• Testé sur Xbox Series X via la version Xbox 360.
  • Jeu acheté le jour de sa sortie en physique.
  •  Environ 7h de jeu pour cette partie, mais une quantité indéterminée de runs dans les pattes avant cela !
  • Partie lancée en mode Difficile.
  • Screenshots personnels réalisés sur Xbox Series X.

Lorsque Shinji Mikami, père de l’iconique franchise Resident Evil, quitte Capcom avec quelques uns de ses plus talentueux collègues pour monter un studio plus personnel (mais toujours très ambitieux), tous les regards sont tournés vers l’avenir. Un avenir qui peut, au choix, se révéler catastrophique pour ce grand nom du jeu vidéo, ou tout le contraire. Or, à la surprise générale, il s’est avéré que Mikami a pondu quelques uns de ses meilleurs opus une fois extirpé de l’emprise d’un Capcom lui ayant pourtant souvent laissé carte blanche. Parmi ses succès récents, un certain Vanquish, réalisé chez Platinum Games pour une sortie en 2010, et n’ayant plus grand chose à voir avec l’imagerie horrifique qui semblait pourtant coller à la peau du monsieur.

Les robots de l'aube

Dans l’idée de surfer sur l’actualité, j’avais initialement prévu de vous parler cette semaine de Silent Hill, une franchise horrifique que j’affectionne énormément, et sur laquelle il y a beaucoup à dire. Mais si le calendrier s’y prête effectivement à merveille, j’ai néanmoins ressenti le besoin de m’éloigner un temps de l’horreur, après avoir ingurgité à une vitesse folle le meilleur opus de la série, sur PlayStation 2, et son remake dans la foulée. Il me fallait une petite bouffée d’air frais avant de retourner me perdre dans les couloirs sombres et les ruelles embrumées de Silent Hill, et mon exutoire se trouvait dans un boîtier vert clair, beaucoup trop souvent manipulé pour son bien. Vanquish, petit bonbon que j’ai aimé de toute mon âme dès le premier contact, a dès lors revêtu une certaine importance dans mon histoire de joueur, et dans mes habitudes. Non seulement c’est un titre que j’ai dévoré, mais j’y suis par ailleurs revenu une quantité abrutissante de fois, avec en moyenne une à trois runs par an depuis 2010. Ce qui commence à faire beaucoup.

Vanquish

Alors pourquoi autant d’amour et de temps gâché devant un écran, plutôt qu’à faire du vélo ou à courir après un ballon ? C’est simple, jamais aucun jeu avant lui (et rarement après, on y reviendra) n’avait été aussi jouissif ni n’avait réussi à procurer autant de sensations grisantes manette en mains. Il y a bien eu Devil May Cry, tout particulièrement le troisième volet, dont on sent comme une réminiscence dans les joutes de Vanquish. Ou encore Max Payne, et dans une certaine mesure Stranglehold (son lointain cousin arrivé à pied par la Chine). Mais rien de pleinement comparable aux sensations procurées par le titre de Mikami et du jeune studio Platinum Games. Pour le comprendre, le mieux c’est encore de prendre la manette, bien entendu. Parce que sur le papier, Vanquish ressemble à s’y méprendre à tous les autres Third Person Shooter qui ont pullulé sur consoles (et plus rarement sur PC) après la sortie de Resident Evil 4 (toujours par Mikami) et Gears of War.

Deux titres qui ont, pour l’un démocratisé un genre, pour l’autre affiné et assis une recette qui, dès lors, deviendra une véritable référence dans le microcosme du jeu d’action. La liste est longue, et compte autant d’évidences telles que Resident Evil 5, Lost Planet ou Kayne & Lynch ; que de « subtiles » resucées impliquant d’autres genres dans l’équation, comme Mass Effect, Dead Space (lire notre critique) et Avatar : The Game. Sur le papier donc, nous y revenons, Vanquish semble assez proche d’un Fracture ou d’un Inversion, deux titres parfaitement oubliables, qui se sont contentés d’ajouter une mécanique inutile par dessus le Game Design de Gears of War, perdant au passage toute la moelle de la franchise d’Epic. À ceci près que le jeu de Platinum affiche une plastique rutilante, dans le haut du panier technologique et artistique de son époque, lui garantissant par ailleurs, contrairement à beaucoup de ses contemporains grisonnants dès le berceau, de vieillir admirablement bien.

