• Testé sur PC avec une RTX 4070 TI en 3440 X 1440 écran ultra large ou 3840 x 2160 sur vidéoprojecteur 4K HDR. 
  • Codes transmis par l’éditeur.
  • Campagne finie en dix heures en mode vétéran (niveau 3 sur 4) avec ce bon vieux Benoist, partenaire historique de tronçonnage de monstres depuis Gears (2006) !
  • Captures de gameplay et screen maison. 
  • Les Tyranides ont-ils détrôner les locustes au concours de sashimis ?

Cinq ans déjà nous séparent de Gears of War 5, un jeu paresseux qui peine à raviver la flamme de la trilogie originale. Face à l’effondrement larvé d’une licence qui a révolutionné le TPS, Saber Interactive a flairé l’aubaine. Le peuple est en manque de Locustes, donnons-lui des Tyranides ! Clairement inspirée de l’univers testostéroné des figurines de Warhammer 40,000, la saga de ce bon vieux Cliff Bleszinski se voit aujourd’hui renvoyer l’ascenseur ! Et si le dernier né de Saber Interactive avait renversé le roi du TPS ?

Notre critique vidéo bien musclée !

Le rescapé Saber

Si Space Marine 1 avait eu un certain succès de niche en 2011, surtout auprès des fans de l’univers Warhammer, il faudra attendre presque quinze ans pour jouer à sa suite. Précisons que Saber Interactive revient de loin. Très loin même. Le développeur américain a retrouvé son indépendance cette année après avoir été brièvement propriété d’Embracer Group. Petite piqure de rappel pour ceux qui débarquent dans le marché fantastique du jeu vidéo. Véritable tollé général ayant marqué l’année 2023, Embracer avait dû annuler une quinzaine de jeux en développement après s’être séparé de Gearbox Software, cédé à Take Two Interactive pour 460 millions de dollars, et de Saber Interactive qui retrouva son indépendance. Un schéma bien connu du milieu ces dernières années avec des éditeurs qui ont les yeux plus gros que le ventre, achètent en masse des IP et studios puis finissent par plier bagage en laissant sur le carreau des devs dépossédés de leur emploi.

Les effets de particules et l'ambiance sont particulièrement réussis !

On savoure donc tout particulièrement le jeu aujourd’hui et l’intelligence de Focus Entertainment, son nouvel éditeur, qui aura su donner le temps nécessaire aux équipes pour mener leur projet à terme. Avec Benoist, on avait joué pour la première fois à Space Marine 2 à la Gamescom 2023 où l’on avait d’ailleurs interviewé Oliver Hollis-Leick, directeur créatif du titre (voire notre interview). Si le jeu nous avait séduit, son état technique nous avait inquiété à quelques semaines de la sortie annoncée. On se souvient encore du PR qui nous soutenait mordicus que c’étaient les machines du salon qui déraillaient et non la build.

Fort heureusement, le report d’un an nous permet aujourd’hui de profiter d’un jeu impeccable techniquement. Pas une saute de framerate à constater et aucun bug à signaler, là où d’autres jeux comme Cyberpunk (lire notre critique) n’ont pas eu cette chance à leur sortie. Rappelons qu’un report est toujours bénéfique pour le produit fini comme pour éviter de laisser le crunch ronger les équipes. Nos captures maison en attestent, le jeu est de toute beauté ! Space Marine 2 sait mettre en scène son univers. Au loin, on aperçoit parfois des milliers de Tyranides fondre sur nous comme un même organisme vivant. On sent que Saber a fait ses armes avec World War Z (2019), TPS remarqué pour ses vagues de zombies incessantes et son moteur physique « liquide ». Autour de nous, d’autres marines nous assistent avec des rayons lasers alors qu’on se jette dans la mêlée. Question ambiance, Saber a mis le paquet pour nous en mettre plein les mirettes. Même dans le ciel on peut voir des nuées de monstres virevolter comme des étourneaux, le côté bucolique en moins.

Mention spéciale également concernant l’atmosphère sonore et une composition de 29 pistes que ne renierait pas Dune (lire notre dossier). On doit cette OST inspirée au travail de Nima Fakhrara (Detroit : Become HumanResident Evil : Revelations 2) and Steve Molitz (World War ZEvil Dead : The Game). Comme chez Zimmer et Villeneuve, on retrouve une forte composante de tambours, de cuivres et de chœurs d’hommes pour retranscrire l’atmosphère religieuse et tribale de Kadaku et Avarax. Fakhrara a enregistré et échantillonné des centaines de tambours de guerre qui ont ensuite été démultipliés pour donner l’illusion de milliers de batteries tandis que Molitza a travaillé les résonnances surnaturelles à la harpe et aux cordes. 

