• TestĂ© sur Nintendo Switch.
  • Jeu achetĂ© sur l’eshop.
  • Captures de gameplay maison.
  • Aventure principale finie en un peu moins de dix heures chrono.
  • Il me reste encore Ă  trouver l’accès Ă  quelques niveaux cachĂ©s du monde secret.
  • Humeur du moment : brĂ»le un cierge pour un DLC Ă  la difficultĂ© relevĂ©e. 

Depuis le dernier Super Mario Maker qui avait catapultĂ© la franchise lĂ©gendaire dans le monde infini du Do It Yourself, beaucoup se demandaient ce que le petit artisan pourrait bien concocter. Si le cĂ©lèbre plombier a largement muri depuis ses dĂ©buts en 1985, cette nouvelle aventure emprunte aux franges les plus hallucinĂ©es des Mario 2D et 3D confondus. A presque 40 ans, le plombier moustachu embrasse une nouvelle phase de sa vie en embarquant avec lui Nintendo, enfin enclin Ă  pousser ses licences vers de nouveaux horizons. Big N est-il devenu progressiste avec ses mascottes ?

Overdose au royaume champignon ?

Après la vache maigre de l’époque GBA oĂą seuls des remakes (nĂ©anmoins excellents) des opus Super Nintendo virent le jour, les Mario 2D se feront dĂ©sirer jusqu’à l’épisode DS sobrement intitulĂ© New Super Mario Bros, comme une nouvelle ère lors d’un lancement printanier en 2OO6. Depuis les Ă©pisodes 2D semblaient calquĂ©s et dĂ©clinĂ©s sur le mĂŞme modèle et menaçaient de lasser les fans malgrĂ© leurs qualitĂ©s acadĂ©miques. Cela a durĂ© jusqu’au beau jour oĂą les dĂ©veloppeurs de Nintendo ont fait un – stupĂ©fiant – brainstorming. Pas d’étoiles ou de lunes Ă  collecter cette fois-ci, il faudra dĂ©sormais parcourir les niveaux pour ramasser des graines prodiges et fleurs merveilles pour voir le monde se transformer totalement, comme si Mario Ă©tait pris d’une soudaine remontĂ©e d’acides, revers de la mĂ©daille après 38 ans Ă  manger tous les champis qui passent. Et oui, on ne parle pas assez des risques psychotropiques du mĂ©tier de plombier…

Concept Art issu du brainstorming des développeurs.

Dans une interview accordĂ©e au journal Le Monde, le rĂ©alisateur Shiro Mouri explique comment l’idĂ©e des fleurs merveilles a germé : « PlutĂ´t que de transporter le personnage ailleurs [avec les warp zones], comme on a toujours fait, pourquoi ne pas trouver un moyen de transformer le niveau oĂą l’on se trouve ? […]. J’y ai rĂ©flĂ©chi et je me suis dit qu’à un moment prĂ©cis, nous pourrions dĂ©clencher une modification drastique qui affecte tout le niveau. Â» En proie Ă  un vĂ©ritable trip hallucinĂ©, Mario peut alors se transformer en Ă©trange crĂ©ature ou voir son environnement se mĂ©tamorphoser radicalement. Les sens aiguisĂ©s, les dĂ©cors se parent de couleurs acidulĂ©es, les plantes piranhas se mettent Ă  chanter et tout semble Ă©trange mais familier. Autant d’idĂ©es de gameplay complètement folles qu’on n’aurait jamais imaginĂ©es il y a quelques annĂ©es, mĂŞme dans les Mario Galaxy.

Luigi a toujours rĂŞvĂ© d'ĂŞtre une rockstar !

Dis-leur de mettre leurs putains de chaussures de golf !

On sent combien les Ă©carts du dernier Mario Odyssey ont irriguĂ© le dĂ©veloppement de cet opus 2D. C’est tellement gĂ©nĂ©reux que de nombreuses animations Ă  usage unique ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es pour l’occasion grâce Ă  un nouveau moteur graphique diffĂ©rent de celui des New Super Mario Bros. Cela donne un cĂ´tĂ© cartoon du plus bel effet. Le jeu emprunte aussi au cĂ´tĂ© burlesque des mimiques des hĂ©ros de la saga Mario and Luigi. Mario Wonder puise partout oĂą il peut tout en s’affranchissant de ses interdits originels. Jusqu’à ce jour, le bestiaire des Mario 2D Ă©tait toujours restĂ© très cadenassĂ© sans doute pour ne pas bousculer la lecture de jeu promue par la formule initiale de Shigeru Miyamoto, aujourd’hui davantage cantonnĂ© au rĂ´le plus en retrait de superviseur et conseiller. Le maĂ®tre des horloges de Nintendo n’est plus producteur de la sĂ©rie depuis Super Mario Bros 3 et assure progressivement la relève sur les pièces maĂ®tresses du catalogue Nintendo.

