Dead Doves, Animal Well, Indiana Jones and the Great Circle, Mouthwashing, STALKER 2 et Threshold. Qui sait, l’un d’eux aurait peut-être pu se hisser dans mon classement.
QUEL EST TON PLAISIR COUPABLE ?
J’aime les nanars horrifiques de Supermassive Games et The Casting of Frank Stone m’a fait passer deux belles soirées. Que voulez-vous ? Je suis un homme simple. Donnez-moi des jumpscares, une réalisation cheap, des embranchements scénaristiques en veux-tu en voilà, une histoire rocambolesque et des animations faciales datées et cela suffit à me faire passer un bon moment. The Casting of Frank Stone est-il objectivement un bon jeu d’horreur ? Pas vraiment non, mais il m’a fait rire malgré lui à des dizaines de reprises en plus de me happer dans son scénario qui ferait passer Souviens-toi l’été dernier pour une Palme d’Or à Cannes, et ça, ce n’est pas anodin.
QUELLES SONT TES ATTENTES POUR 2025 ?
Hibernaculum
Hibernaculum est un dungeon crawler horrifique à la croisée des univers de Giger et de Cronenberg. Voilà je pense que je n’ai rien besoin de dire de plus pour justifier mon attente et désormais la vôtre si, comme toute personne de bon goût, vous aimez les êtres décharnés, à la frontière de la mort et parcourus de tuyaux en fusion avec leurs organes.
Project C / Project D
J’attends les deux prochains jeux en FMV de Sam Barlow comme le messie, d’autant plus qu’il signera l’un des deux (à moins qu’il ne s’agisse que d’un seul jeu ?) en collaboration avec Brandon Cronenberg. Presque toutes ses précédentes œuvres, du fondateur Her Story à son apogée, Immortality, étaient révolutionnaires et ont redéfini le jeu en FMV et donc, d’une certaine façon, le cinéma. Je n’attends pas seulement sa plongée dans le registre horrifique avec impatience : je suis surexcité.
Tenebris Somnia
Un survival horror qui mêle prises de vue réelles et esthétique 2D. Au diable les petites lignes, dites-moi où signer !
TON OST DE ANNÉE ?
L’OST chiptune de Skald : Against The Black Priory m’a fait vibrer cette année et je l’ai écoutée plusieurs fois alors que j’étais affairé à mes activités quotidiennes. Chapeau bas à son compositeur pour avoir su restituer le souffle épique d’une épopée, ainsi que l’indicible angoisse d’une atmosphère crépusculaire et lovrecraftienne. J’en partage une piste ci-dessus, pour le plaisir des oreilles. Oh, et jouez-y. Il s’agit par ailleurs de ma claque graphique de l’année, tant la DA est somptueuse.
LA GUERRE MONDIALE GRONDE, SI TU AVAIS UN JEU A EMPORTER DANS TON BUNKER, LEQUEL CHOISIR ?
J’emporterais probablement le fantastique The Long Dark, dont la rejouabilité du mode Survie est infinie et qui me permettrait de combler mes besoins de neige et de forêt tandis que je suis transi dans mon bunker. J’en ai d’ailleurs chanté les louanges ici. À noter que je cacherais aussi une galette de Resident Evil 2 dans mon slip.
Bilan d'Itokiry
TON REGARD SUR LE MONDE DU JEU VIDÉO EN 2024
Les licenciements dans le jeu vidéo, une hémorragie comme une autre
Si j’ai choisi, il y a quelques années, de m’écarter définitivement de tout réseau social, dont je trouve les techniques de prédation absolument abominables notamment dans le but de nous faire perdre un temps fou dans du vent, c’est avant toute chose parce que l’actualité ne m’intéresse pas. Ainsi, je serais bien incapable de me lancer dans une analyse de ce qui s’est passé cette année au travers du prisme des événements qui l’ont pavé. Licenciements, fermetures de studios, grogne à l’encontre de tel ou tel mastodonte de l’industrie… non seulement je n’en sais rien, mais en plus je m’en tamponne le coquillard. Tous les domaines souffrent, celui dans lequel je bosse aussi, ainsi va la vie, et ce n’est pas parce que l’un utilise mieux les médias à sa disposition pour le faire savoir qu’il est plus à plaindre que les autres. Bien entendu, quelques maigres infos ont réussi à traverser mon opaque filtre à mauvaises ondes, et rien ne semblait aller dans le monde du jeu vidéo. Encore une fois, j’ai probablement sauvé mon moral, et peut-être plus généralement ma santé mentale.
