• Testé sur PS5.
  • Code PS5 transmis par l’éditeur.
  • Fini les deux titres au bout de 40 h de jeu, approximativement.
  • Mode Histoire et mode Automatique testés.
  • Captures maisons.
  • J’ai découvert la trilogie Ace Attorney, centrée sur Phoenix Wright, sur DS à l’époque.

Faut-il encore présenter la licence Ace Attorney ? Les millions de joueurs et joueuses ayant parcouru les aventures du célèbre avocat de la défense, Phoenix Wright, se rappellent sûrement de l’attrait suscité par la série, entre situations loufoques, personnages rocambolesques et OST mémorables. Comment ne pas se souvenir du charismatique procureur Benjamin Hunter ? Un personnage à part et qui aura le droit à ses propres aventures sur la console portable dès 2009, avant qu’une suite ne lui emboîte le pas. Quinze ans plus tard, les barrières linguistiques ne sont plus et, grâce à Ace Attorney Investigations Collection, la duologie centrée autour du procureur peut maintenant être découverte dans la langue de Molière. Un privilège qui ne se refuse pas ! 

Un homme en colère

Petit rappel des faits. Fort de son expérience au sein de Capcom, dont le principal fait d’arme demeure la réalisation de Dino Crisis 2, Shu Takumi se lie d’amitié avec le grand Shinji Mikami qui, très vite, lui donnera l’opportunité de mener à bien son propre projet, la future licence : Ace Attorney. Si Takumi a réalisé et scénarisé les trois premiers opus de la série, initialement pensée comme une trilogie autour de l’avocat, il restera néanmoins au scénario sur le 4ᵉ épisode parut en 2007, Apollo Justice : Ace Attorney, délaissant ainsi la réalisation. C’est cet épisode qui introduira un nouveau personnage et héros.

Ace Attorney Investigations Collection

A partir de ce moment, Shu Takumi va s’écarter de la franchise, ayant terminé de partager ce qu’il avait à raconter, notamment avec Wright, et laissant ses collaborateurs prendre la relève. C’est pourquoi il sera absent du spin-off autour de Benjamin Hunter, déployé en 2008. Le projet est en partie chapeauté par Takeshi Yamazaki, qui officiait déjà sur Apollo Justice, ainsi que par le producteur Motohide Eshiro (connu pour avoir réalisé Onimusha 2 et participé activement au reboot DMC de Ninja Theory) à l’origine de l’idée. Cette dernière germa dans son esprit durant le développement de Trials and Tribulations, opus concluant l’arc Phoenix Wright.

Ace Attorney Investigations Collection

L’itération imaginée par Eshiro et ses collègues se veut différente. Un Ace Attorney oui, mais avec l’appellation « Investigations ». En effet, pour ces spin-off, les équipes ont souhaité changer radicalement de proposition. Loin de penser, initialement, à nous mettre dans la peau du procureur Hunter, l’idée de départ était surtout de créer un jeu d’enquêtes et d’investigations, tout en mettant l’accent sur les environnements. Avant que le choix du héros soit définitivement trouvé. La duologie se départit donc des tribunaux pour nous placer sur le terrain du quotidien où les confrontations verbales seront légions et pas moins intenses et passionnantes à vivre que celles devant les jurés.

Ace Attorney Investigations Collection

Ce qui saute également aux yeux dans cette mouture, c’est la possibilité de se déplacer dans les environnements grâce à la manette. Benjamin Hunter marche et peut interagir avec des éléments précis du décor. L’approche se montre bien moins lourde que celle des opus avec Phoenix Wright qui souffraient des phases de récoltes d’indices s’en rapprochant. A l’évidence, le tout manquait de vie et de dynamisme. En plus de ces réajustements qui rafraîchissent la formule, quelques spécificités de gameplay exclusives viennent s’ajouter.

Vol au-dessus d’un nid de mensonges

Clamons-le haut et fort, oui, la magie opère, Ace Attorney Investigations parvient à retrouver tout ce qui faisait, et fait encore, le charme et la qualité de la licence imaginée par Shu Takumi. Personnages complètements dingues dont on se plaît à découvrir les tics gestuels caricaturaux, quand ce ne sont pas des tics de langages, sans parler de la qualité d’écriture des jeux. Bien que le premier volet ne parvienne aucunement à retrouver la maestria des meilleures enquêtes de Phoenix Wright, on reste sur un ensemble solide.