Vanquish
Vanquish, un jeu qui donne envie de mourir jeune !

Oui, Vanquish est beau à se damner, avec ses architectures futuristes nous propulsant droit sur une version fantasmée de L’Anneau Monde de Niven, ou du Rama de Clarke, mais construit par l’homme et placé en orbite terrestre. Avec ses robots qu’il est possible de démembrer aussi, ses explosions du plus bel effet, l’impression de vitesse qu’il nous fait rapidement ressentir, et bien sûr avec l’armure high tech qu’enfile notre protagoniste (et qui n’est pas sans faire écho à Zone of the Enders). Ce soldat badass qui fume clope sur clope juste parce que c’est cool, et qu’être cool ça vaut bien tous les cancers du monde. Avec ça, et malgré sa vivacité, Vanquish est fluide comme pas deux, ne souffre d’aucun ralentissement ou problème technique au cours de son aventure. Petite prouesse, a fortiori pour un titre développé par un aussi jeune studio, ne disposant pas des moyens colossaux d’un Capcom (malgré l’appui de SEGA à l’édition).

Vanquish
" Et il est interdit d'en griller une à bord ! "

L'homme variable

Alors bien sûr, Vanquish a ses défauts, parmi lesquels, et c’est le reproche qui lui a fait le plus de tort à sa sortie, une durée de vie un peu mince, n’excédant pas les sept heures en ligne droite. Et ne cherchez d’ailleurs pas les détours dans son aventure exclusivement linéaire. Vanquish a un objectif clair, et ne s’en écarte jamais : nous tenir éveillés. Chose qu’il réussit fort bien, avec son rythme ahurissant (probablement dangereux si vous souffrez du cÅ“ur) qui ne retombe (façon de parler) que pendant ses sublimes cinématiques, mettant la plupart du temps l’accent sur l’action, les explosions et les balles qui fusent dans tous les coins. On ne se repose que peu dans ce jeu de shoot pas banal. Les seuls vrais moments de calme trouvent leur fugace place entre deux niveaux, quand il est temps de recompter ses billes, recharger ses armes, et se préparer psychologiquement pour ce qui arrive ensuite. Un petit air de DOOM (2016) avant l’heure, avec une surcharge mentale rapidement atteinte dans les modes de difficulté les plus élevés.

Vanquish
Certains pics de difficulté sont irritants, mais d'une certaine façon c'est aussi un moyen de vérifier si vous avez bien assimilé les mécaniques et patterns ennemis appris jusque là.

Transition parfaite sur le challenge dans ce TPS pêchu. Il n’est pas évident de venir à bout de son aventure, et encore moins des défis optionnels qu’il propose à part de la campagne. À une heure où le Cover Shooter, déclinaison issue de Gears of War, fait loi, et où la difficulté ne semble plus qu’un lointain souvenir d’une époque révolue, Vanquish fait revivre les morts douloureuses à répétition. Parce que s’il emprunte bien ses couvertures au sous-genre susnommé, et qu’il ne faudra pas hésiter à en abuser, le titre de Mikami pousse néanmoins le joueur à rester en mouvement. Non seulement les ennemis viendront vite nous débusquer si l’on reste trop longtemps planqué, mais en plus on prend vite des dégâts en se penchant par dessus notre muret pour envoyer quelques salves de balles. C’est ici qu’entre en jeu toute la force et l’originalité de Vanquish. Parce que ce TPS d’apparence banale a en fait pioché dans plusieurs influences, parmi lesquelles Max Payne (encore lui), pour s’offrir un système de jeu qu’il est le seul à proposer sur le marché.