Le survival horror à l'honneur
Ce que je sais en revanche, c’est qu’après avoir sérieusement envisagé de délaisser le jeu vidéo en 2022, 2023 m’a remis sur de bons rails avec ses pépites incroyables, et 2024 continue sur la même lancée. Après le remake de Resident Evil 4 l’an passé, cette année j’ai découvert celui de Silent Hill 2, que j’ai dévoré en quelques jours, chanceux que j’étais de l’avoir quelques semaines en avance. Bien que je sois un brin déçu de l’absence de la petite extension dédiée à Maria, exclusive à la version Director’s Cut du jeu d’origine, ou du trop-plein de monstres à abattre dans la campagne, j’ai néanmoins une confiance désormais aveugle dans le travail de la Bloober Team, que je ne portais pourtant pas dans mon cœur avant cela. Espérons que Konami fasse les bons choix pour l’avenir de sa série tout juste revenue d’entre les morts. Un remake du premier ou du troisième volet me semble tout indiqué maintenant !
Et puis bien sûr, 2024 c’était l’année des insectes géants. Helldivers II, petit bonbon survitaminé pour lequel j’ai non seulement acheté une PlayStation 5, mais en plus prolongé de deux semaines une période de chômage prévue pour me remettre des fêtes de fin d’année, m’a conquis. Et l’annonce de l’arrivée imminente de Earth Defense Force 6 hors archipel nippon m’a rempli d’une joie indéfinissable. Si je pense que ce n’était pas particulièrement indiqué de sortir Earth Defense Force : World Brother 2 seulement huit semaines après ce nouveau classique du shooter débile et décomplexé, je ne peux assurément pas me plaindre de cet étrange calendrier de parutions. Dommage qu’après cela j’ai été pas mal déçu par Starship Troopers : Exterminations. De sérieux arguments, oui, mais trop de problèmes pour me plaire… on essaiera à nouveau dans quelques mois, en espérant que les mises à jour aient corrigé le tir pour de bon.
Une année MaGnifique ?
Et puis, 2024 c’est aussi mon arrivée dans les colonnes de MaG, et la réouverture de mon backlog. Trop de sorties tuent les sorties, après dix mois à enchaîner les tests et les nouveautés, j’ai fini par lâcher du leste, et me recentrer sur les titres qui me font du bien (Vanquish et DOOM par exemple) ainsi que la quantité de jeux que j’ai de côté. Mon compte Steam me regardait de travers, de toute façon, quand je passais en coup de vent pour une partie de Yu-Gi-Oh! Master Duel sans même prêter attention à toutes les pépites indépendantes qui s’entassaient dans ma bibliothèque. J’ai ainsi pu rattraper mon retard sur des titres assez incroyables comme Hades, Faster Than Light, Hollow Knight… Que de pépites. Moi qui ne portais pas le Rogue-like (ou lite) dans mon cœur, me voilà désormais accro à Balatro aussi… Bon, sacrée année, espérons que la prochaine sera moins velue, parce que j’ai définitivement besoin d’une pause, notamment pour me remettre sérieusement à Yu-Gi-Oh! et Magic dans la vraie vie. Ça ne ressemble pas à un ressenti dites vous ?
QUELLE EST TA DÉCEPTION DE L'ANNÉE ?