Ace Attorney Investigations Collection

Le premier volet nous invite à parcourir cinq chapitres formant un tout cohérent, mais non chronologique. L’intrigue globale demeure intéressante, malgré des longueurs évitables et des ellipses que l’on espérait plus présentes. D’autant que le challenge n’est aucunement au rendez-vous, tout est même trop simple, donnant vite l’impression de perdre du temps inutilement. Ainsi, la possibilité de jouer en mode histoire, afin que le jeu déroule son intrigue et joue à votre place pour vous profitez du scénario, n’est pas déconnante. Car ce n’est réellement que lors des confrontations verbales, rappelant les affrontements au tribunal, que l’on s’amuse réellement. Au sens ludique du terme.

Le second épisode corrige à peu près tout ce qui pouvait faire défaut à son prédécesseur. L’histoire se structure toujours en cinq chapitres avec un lien global, cependant les longueurs sont ici moins apparentes. Toujours autant bavard, mais doté d’une galerie de personnages qui s’étoffe sans cesse avec de nouveaux visages appréciables, sans parler des enquêtes en elles-mêmes, plus haletantes, le résultat est à la hauteur des espérances. Surtout que Benjamin Hunter se fait bousculer, les enjeux sont plus grands que ce auxquels avaient pu se confronter Phoenix Wright jusqu’à Trials and Tribulations.

Ace Attorney Investigations Collection

Le premier opus tentait déjà des choses avec une affaire de contrebande mêlant meurtre et kidnapping. La suite parvient à aller plus loin. Sans trop en dire, disons que le postulat de base pourra faire penser au film de Peter Hyams, La Nuit des Juges (1983). De quoi laisser deviner une sombre machination aux répercussions bien réelles et visibles. On sent que les équipes ont eu plus de temps pour se concentrer sur le jeu et l’écriture, vu que le concept et les bases étaient déjà installés. Sachez que les membres du staff se sont réunis dans une chambre d’hôtel pour rédiger le scénario du second volet d’Ace Attorney Investigations, reprenant la méthode couramment utilisée par Akira Kurosawa avec ses scénaristes.

Une Intime Conviction

Une manière de travailler que l’on peut juger atypique, mais offrant un résultat des plus convaincants. Les qualités narratives de la franchise ont grandement participé à sa popularité et son succès, précisément l’écriture des personnages, principaux comme secondaires. Sans déroger à cette excellence, le simple fait d’incarner Benjamin Hunter est un atout considérable pour Ace Attorney Investigations Collection. S’il est possible d’apprécier et de comprendre les deux jeux sans avoir préalablement terminé la trilogie Phoenix Wright, inutile de dire qu’à l’inverse, les connaisseurs seront d’autant plus charmés.

Ace Attorney Investigations Collection

Le célèbre procureur n’était jusqu’alors qu’un rival, un antagoniste redoutable que l’on ne connaissait finalement qu’au travers des confrontations au tribunal, ou par le biais des commérages dans les couloirs et ailleurs. Hunter n’était en réalité qu’une impression, une succession de jugement, bien que l’homme suscite inévitablement un minimum de respect. Parce que son charisme et sa confiance en lui n’ont d’égal que sa dévotion à la justice et à la recherche de la vérité. C’est cela qui guide les faits et gestes du procureur Hunter, une dévotion et une détermination sans faille envers ses valeurs.

Ace Attorney Investigations Collection

Son calme apparent cache un esprit vif et qui turbine sans relâche. Comme chacun sait, Benjamin Hunter est un homme d’esprit, son sens de la logique supérieur à la majorité de la population peuplant l’univers de la franchise – la concurrence n’est d’ailleurs pas rude – lui permet d’etre aussi redoutable dans le débat. Hunter est un boxeur des mots ! Toute la subtilité de ses démonstrations réside dans l’art du mot pour mieux prendre à l’abordage l’esprit d’autrui. Afin de retranscrire au mieux cette personnalité bien moins ostentatoire que les personnages croisés comme Phoenix Wright, son négatif, les studios ont ajusté le gameplay en conséquence.

Ace Attorney Investigations Collection

Outre les habituels duels verbaux où il faudra forcer la cible à parler pour ensuite contredire ses propos avec des preuves préalablement récoltées, ainsi que des instants « puzzle » dans lesquels on se retrouve dans la psyché d’Hunter et où on doit relier des informations ensemble pour faire avancer l’intrigue, le second volet d’Ace Attorney Investigations apporte un atout de taille : le Mind Chess. Comme l’appellation l’indique, il y aura des moments plus stratégiques, dirons-nous, durant lesquels Hunter sera confronté à un individu récalcitrant refusant de parler. La révélation est alors représentée symboliquement par des pièces d’échiquier à détruire avec une phrase pertinente.