En plus de la classique et inévitable roulade, Sam, notre héros, pourra glisser à toute vitesse sur le sol, grâce à son armure dernier cri. Mais elle lui permettra surtout de rentrer dans un état de Bullet Time (ralentissant l’action pour nous permettre de tirer plus précisément). Système dont on abusera au cours de l’aventure, puisque la vivacité des ennemis ne permet pas toujours de viser précisément. Mais aussi parce que ce ralentissement offre un conséquent avantage en jeu, Vanquish mettant pratiquement en pause les déplacements des adversaires pendant ce temps. Chose qui ne saute pas aux yeux, mais devient rapidement indispensable surtout contre les boss. Vanquish empruntant aussi au Bullet Hell façon Touhou (en plus abordable, heureusement), les deux mécaniques susnommées se révèlent indispensables pour slalomer entre les nombreux projectiles qui nous arrivent dessus en continu. À côté de cela, Sam peut aussi utiliser plusieurs attaques au corps à corps, dépendant de l’arme dont il est équipé, qui peuvent par ailleurs servir à se mouvoir différemment, notamment pour prendre de la hauteur quelques secondes.

Vanquish
La glissade au sol est assurément le move le plus grisant que propose le jeu !

Les possibilités sont nombreuses, et il ne faut pas chercher longtemps sur internet pour s’en rendre compte, puisque chacun y va de son petit tutoriel. Pas besoin de savoir cancel le rechargement de ses armes, ou de piéger le jeu pour gagner du temps de Bullet Time, si votre seul but est de venir à bout de l’aventure. Mais il est cependant très appréciable de constater que la marge de progression dans la compréhension et l’utilisation du gameplay de Vanquish est assez vertigineuse, rappelant là encore ce qui se fait chez Devil May Cry. Comparer la partie d’un novice et celle d’un speedrunner n’a jamais été aussi édifiant. C’est aussi pourquoi l’argument de la durée de vie ne fait guère sens à mes yeux. Puisque Vanquish nous fait évoluer en skill au fil de nos parties, on a tôt fait de monter de nous-mêmes dans les niveaux de difficulté élevés pour se mesurer à un challenge plus corsé et mettre en application tout ce que l’on a précédemment appris. A fortiori dans la mesure où le titre s’arme d’un système de score, qui permet aux plus acharnés de se comparer aux autres joueurs à travers le globe, ou même simplement de viser à s’améliorer partie après partie.

L'amour est un chien de l'enfer

Avec tout cela, Vanquish peut se targuer d’un gameplay jubilatoire, que sa prise en main assez aisée ne met jamais en défaut. Comme dit plus tôt, aucun jeu avant lui n’a été aussi jouissif manette en mains, et ceux qui sont parvenus à égaler son punch par la suite ne sont pas nombreux. On pense évidemment au DOOM de 2016 et sa suite, mais aussi à Rage et aux nouveaux Wolfenstein (ce qui fait beaucoup de jeux de chez Bethesda, en effet). Et même comparé à ceux-là, Vanquish fait un peu figure d’OVNI. D’autant qu’il n’a rien à envier au dynamisme éreintant d’un DOOM Eternal (lire notre critique du DLC) ou d’un Post Void. Bien sûr, après autant d’éloges, on oublierait presque que le titre de Mikami souffre de quelques petits problèmes, parmi lesquels une lisibilité parfois prise en défaut, et quelques sérieux pics de difficulté qui ne font pas du bien par où ils passent. Mais on lui pardonne facilement ces errances, tant il parvient à se renouveler au fil de son aventure qui ne propose pas deux situations similaires, notamment grâce à un Level Design très réfléchi. Là encore, sa faible durée de vie ne pose pas problème, car il n’aurait probablement pas pu tenir son rythme beaucoup plus longtemps.

Vanquish

Autre défaut cité à sa sortie, l’absence de mode online… bon, on ne va pas développer autour des raisons qui font que cet argument est absolument idiot, et plutôt évoquer ce qui aurait réellement pu apporter un plus à cette aventure : du contenu à débloquer. Parce que l’armure de Sam est jubilatoire à utiliser, mais que la jauge de « stamina » est un peu courte, et que l’armement est bien choisi mais un peu rachitique, on n’aurait pas été contre des options pour modifier la première, et la possibilité d’acquérir de nouvelles pétoires. Mais surtout, je pense qu’on était nombreux à chercher un moyen de débloquer l’armure du grand méchant, en 2010, ou du moins une version plus terre à terre, dans le sens le plus littéral. Parce que le voir se mouvoir avec encore plus de grâce que Sam a quelque chose de grisant, mais mène malgré tout à une certaine jalousie, inévitablement. Seules choses à débloquer finalement, un mode de difficulté supplémentaire (et absolument légendaire), ainsi que des défis à lancer via le menu principal. Quelques collectibles sont aussi à trouver dans les niveaux, mais ne servent pas à grand chose de plus qu’à nous pousser à explorer.