Si je ne devais en retenir qu’une, ce serait sans hésiter Alone in the Dark (voire noter interview de Mikael Hedberg). Cette série, je l’aime par procuration, la connaissant sans la connaître, y ayant surtout joué très jeune à une époque où la découverte de Resident Evil m’assoiffait de découvertes horrifiques… J’étais prêt à tout pour ce reboot qui s’annonçait inspiré, dont j’aimais déjà l’ambiance visuelle et musicale avant sa sortie. Et puis la première prise en mains s’est révélée catastrophique. Bugs en tous genres, ralentissements, gameplay lourd, environnements tantôt très agréables à l’oeil, tantôt parfaitement oubliables, combats abominables et scénario très décevant sur la durée… Que retenir de cette expérience qui semble rater tout ce qu’elle entreprend, sinon que Alone in the Dark est définitivement condamné à demeurer un bon souvenir ? Le précurseur du Survival Horror est mort.
Mais je tiens tout de même à aborder un sujet qui a fait couler trop peu d’encre à mon goût : la sortie d’un jeu Stargate sous-titré Timekeepers. Un jeu de stratégie en temps réel mettant l’emphase sur l’infiltration de zones remplies d’ennemis. Concept qui, déjà sur le papier, ne me semble pas bien vendeur, et fonctionne assez peu avec l’ambiance de la série, du film, ou même du roman tant qu’on y est. Et je dois avouer m’y être lancé plein d’espoir, avant de déchanter si vite que j’ai bien failli abandonner avant d’en boucler la première partie. Oui, le jeu a l’audace de sortir en deux morceaux… Qui aura attendu la parution du second ? Excellente question, à laquelle je ne trouve qu’une réponse : des fanatiques frustrés de l’absence totale de jeux Stargate dans le paysage vidéoludique, incapables de refréner leurs pulsions étranges. Quelque part je les comprends, et je les envie un peu aussi. Mais pour ma part, je rangerai Stargate Timekeeper à la place qui lui revient de droit, dans la poubelle la plus proche.
QUELS SONT LES 5 JEUX QUE TU RETIENS CETTE ANNÉE ?
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Ryū ga Gotoku Studio / Sega | Date de sortie : 25 janvier 2024
J’ai déjà abordé Silent Hill 2 plus haut, trop impatient de parler de ce nouveau chef d’œuvre pour attendre plus longtemps, idem pour Helldivers II et Earth Defense Force… Alors qui reste-t-il ? Like a Dragon : Infinite Wealth, pour commencer, que j’attendais de pied ferme et que j’ai dévoré, comme chaque fois qu’un nouvel opus débarque. Touchant, diablement bien écrit, addictif… un jeu sur lequel j’aurais aimé revenir, mais SEGA et Ryu ga Gotoku semblent décidés à accélérer leur rythme de sorties dans le seul but de m’en empêcher. Je ne peux pas passer à côté de Kunitsu Gami : Path of the Goddess non plus, véritable bouffée d’air frais qui m’a personnellement rendu très nostalgique de l’ère PS2. Ce qui tombe plutôt bien, puisque Star Wars : Battlefront et sa suite revenaient dans une version remasterisée, avec des serveurs actifs, pour mon plus grand plaisir. RIP in peace ma vie sociale…
Provenance : USA | Développeur / Editeur : Angel Matrix / Annapurna | Date de sortie : 25 janvier 2024 | Critique à lire ici
Et puis ce n’est peut-être pas un jeu de 2024, mais je ne peux pas m’empêcher de parler de Neon White, assurément le meilleur produit vidéoludique auquel j’ai touché ces deux ou trois dernières années. Oui, ça sort tout de suite les grands mots, et croyez moi j’ai essayé de ne pas aborder le sujet pour rester dans le thème… mais bon Dieu, quel jeu ! Impossible de décrocher une fois embarqué dans son ambiance singulière. Et ce gameplay hybride, entre plateformer et First Person Shooter, Deck Building et Speedrun… que dire hormis qu’on tient là un véritable coup de génie ? Enfin je pense que mon test parle de lui-même de toute façon : je suis aussi conquis qu’on puisse l’être, et je défendrai corps et âme cette expérience que je laisse désormais s’asseoir à la même table que des Vanquish et Pokémon Version Bleue. Autrement dit, ma poignée de jeux favoris que je relance régulièrement.
