Brulot antireligieux ou réflexion profonde sur la vanité de la foi, telle est la question qui cogite dans la tête du joueur en quête de sens face à un monde en décrépitude. Une chose est sûre, ce n'est pas le patriarche de l'Eglise orthodoxe qui donnera l'onction sainte aux développeurs d'Odd Meter. Fidèle du Kremlin et porte voix de sa croisade contre les valeurs dites occidentales (donc sataniques), l'Eglise russe a déjà choisi son camp. Ecrit avec justesse, Indika est une proposition brillante qu’on n’aurait cruellement envie de mettre entre les mains d’un cul béni pour le voir se liquéfier face à l’impasse du religieux. Expérience expresse qui s’achève en quatre heures chrono, l'aventure est courte mais maîtrisée de bout en bout. Dans le registre des bonnes actions bien réelles, elles, les développeurs d’Indika proposent d'ailleurs de reverser une partie des fonds aux enfants ukrainiens victimes de la fameuse « opération militaire spéciale » qui ne dit pas son nom. Rattrapés par la conflit, c’est depuis le Kazakhstan que les développeurs ont pu achever leur œuvre. Cachez moi cette guerre que je ne saurais voir et dont on lit les traces indélébiles derrière les paysages désolés et personnages mutilés d'Indika. Le jeu d'Odd Meter démontre avec panache que la croyance ne tient qu’à un fil et que la religion n’existe que quand on renonce à se poser les bonnes questions. La messe est dite et on espère voir d'autres productions russes aussi engagées dans les années à venir.
Pour
- Direction artistique enivrante
- Dispositif narratif ingénieux
- Le bruit des pas dans la neige
- Les expressions d'Indika
- Doublage intégral en russe
- Côté incongru de la progression
- Le mélange 2D / 3D
- Clins d'œils bien sentis
- Système de prières
- Les fonds iront en partie à l'Ukraine
Contre
- Durée de vie éphémère
- Les énigmes à la grue peu inspirées
- Fracture des prières sous-exploitée ?
Qu’est-ce que j’ai aimé ce jeu, et quelle originalité. Il fallait vraiment oser faire un titre qui parle d’un tel sujet, c’est tellement rare dans le jeu vidéo. Il en met vraiment plein la gueule à la religion, mais avec finesse et tout en subtilité.
C’est d’œuvres à l’esprit punk comme celle-ci dont le jeu vidéo narratif a besoin, pas de vitrines UE5 aux dialogues pompeux comme Hellblade 2.
Je viens de télécharger Hellblade, on verra ce que ça donne, j’y vais un peu à reculons mais tout dépendra de l’histoire dans un walking simulator.
Eh bien moi qui joue quasiment pas, ce jeu m’intrigue sacrément! Merci pour le partage 😉