Vanquish
Bien que son rôle prête à sourire, il faut reconnaître que l'armure du grand méchant communiste pue la classe.

Enfin, vous l’avez certainement remarqué, Vanquish est un titre qu’il est parfaitement possible de traiter sans aborder son scénario, tant celui-ci est relégué au second plan une fois les premières joutes engagées. Cela étant dit, il ne faut pas bouder ce melting pot d’influences résolument old school, piochant dans des films d’action des années 70 à 90 pour un résultat qui, s’il ne se prend jamais au sérieux, fonctionne néanmoins plutôt bien. Le grand méchant coco, la présidente des États-Unis d’Amérique qui annonce en grande pompe une opération militaire de colossale envergure, des bidasses tous plus braves (et un peu débiles) les uns que les autres, et bien sûr une avalanche de répliques over the top lancées entre deux clopes. Le tout est d’ailleurs soutenu par une VF excellente, qui nous fait retrouver quelques doubleurs de renom tels que Michel Elias (Pumba dans Le Roi Lion), Martial Le Minoux (Roy Mustang dans FMA) et Raphaël Cohen (Nasus dans League of Legends, excusez mes références). La bande son n’est pas en reste, par ailleurs, avec des morceaux électroniques nerveux qui collent parfaitement à l’ambiance et appuient le dynamisme de l’action. Du moins, quand on parvient à l’entendre par dessus les bruits de tirs et d’explosions.

Vanquish, c'est un peu le fils illégitime de Max Payne et de Die Hard 3. Derrière son scénario et sa mise en scène over the top, se cachent un gameplay extrêmement nerveux et une aventure courte qui se déguste sans faim. Boudé à sa sortie en raison de sa durée de vie et de l'absence de mode online, le titre de Mikami et de Platinum Games a néanmoins bien plus à offrir que ce qu'on a voulu nous faire croire. Notamment une véritable marge de progression dans son gameplay, et un challenge qui, bien que parfois assez injuste, offre un excellent répondant à tous ceux qui adhèrent à sa proposition radicale. De là à affirmer qu'il s'agit de l'un des meilleurs jeux d'action jamais paru ? Assurément.

Pour
  • Très agréable à l’œil...
  • … et une technique jamais défaillante
  • Prise en main immédiate...
  • … et gameplay d'une profondeur insoupçonnée
  • Jubilatoire dès les premiers instants
  • Ni trop court, ni trop long
  • Mise en scène et dialogues over the top
  • Doublages en VF excellents
  • Bande son électro qui reste en tête
  • Pas de mode online
Contre
  • Challenge parfois mal dosé
  • Lisibilité parfois prise en défaut
  • Manque peut-être de choses à débloquer

Hermite en devenir, depuis longtemps l'esprit égaré dans de vieux livres, j'ai échoué dans ces colonnes dans l'espoir de partager autour de mon monstrueux Backlog, ou à l'occasion de mes grands amours que sont Biohazard et le J-RPG.

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Ummagumma
25 jours

Quel bonheur de voir un jeu du calibre de Vanquish traité sur le site. Merci!

Je me souviens d’avoir sué sur ce jeu à sa sortie sur 360! J’enchainais les runs sans jamais assouvir ma furie.

Mon seul regret? Je ne suis jamais parvenu à battre le double boss de fin en mode de difficulté God Hard. J’avais pourtant essayé encore et encore, mais j’avais fini par abandonner.

Je pense qu’il s’agit d’une des très très rares fois dans ma vie de joueur où j’ai dû me résoudre à abandonner (ça avait aussi été le cas pour Ikaruga et Metal Slug 3 avec 3 crédits).

Quel jeu en tout cas, un véritable classique du jeu d’action.

KillerSe7ven
Administrateur
20 jours

Vanquish… La vie ! 🫶

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