Des tripes et des Hommes

Question gameplay, si Gears était friand du corps à corps, Space Marine 2 va encore plus loin. Le jeu encourage largement la mêlée avec un système de jauge d’armure qui remonte en éliminant les ennemis dans un court laps de temps après avoir encaissé des dégâts ou en achevant les Tyranides les plus costauds. Un système de parade permet d’étourdir les gros lourdauds ou d’éliminer fissa le menu fretin. C’est toujours grisant quand, au milieu de la bataille, on saisit un xéno pour l’écrabouiller au sol ou le couper en deux. Une fois que les plus gros ennemis ont perdu l’équilibre, on peut d’une simple pression de la gâchette faire un « Gun Strike critic » avec une animation classieuse ! Enfin un pouvoir spécial se recharge progressivement pour faire plus de dégâts et regagner de la vie. Contrairement à Gears, il n’est pas possible de se mettre à couvert et c’est tant mieux. Un Space Marine ne recule devant rien ; pas même la mort pour l’Empereur !

Warhammer 40000 SPACE MARINE 2
Les Hérétiques apportent un peu de fantaisie aux derniers chapitres !

Tout cela donne un joyeux bordel et des giclées généreuses d’hémoglobine à l’écran ! Conscient du manque éventuel de lisibilité, les développeurs ont opté pour des indications de couleurs : un cercle bleu pour les attaques à parer, et rouge pour celles à éviter. Il est heureusement possible de désactiver toutes les options de surbrillance et autres surimpressions du HUD pour les amoureux de l’expérience du style « cul nu avec mon couteau » ! Si le gameplay fait de l’effet en termes de sensations comme de show, cela reste du grand spectacle pas très subtil, même en hard. Reste à voir ce qu’il en est pour le dernier niveau de difficulté que nous n’avons pas encore essayé.

Benoist, le regard perdu vers l'horizon, pense à ce qu'il va manger ce soir après avoir exterminé des légions de Tyranides sanguinaires !

On regrettera que les premiers niveaux adoptent des teintes aussi brunes et un peu de contraste n’aurait pas été de refus même si le champ de bataille donne un effet pictural de toute beauté. Outre le corps-à-corps et ses variantes à l’épée énergétique, à la tronçonneuse ou autre joyeusetés, Space Marine 2 propose un arsenal lourd efficace et varié même si visuellement les armes tendent à toutes se ressembler. Si on n’est pas dans l’originalité la plus folle de ce côté-là, le jeu reste toujours plaisant manette en main, d’autant plus avec la DualSense et ses vibrations inégalables. Ajoutez à cela plusieurs types de grenades et vous avez de quoi faire une belle boucherie !

Un Apéricube goût Tyranides ?

La campagne s’achève en une dizaine d’heures à peine, sans climax majeur même si on vous avouera qu’on n’a rien compris au scénario. Sauf à considérer que vous ayez un doctorat de l’Imperium, le jeu use et abuse du vocabulaire propre à la franchise. Et c’est tant mieux pour les fans de la licence qui devraient se régaler, un peu moins pour les incultes que nous sommes. Ce n’est pas tous les jours qu’on le dit (et heureusement) mais jouer des fachistes dans un univers aussi outrancier et exagérément viril a quelque chose de régressif et profondément débile. Avec ces essaims inarrêtables, le jeu lorgne aussi du côté de Starship Troopers, la critique en moins. C’est du même ordre que Wolfenstein mais du mauvais côté cette fois-ci, même si on préfèrera toujours occire du nazi ! Difficile de lire véritablement les enjeux de l’histoire pour le novice pour autant. La narration est on ne peut plus classique et les aller retours entre la base et le champ de bataille avec le traditionnel passage par l’ascenseur ne débordent pas d’originalité. Il y a encore du chemin à parcourir pour raconter une histoire digne de ce nom.

Warhammer 40000 SPACE MARINE 2
Une journée ordinaire chez les Space Marines !

Impossible également de ne pas parler du level design, grand abonné absent. Ne cherchez pas quelconque inspiration ludique, le jeu ne fait aucun effort de ce côté-là et c’est dommage. Heureusement quelques niveaux apportent un peu de verticalité avec le jetpack qui nous permet de fondre sur nos ennemis ! Ce manque de profondeur ne nous fait cependant jamais souffrir de lassitude du fait de la faible durée de vie de la campagne. Il est parfois préférable d’être conscient de ses failles plutôt que de rallonger inutilement la durée de vie. Les boss restent sympathiques, surtout celui sauce Predator (lire notre test technique), mais rien de mémorable pour autant. Le bestiaire n’encourage malheureusement pas à changer d’approche. Zigouiller des Hérétiques ou des Tyranides ne change pas foncièrement la donne. En outre, pour donner un peu de sel à son histoire, Space Marine 2 peut se targuer d’avoir de splendides CGI. Un choix artistique rétro qui découpe un peu trop les niveaux par tronçons au regard des cinématiques au moteur du jeu, standard résolument plus moderne, même si les fans devraient encore une fois être aux anges.

Une des rares séquences sauce Iron Man, superbe... mais trop courte !

Simple.Basique.