Ace attorney Investigations Collection

Le déroulé est simple, il faut choisir de se taire et d’écouter pour saisir l’opportunité de contre attaquer avec une phrase, et ainsi déstabiliser l’opposant. Ces joutes verbales ont le mérite d’amener du renouveau à la formule et au gameplay, tout en faisant sens avec les facultés intellectuelles du procureur, par ailleurs amateur de parties d’échecs. Ce sont aussi des situations sous tension avec une jauge de temps se réduisant au fil de la « partie ». L’intensité, toute relative compte tenu de la facilité du jeu, apporte une valeur ajoutée non négligeable.

La Force de la parole

Du côté des couacs, on notera quelques imprécisions avec les interactions dans le décor, ou encore le fait que les preuves, comme les idées à relier dans l’esprit de Benjamin Hunter, ne peuvent pas fonctionner avec une autre logique que celle prédéfinie par le jeu. Même si deux preuves peuvent théoriquement fonctionner, une seule sera acceptée, la seconde sera comptabilisée comme une erreur. Rien de dramatique, mais il est arrivé qu’une fois ou deux notre logique et celle du jeu ne coïncident pas immédiatement.

Ace Attorney Investigations Collection

Collection oblige, quelques bonus sont de la partie : artworks, musiques, sans compter qu’il est possible de jouer avec les graphismes de l’époque mais, malheureusement, impossible de changer à la volée pour comparer. Ace Attorney Investigations Collection oblige à relancer la partie pour cela. Le charme des pixels de DS est indéniable, mais difficile de passer à coter de la petite refonte graphique plaisante pour les yeux.

Ace Attorney Investigations Collection

Le soft gagne en immersion en proposant une esthétique en haute définition ; ainsi on profite davantage des environnements qui, on le rappelle, étaient depuis le début un des éléments importants sur lesquelles mettre l’emphase avec les spin-off, notamment pour se démarquer de la franchise et son omniprésence au tribunal. On traverse des lieux divers et variés, avec suffisamment de détails pour communiquer ce qu’il faut d’informations aux joueurs, joueuses.

Ace Attorney Investigations Collection

Les PNJ ne sont pas négligés non plus et disposent de brèves boucles gestuelles, souvent un simple mouvement de corps, mais suffisant pour insuffler un peu de vie à l’ensemble. Malgré son appartenance évidente au genre visual novel, les jeux ne semblent jamais statiques ou figés. Enfin, les partitions musicales composées par Noriyuki Iwadare (Grandia) font du très bon boulot. Une fois de plus, le premier volet ne réussit pas à toucher le génie des compositions de la série, mais la suite relève le niveau avec quelques morceaux qui restent en tête des heures après avoir joué.

Fans de la licence, vous ne pouvez pas passer à côté d’Ace Attorney Investigations Collection. Reprenant ce que sait faire de mieux la série, particulièrement en termes d’écriture, la duologie apporte un nouveau souffle grâce à une proposition sensiblement différente. Exit les tribunaux, place aux débats à l’air libre. Pour autant, grâce à un gamedesign intelligemment pensé pour être en adéquation avec la personnalité du procureur Hunter, les jeux nous embarquent pour ne plus nous lâcher. Ne serait-ce que pour le second opus et son apport considérable au lore, pour l’évolution du procureur, le gameplay enrichit, la collection mérite d’être parcourue !

Pour
  • L'écriture (intrigues et personnages)
  • Narration efficace et maîtrisée
  • Les spécificités de gameplay
  • L'humour signature de la licence
  • Refonte visuelle convaincante
  • OST de grande qualité
  • Benjamin Hunter, tout simplement
  • Un second volet parmi les meilleurs de la franchise
Contre
  • Un premier opus qui traîne un peu en longueur
  • L'absence de challenge (particulièrement sur le premier jeu)

Scribe ninja échappé de l’île de Shang Tsung et vivant maintenant sous perfusion de films, il est possible de m'apercevoir sur le dos de Falkor alors que je parcours les mondes imaginaires en quête d’une catharsis ou d’une inspiration. On dit de moi que je suis constamment guidé par les valeurs martiales héritées de ma jeunesse dans le Jiang hu.

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Commentaires sur Inline
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Ummagumma
8 jours

J’avais adoré la trilogie Ace Attorney, je l’avais même refaite sur DS (ou 3DS j’ai un doute) il y a une dizaine d’années. J’ajoute cette nouvelle collection à ma liste!

En revanche, le premier opus de cette Ace Attorney Investigations Collection offrant un bilan plus mitigé, penses-tu que je pourrais attaquer directement le deuxième épisode sans trop manquer de contexte?

Ummagumma
7 jours
Répondr à  Neomantis

Ok je note, merci pour la réponse détaillée!

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