Etre un Gomba libĂ©rĂ©, c'est pas si facile !

Loin des adversaires habituels de la saga, ici c’est radicalement l’inverse, les Gombas sont presque en voie d’extinction tant chaque niveau se renouvelle aussi bien visuellement qu’en termes d’ennemis. Chaque monde a son propre écosystème au-delà des classiques Wiggler, Thwomps, Koopas and co qui auront tout de même droit à des variations marrantes. De nombreux ennemis font du roller comme le montraient déjà les concept arts du jeu.

Concept Art sur l'idĂ©e des Koopas Ă  rollers !

De nouvelles créatures viennent rejoindre la danse et les sbires du vénérable Bowser pourront vous surprendre par leurs attitudes espiègles. Cerise sur le gâteau, leurs expressions changent quand vous entrez dans leur ligne de mire ou à force de tomber dans les trous. Dépités par la rudesse de la vie, les Gombas ont même des expressions de ras-le-bol. Le souci du détail est ainsi poussé au maximum. Même les décors en arrière-plan sont en mouvement. Sur Switch OLED, le résultat est splendide et on vous recommande vivement de coupler l’expérience à des écouteurs pour profiter de l’incroyable soundtrack et savourer la spatialisation stéréo. Mention spéciale aux passages ombragés où les contrastes sont de toute beauté. 

Diapositive précédente
Diapositive suivante

LĂ  aussi Nintendo semble s’être lâchĂ© et de nouveaux thèmes très rock donnent du punch Ă  l’ensemble. La chanteuse Pauline avait dĂ©jĂ  donnĂ© le ton dans le concert dĂ©lurĂ© de Mario Odyssey et son niveau new-yorkais. Parmi les 2000 pense bĂŞtes et autres documents produits lors du brainstorming, la crĂ©ation audio a Ă©galement occupĂ© une place centrale et bouscule nos habitudes en profondeur. Le directeur audio Koji Kondo parlait lui-mĂŞme de « grand bouleversement Â»

« PlutĂ´t que d'utiliser des sons analogiques au synthĂ©tiseur dans New Super Mario Bros, nous avons choisi des sons d'instruments de musique et de synthĂ©tiseurs afin de proposer un genre musical jamais entendu dans l'histoire de Mario. Â»

Pour comprendre la rĂ©volution Ă  l’Ĺ“uvre dans Super Mario Wonder et dont on sentait dĂ©jĂ  les prĂ©misses dans Odyssey, il faut lire les intentions de Koji Kondo. Le directeur audio a donnĂ© un son distinct Ă  chaque personnage avec des variations selon les actions rĂ©alisĂ©es. Il a mĂŞme intĂ©grĂ© des sons d’instruments dans les effets comme « un ukulĂ©lĂ© fabriquĂ© en Ă©picĂ©a du Japon pour le saut de Mario ». Des instruments Ă  corde accompagnent la course de Mario avec des inserts de sons pour signifier l’élĂ©vation. Disposant d’un dĂ©lai consĂ©quent et d’absence de deadline, chose rare dans un milieu rongĂ© par le crunch, les dĂ©veloppeurs ont eu le souci du dĂ©tail. Koji Kondo ajoute :

« C'est la première fois que le son du saut change en fonction de la façon dont il est rĂ©alisĂ©, un peu comme les diffĂ©rents sons que produit un instrument Ă  cordes en fonction de la force ou de la douceur avec lesquelles on en pince les cordes. Â»

La carte du monde elle aussi est beaucoup plus vivante et interractive.

