• Testé sur PC
  • Configuration de test : RTX 4090 + i9-9900K
  • Temps de complétion des quatre épisodes disponibles du mode Histoire : environ 24 heures

Développé et autoédité par les Canadiens de Hinterland Studios, The Long Dark est un jeu de survie à la première personne qui nous met dans les crampons de Will Mackenzie, un pilote de brousse perdu dans le Grand Nord canadien à la suite d’une tempête géomagnétique. Né d’un Kickstarter financé en 2013, le titre a récemment bénéficié d’une mise à jour payante de son mode Survie, intitulée Tales from the Far Territory. Ce coup d’œil se concentre sur les quatre épisodes actuellement disponibles du mode Histoire, nommé Wintermute, dont la sortie du dernier acte est prévue pour la fin 2023.

-60 avec les vents, c'est frette en sacrament

« La vie trouve toujours un chemin », philosophait déjà Ian Malcolm en 1993. « L’eau trouve toujours un chemin », déplorait le plombier en 2015, sans détourner le regard de la cuvette percée de mes toilettes. Le froid, personnifions-le aussi, ne fait pas exception.

Il suffit de repenser à la vague de températures hivernales qui avaient touché le Texas en 2021 pour s’en convaincre. Des centaines de corps frigorifiés avaient alors été retrouvés. Ces malheureuses personnes étaient décédées dans leurs voitures, voire dans leurs lits, encore emmitouflées. En l’espace de quelques heures, leurs maisons et leurs véhicules s’étaient mus en cercueils. Inexorablement, de façon implacable, le froid s’immisce partout.

Une carte des températures (en degrés Farhenheit) du Texas, en février 2021. La moyenne en cette période de l'année se situe habituellement autour des 70° F (21° C)...

Sans source de chaleur à proximité, c’est l’hypothermie qui guette. Les premiers symptômes ne sont pas bien méchants : extrémités bleutées, engourdissement et frissons. Un abri, une camomille et on n’en parle plus. Imaginez-vous à présent perdu en pleine nature sauvage, par -50° C, à l’extrémité Nord de la province québécoise.

« Ô Canada ! Terre de nos aïeux. »

En l’absence de refuge où courir réchauffer vos vieux os, vous commencez à ressentir de la difficulté à parler. Atteint de confusion, vous remarquez que votre respiration s’accélère, de concert avec votre rythme cardiaque. « Un feu, maintenant, vite », songez-vous. À l’horizon, toujours la même plaine glacée, balayée par un vent mordant qui vous dévore les phalanges.

Vous continuez à marcher de longues minutes dans l’espoir de trouver de l’aide, quand soudain une vague de chaleur vous envahit. Épuisé, vous tombez à genoux, le regard perdu dans le lointain. Vous brûlez de l’intérieur, au point de retirer vos vêtements. Votre souffle ralentit, votre cœur aussi. Vous êtes mort.

Une carcasse de chevreuil à moitié gelée, abandonnée par un prédateur.

Ce combat contre le froid, vous le vivrez chaque seconde dans The Long Dark. Que vous soyez perdu dans le blizzard ou en train d’explorer une station électrique abandonnée, cette obsession de vous mettre au chaud ne vous quittera jamais. Il s’agit d’un élément de gameplay à part entière. Ainsi, il incombe au joueur de constamment maintenir sa température corporelle à un niveau suffisamment élevé. Vous n’aurez jamais de cesse d’y penser. Comme dans tout jeu de survie qui se respecte, la faim, la soif et la fatigue sont également des facteurs à surveiller.

Une scène de désolation engendrée par la tempête géomagnétique qui a frappé la région.

P'tit maudit mois de février qui n'en finit pas, je t'aime au fond quand t'es plus là

Le rythme de The Long Dark est lent, voire délicieusement fastidieux. Je me souviens de cette après-midi glaciale durant laquelle mon personnage a traîné une demi-carcasse de chevreuil des kilomètres durant, pour finalement se faire attaquer par des loups à deux pas de sa destination. J’avais été forcé d’abandonner mon magot.

Chaque action exige un calcul. Briser une branche pour en faire du petit bois ? Cinq minutes. Déchirer un rideau pour le convertir en bandage ? Dix minutes. Faire fondre puis bouillir de la neige pour éviter de choper la dysenterie et de recouvrir votre beau campement de diarrhées ? Cinquante minutes. Vous voyez le tableau. Je tremble en me remémorant cette nuit tragique où j’avais choisi de dormir pendant huit heures dans une grange, après m’être fait mordre la jambe par un ours. Mon bon vieux Mackenzie s’était ensuite vidé de son sang dans son sac de couchage, petit ange survivaliste parti trop tôt…

Combien de loups affamés comptez-vous sur cette image ?

Tout se mérite dans The Long Dark. Attendez-vous ainsi à clamer un vif « Hourra ! » à la découverte d’une boîte de pâtée pour chien périmée, dénichée in extremis au milieu de la nuit à la lueur de votre ultime allumette, tandis que vous dévalisiez une cabane abandonnée le ventre vide. Après avoir passé une matinée par -40° C à tenter d’assommer des lapins à coups de pierres, il n’y a pas de petite victoire.

Un des mes campements de fortune : on peut distinguer une réserve de pâtée pour chien en arrière plan.

Une ourse polaire dans l'autobus

Si le récit du mode Histoire, nommé Wintermute, se laisse agréablement suivre, il sert surtout de cadre plus délimité pour les joueurs intimidés par le caractère « infini » du mode Survie, qui se soldera inévitablement par la mort de votre avatar. Il n’empêche que les scénaristes de Hinterland Studio sont parvenus à façonner un feuilleton assez touchant, malgré quelques écueils, à la croisée des influences de la série télévisée Lost – pour le côté fantastique et mystérieux des phénomènes géomagnétiques liés aux aurores boréales – et des œuvres de Jack London, telles que The Call of the Wild, ou To Build a Fire.

Les phénomènes météorologiques du jeu sont impressionnants. Ici, une aurore boréale.

D’une certaine façon, The Long Dark est à l’image de l’hiver canadien : rude et austère, certes, mais grisant au possible. Traverser les immenses régions inhabitées du jeu, c’est se retrouver confronté à la brutalité poétique de l’environnement et à soi-même. Quand les choses tournent mal, on se retrouve à vite devoir combler des besoins impérieux dans l’urgence, sous peine de mourir. Quand tout se passe bien, on profite de quelques instants de répit au coin du feu, à l’abri dans une grotte, tandis que le blizzard fait rage à l’extérieur. Mises bout à bout, ce sont toutes ces petites victoires face à la nature qui font de The Long Dark une expérience inoubliable.

Résident permanent dans la petite bourgade de Raccoon City et prosélyte du génial Rain World depuis 2017, on l'entend parfois jurer à pleins poumons lorsqu'il perd lamentablement face au singe de Sekiro à un poil de lemming près. En quête d'une 3080 depuis bientôt un an, le malheureux espère une réception de sa commande en 2022 : l'important c'est d'y croire ! Son TOC préféré ? Recenser dans un PDF tous les jeux auxquels il a joué dans sa vie.

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KillerSe7ven
Administrateur
1 année

Il m’a toujours fait de l’oeil celui-ci !

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