S’il fallait comparer le jeu à son modèle, Gears faisait preuve de plus d’originalité dans son level design comme ses situations, même si ce n’est pas le même budget. Quand bien même Microsoft noie toujours le poisson quand il s’agit de parler de gros sous, le PDG d’Epic avait quant à lui glissé lors d’une interview que Gears of War Judgement (2013) avait eu un développement qui aurait coûté 60 millions de dollars pour 100 millions de revenus annoncées. Le budget du cinquième opus reste en revanche inconnu du bataillon… Bonne nouvelle pour le prétendant au titre de roi du TPS, Space Marine 2, lui, a réalisé le meilleur démarrage de l’histoire des jeux Warhammer, et le titre de Saber a franchi le cap des 2 millions de ventes en 24 heures à peine et… 4,5 millions de joueurs depuis mi-octobre ! Un succès atteint alors que le jeu aurait bénéficié d’un budget deux fois plus petit que celui de l’illustre Doom Eternal

Warhammer 40000 SPACE MARINE 2
Un Tyranide saignant s'il vous plaît ! Et que ça saute !

Bref, amis des chiffres, Space Marine 2 est devenu le jeu vidéo Warhammer le plus joué sur Steam, détrônant Total War: Warhammer 3 et son pic de 166 754 joueurs simultanés. Nul doute que cela devrait donner des idées à Saber pour son troisième opus ! En tout cas, une chose est sûre, on a besoin d’éditeurs comme Focus qui permettent à des jeux triple I d’exister pour s’opposer à des jeux triple A souvent terriblement fades. Space Marine 2 s’ajoute à la longue liste de jeux originaux estampillés Focus : Banishers, Atlas Fallen, Aliens Dark Descent, Atomic Heart, A Plague Tale, Evil West, Chants of Senaar, The Surge 2, Dordogne et bien d’autres encore. 

Pas toujours facile de savoir qui démembre qui...

Avec ses modes PVP et PVE qui permettent de rejouer des batailles entre amis avec un système de classes sympathique, Space Marine 2 devrait donner de quoi manger aux amateurs de la franchise. Pour l’heure, le choix des classes et leurs aptitudes m’a semblé sous-exploité surtout dans une optique de long terme. Seul l’avenir nous dira maintenant si le contenu saura se renouveler avec la saison 2 déjà annoncée en fanfare pour la fin de l’année. Dans ce nouveau trailer, le studio évoque un mode de Difficulté Mortelle et « l’Opération PVE Termination, où les joueurs devront affronter le terrifiant Bio-Titan Hiérophante, l’une des plus grandes menaces de la Ruche Tyranide ». On ne serait pas complètement étonné que Saber cherche à s’inspirer de la formule Helldivers 2  (lire notre critique). Wait and see comme on dit dans le milieu car pour l’heure le contenu reste un peu chiche pour 70 euros plein pot. 

Trailer de Warhammer 40,000: Space Marine 2

Fins limiers des TPS et adeptes des jeux d’action, réjouissez-vous, Warhammer 40,000 est une très bonne pioche respectueuse de l’univers de la saga. Si le titre de Saber n’a pas encore gagné la guerre contre le mastodonte Gears, il remporte une première bataille en insufflant un vent de fraicheur à un genre en déshérence. Dynamique et jouissif, le jeu jouit d’idées sympathiques éparpillées dans une campagne expéditive qu’on parcourt sans temps mort jusqu’à trois joueurs. Un régal même si on aurait adoré avoir du split-screen ! Sur bien des aspects, Space Marine 2 profite du manque de concurrents. Là où les clones de Gears étaient légion dans les années 2006, jouer à un TPS multi de cet acabit et dans ce type d’univers est devenu rare presque vingt ans plus tard, de quoi raviver de lointains souvenirs de parties endiablées. Pas très subtil mais foutrement spectaculaire, le jeu en met plein les yeux malgré un contenu réduit au lancement et qu’on espère augmenté régulièrement pour faire honneur à sa communauté de joueurs fidèles à l’Empereur. Saber peut sabrer le champagne suite au succès du jeu et il ne nous reste plus qu’à espérer que ces bénéfices servent à un troisième opus plus ambitieux en termes de profondeur et d’écriture. Après un cinquième opus en demi-teinte, les jours de Gears of War sont-ils comptés ?

Pour
  • Direction artistique superbe
  • Graphismes léchés
  • OST tribale excellente
  • CGI de bonne facture
  • Mise en scène soignée
  • Gameplay simple et viscéral
  • Fluidité du personnage
  • Corps-à-corps musclé et grisant
  • Le respect des fans
  • Les vibrations à la DualSense
  • Le mode multi à trois
  • Les essaims d'ennemis impressionnants
  • Le marteau et le jetpack !
  • HUD à la carte
Contre
  • Manque de variété
  • Durée de vie faiblarde pour prix gonflé
  • Gameplay sous-exploité
  • Level design pauvre
  • Murs invisibles à l'ancienne
  • Pas de split screen !
  • Aller-retours au vaisseau mère
  • Narration pantouflarde
  • Modes secondaires limités pour le moment

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.

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