... Se sentir comme une plume qui vole au gré du vent

Souvent peu bavarde, la saga choisit aujourd’hui d’aller à contrepied de son héritage ; des plantes étranges nous interpellent en arrière-plan avec un doublage intégral dans de nombreuses langues. On vous conseille de jouer en japonais pour le fun. Ces dernières vous encouragent ou lâchent des blagues débiles par moment tout en cadençant notre progression. Et il faut dire que ça fait mouche. Super Mario Wonder n’hésite pas non plus à multiplier les clins d’œil à Mario VS Donkey Kong lors des mini-boss, tout en écrasant le joueur de pièces à gogo façon New Super Mario Bros 2, sans doute le plus mercantile des épisodes 2D ! 

MĂŞme certaines sĂ©quences vues de dessus rappellent des spin-off comme Captain Toad et le passage vidĂ©o ci-dessous renvoie directement  au passĂ© de docteur du plombier avec ces petites pilules que le bougre avale comme des dragibus. (La drogue, c’est mal !) Le jeu semble communiquer (et communier) avec ses prĂ©dĂ©cesseurs tout en installant une complicitĂ© avec les plus vieux joueurs. Pour autant, le titre ne sombre jamais dans l’hommage permanent et Super Mario Wonder sait s’affirmer grâce Ă  une identitĂ© sincère. 

De manière générale, on sent aussi que les développeurs ont voulu donner de la vitesse à l’ensemble. De nombreux passages peuvent rappeler les parties musicales de Rayman Legends. Le titre n’est pas avare en bruitages ; chaque mouvement est immédiatement reconnaissable et l’acoustique varie même selon le lieu visité. En intérieur, un léger écho change le son légendaire des sauts. Un régal qui lie graphismes et gameplay interactif par le sound design. Depuis Mario Odyssey, la palette de mouvements du plombier est toujours plus riche et augure d’incroyables speedruns. Spécificité de cet épisode oblige, outre les transformations classiques avec la fleur de feu, Mario peut cracher des bulles, se transformer en pachyderme ou passer sous terre avec un foret planté sur le crâne.

Mario réhabilite le pin’s

Nintendo a également implanté un système de badges qui permet de choisir des mouvements spéciaux sensés nous aider ou donner du style à votre aventure. Si on vous recommandera vivement de ne pas utiliser ceux trop assistés comme le parachapeau qui vous permet de flotter ou la liane grappin, d’autres apportent beaucoup de dynamisme à l’ensemble. C’est notamment le cas du badge rapidité, du double saut ou encore du saut périlleux arrière. A chacun de moduler son expérience sur mesure. Plus aérien que ces prédécesseurs, Super Mario Wonder se distingue par des détails qui semblent anodins mais qui décuplent le plaisir manette en main. La physique singulière de la franchise se renouvelle aussi par des contrepieds à pleine vitesse, des attaques tournoyantes dans les airs ou la possibilité de préparer un saut périlleux en glissant en fin de course. C’est dingue comme on prend plaisir à prendre des risques juste pour la frime.

2023 oblige, le sauvetage systématique de la princesse Peach semble définitivement révolu. Elle sauvera bientôt ses fesses toute seule dans Princess Peach : Showtime. Seul ou en multi, on pourra d’ailleurs choisir d’incarner la princesse, Mario, Daisy, les Toads et les carotins. Ces derniers ne présenteront aucun intérêt, sauf pour votre oncle Timmy qui n’a jamais touché au jeu vidéo. Blague à part, on se demande à quoi cela sert de mettre de telles options, sauf à détruire toute idée de persévérance chez les plus jeunes, d’autant plus que le jeu est très loin d’être difficile. L’accessibilité à tout prix a bon dos. Et c’est peut-être le seul reproche qu’on pourra faire à ce nouvel épisode : le jeu principal se finit en une petite dizaine d’heures sans temps morts mais l’ensemble est particulièrement facile.

On meurt souvent pour le plaisir du risque dans Super Mario Wonder.

Un jeu trop casual friendly ?