QUELLES SONT TES ATTENTES POUR 2025 ?
Je serais tenté de dire que je n’attends rien, trop occupé à dévorer mon backlog resté loin de mon regard pendant longtemps… mais ce serait occulter la vérité. Et la vérité, c’est que Metroid Prime 4 m’appelle comme une sirène appelle le marin. Que Like a Dragon : Pirate Yakuza in Hawaï s’annonce immanquable, autant parce qu’il a l’air complètement barré (plus que d’habitude ?) que parce que c’est Goro Majima qui vole la vedette à Kiryu et Ichiban. Que DOOM : The Dark Ages me donne envie de dormir huit mois pour être assez en forme le jour de sa sortie (et surtout pour que le temps passe plus vite). Que Project : Robot m’a déjà conquis, avant même d’avoir vu la moindre parcelle de gameplay, juste parce qu’il me semble impossible que Ueda me déçoive. Que Silent Hill f me donne envie de croire en l’avenir d’une série que j’aime plus que toutes autres. Reste enfin Gears of War: E-Day, que je dévorerai comme tous les autres opus de la franchise, probablement en solo pour commencer, puis en coopération. 2025 s’annonce mémorable.a
TON OST DE ANNÉE ?
Sans hésiter, je dirais Neon White. C’est dynamique, c’est bizarre, c’est étrangement addictif… un peu comme le jeu dont elle est issue quoi. Mais Neon White, c’est pas sorti cette année. Alors si je devais rester dans les clous et citer quelque chose de récent, je partirais sur Silent Hill 2 Remake. Quel plaisir de redécouvrir les morceaux de Yamaoka, étendus et retravaillés par Yamaoka… un délice dont je ne me lasse pas, et qui représenterai presque un autre plaisir coupable !
LA GUERRE MONDIALE GRONDE, SI TU AVAIS UN JEU A EMPORTER DANS TON BUNKER, LEQUEL CHOISIR ?
Provenance : Japon | Développeur / Editeur : Platinum Games / SEGA | Date de sortie : 22 octobre 2010
Il y a trop peu de jeux dont je ne me lasse pas. Alors sans hésiter je dirais Vanquish, même si je suis tenté de prendre un Pokémon, première ou seconde génération… Mais à bien y réfléchir, pourquoi pas Diablo III ? De toute façon, rien ne vaut un bon jeu d’échec, c’est Stefan Zweig qui me l’a appris.
Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.
Résident permanent dans la petite bourgade de Raccoon City et prosélyte du génial Rain World depuis 2017, on l'entend parfois jurer à pleins poumons lorsqu'il perd lamentablement face au singe de Sekiro à un poil de lemming près. En quête d'une 3080 depuis bientôt un an, le malheureux espère une réception de sa commande en 2022 : l'important c'est d'y croire ! Son TOC préféré ? Recenser dans un PDF tous les jeux auxquels il a joué dans sa vie.
Scribe ninja échappé de l’île de Shang Tsung et vivant maintenant sous perfusion de films, il est possible de m'apercevoir sur le dos de Falkor alors que je parcours les mondes imaginaires en quête d’une catharsis ou d’une inspiration. On dit de moi que je suis constamment guidé par les valeurs martiales héritées de ma jeunesse dans le Jiang hu.
Hermite en devenir, depuis longtemps l'esprit égaré dans de vieux livres, j'ai échoué dans ces colonnes dans l'espoir de partager autour de mon monstrueux Backlog, ou à l'occasion de mes grands amours que sont Biohazard et le J-RPG.
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