Certains niveaux sont expĂ©ditifs et se terminent une moins d’une minute Ă  peine, comme si les dĂ©veloppeurs avaient voulu qu’on picore l’expĂ©rience. Super Mario Wonder est conçu pour le jeu portable et ne s’en cache pas. Si l’éditeur fut longtemps rĂ©ticent au jeu en ligne, un mode on-line peut encore faciliter l’expĂ©rience avec un système de panneaux Ă  poser pour sauver vos progĂ©nères d’une chute fortuite. Avec 152 niveaux en tout, dont seuls 69 sont Ă  parcourir obligatoirement pour arriver au gĂ©nĂ©rique de fin, le buvard aurait mĂ©ritĂ© d’être davantage chargĂ©. En contrepartie, le fantasque gĂ©nĂ©rique de fin laisse tout de mĂŞme des opportunitĂ©s aux joueurs complĂ©tistes de poursuivre leur collecte des graines prodiges. Dommage que les dĂ©veloppeurs aient Ă©cartĂ© l’idĂ©e de modifier la difficultĂ© en cours de jeu. Un système comme celui de l’excellent Kid Icarus Uprising aurait Ă©tĂ© un excellent compromis pour satisfaire les joueurs de tous bords. Si seulement l’ange ailĂ© de Masahiro Sakurai pouvait avoir droit Ă  un nouvel opus…

Bowser n'a jamais Ă©tĂ© aussi rock'n roll !

Un monde spĂ©cial et de nombreux passages secrets permettent de dĂ©couvrir de nouveaux niveaux autrement plus corsĂ©s, certes, mais rien d’insurmontable comparĂ© aux lost levels des anciens Mario. PensĂ©e Ă©mue pour les niveaux extra extrĂŞmement difficiles de Yoshi’s Island : Super Mario Advance 3, sans doute inĂ©galĂ© en termes de challenge Ă  ce jour. Combien d’échecs amers avant que le petit KillerSe7ven âgĂ© de 11 ans ne triomphe du lointain sadisme des dĂ©veloppeurs ? Comme quoi la difficultĂ© n’est pas affaire d’âge, n’en dĂ©plaise au promoteur de l’assistanat de l’accessibilitĂ©.

Bande-annonce de Super Mario Wonder

Sur la forme, Super Mario Wonder a tout du Mario 2D dont on rêvait depuis des lustres. Avec ce nouvel opus complétement libéré de l’héritage du plombier le plus connu du globe, Nintendo prouve qu’il est parfaitement capable de bousculer les habitudes des joueurs, même avec ses mascottes phares. Après Zelda Breath of the Wild qui renouvelait la franchise, Super Mario Wonder s’inscrit dans cette même optique, où le seul horizon est celui de l’imagination débridée. Chaque niveau égal une idée. Généreux dans sa construction, le titre l’est un peu moins pour sa durée de vie rachitique et son défi limité. Sans lorgner du côté de Kirby, le titre aurait gagné à prolonger l’expérience pour les vétérans. Et pourtant, impossible de ne pas tomber sous le charme de cet épisode grâce à un gameplay d’une fluidité remarquable et une découverte chaque fois renouvelée. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que l’éditeur légendaire propose un DLC ou un second volet à destination des joueurs les plus aguerris. Allez, un petit effort Nintendo et vous arriverez à concilier casual et hardcore gamers ! Avec Super Mario Wonder, on joue une folle partition d’une même symphonie qui a commencé il y a presque quarante ans déjà. Une nouvelle respiration pour la licence et le signe d’un bel avenir. Super Mario Wonder est une nouvelle étape comme l'était Odyssey en son temps.
Pour
  • Graphismes magnifiques
  • FluiditĂ© exemplaire
  • Animations au diapason
  • Gameplay riche
  • Bande-son hyper originale
  • Un niveau une idĂ©e
  • Pas de recyclage
  • Nouveau bestiaire
  • DA psychĂ©dĂ©lique assumĂ©e
  • L'idĂ©e des badges
  • Carte du monde dynamique
  • Choix des personnages
  • Le cĂ´te chantant et dansant
  • Les fleurs qui jasent
  • Le multi foutraque
  • Bowser toujours aussi classe
  • 1080p 60 fps constant en version dockĂ©e
Contre
  • Mini-boss rares et trop faciles
  • Les graines prodiges Ă  acheter
  • Challenge (quasi) inexistant
  • Beaucoup trop court
  • Mode on-line limitĂ© et sous exploitĂ©
  • Les options d'assistĂ©

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.

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[…] les goĂ»ts avec de très grosses pointures comme Baldur’s Gate, Final Fantasy, Zelda, Starfield, Super Mario Wonder, Alan Wake 2 sans compter les formidables remakes de System Shock et Resident Evil 4. Certains […]

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