Chacun conviendra que 2021 était une année « compliquée » à tous les niveaux. Alors que l’actualité mondiale n’a jamais autant nourri l’envie de partir vivre en ermite dans la forêt avec sa Switch, le jeu vidéo a joué un rôle de valeur refuge, en donnant du réconfort et en offrant un abri virtuel contre notre monde morose et bien réel. Quoi de plus exaltant en effet que d’explorer des mondes imaginaires en solitaire alors que nous sommes tristement confinés ? Quoi de plus remoralisant que de pouvoir rire avec des amis en multijoueur tandis que tous les lieux de socialisation sont fermés ? Les membres de la section JV de MaG dressent leur bilan de l’année 2021, et en profitent pour vous souhaiter une belle année 2022 !

Bilan de KillerSe7ven

Quel est ton rapport actuel au jeu-vidéo ?

Quand je repense à mes premiers pas dans le jeu vidéo alors que j’arnaquais mes camarades de classe pour leur soutirer des cartes Pokemon rares contre du menu fretin (« ce ratata brille exclusivement les soirs de pleine lune, croix de bras, croix de fer, si je mens je vais en enfer ») et qu’en même temps je baignais déjà dans des univers tartinés de gerbes de sang comme Dino Crisis, Parasite Eve 2 ou la quadrilogie Resident Evil, je me dis qu’en plus d’une carrière précoce d’escroc aguerri, j’ai sans doute commencé par de sacrées pépites qui ne pourraient plus forcément exister aujourd’hui. Ce n’étais pas seulement des jeux gores mais surtout des mondes teintés d’un background particulièrement glauque, du commissaire Brian Irons de Resident Evil 2 à la vocation ratée de taxidermiste aux mitochondries de l’héroïne de Parasite Eve.

Parasite Eve 2, première rencontre avec un mutant au sourire d'ange...

Ne parlons pas davantage d’un contrôle parental quasi inexistant lors de mon enfance, sinon limité à formuler un argumentaire suffisamment développé pour démontrer à ma mère que le petiot savait à quoi s‘attendre avant de regarder son frangin exploser la tête d’un zombie d’une chevrotine 15. Il fallait faire preuve d’intelligence, d’économie et l’exploration y avait largement la part belle. Le chant du cygne du 20ème siècle, les années 1990, se clôturaient pour moi par de formidables essais qui ne verraient finalement jamais d’autres équivalents. J’attendais tout frétillant que mon frère se fasse dévorer par un Thérézinos ou que Nemesis transforme la cervelle de Jill en guacamole maison, impatients de découvrir de nouvelles animations ou de déceler un comportement inédit d’ennemis autrement plus intelligents que la majorité des pantins rencontrés dans les FPS modernes. Ces campagnes guerrières maquillent bien souvent leur coquille vide par des artifices graphiques ou de mise en scène empruntés à la crème du cinéma popcorn écervelé. Société du spectacle permanent, il ne manquerait plus que le joueur doive y mettre du sien pour avancer.

Ce bon vieux Nemesis aimait tant jouer à cache-cache ! Dommage qu'il soit plus farouche dans son remake !

De mes premiers pseudos, de Wesker à K7, c’est sans doute Nemesis qui m’a bercé très tôt dans les bras de Capcom. Il était si farceur, à surgir de derrière une poubelle ou à vociférer derrière les portes des salles de sauvegarde. A l’époque j’imaginais déjà que ces univers étaient le prélude à combien d’autres expériences radicales à venir. J’entrevoyais des échappées ludiques imprévisibles, une IA toujours plus surprenante et nécessitant une adaptation constante de la part du joueur. J’ai attendu. Les numéros se sont succédé derrière des séries phares, alors que de son côté Nintendo s’enlisait dans la paresse. On ne compte plus les E3 à attendre le prochain Retro Studios, un F-Zero ou une nouvelle licence de l’acabit de toutes celles initiées par l’ère Gamecube. Combien de shows à regarder le compteur pour finir par l’annonce d’un énième Wii music, Switch Sport Hoop la Hoop édition pour vendre des accessoires littéralement en carton ? Combien de trailers millimétrés comme du papier à musique et qui se clonent les uns les autres pour un final sans surprise ?

F-zero
Le prochain F-Zero prévu pour le COVID-39 d'après QAnon, plus fort que Jason Schreier !

J’ai vu Fear, puis Killzone et The Last of us me surprendre par les actions coordonnées de nos adversaires, puis plus rien ou si peu de choses. Plus de 20 ans plus tard et alors que la presse spécialisée décrie les NFT, que je me bats contre une IA en papier mâché dans les derniers Far Cry ou que je peux m’infiltrer au lance-roquette dans un Metal Gear, je me dis qu’au fond quelque chose a dû dérailler quelque part depuis mes premiers rêves de gosse sur le futur du jeu vidéo. Pilonner les jeux services de cosmétiques ou pire d’avantages à acheter est une plaie qui s’enracine dans les pratiques de développement de grands studios, parfois calibrés pour ce type de format. Jouer Rambo ou John Mcclane dans Warzone, c’est possible pour peu qu’on soulage sa bourse de la modique somme de 20 euros. L’époque des costumes gratuits est depuis longtemps révolue.

Mais le plus grand naufrage d’un large pan du jeu vidéo grand public, c’est sans doute sa fainéantise, son obsession de satisfaire le plus grand nombre, plus soucieux de nous vomir un travelling bien senti plutôt qu’une proposition de gameplay audacieuse. L’illusion est de courte durée quand l’IA rime davantage avec Intelligence Arriérée qu’autre chose. Au-delà de campagnes marketing à grand renfort de superlatifs, difficile aujourd’hui de voir une évolution flagrante à de rares exceptions près. Les soldats de Call of Duty sont toujours aussi décérébrés, les PNJ d’Assassin’s Creed rivalisent de bêtise quand on les brusque un peu et la série Far Cry est un exemple de stupidité (et de bugs) à chaque nouvelle mouture. Confrontez l’IA à la souplesse de l’open world et c’est très vite le capharnaüm. À force de maladresses, l’IA défaillante nous écarte de la sacrosainte immersion jusqu’à ce moment dissociatif où le jeu vidéo est soudainement rattrapé par sa réalité logicielle. On pensera tout naturellement à ce bon vieux Milo qui nous promettait une révolution interactive par le deep learning, marotte des derniers l’E3 avec le ray tracing. Encore raté, c’était très probablement une vidéo enregistrée. Sacré farceur ce Peter Molyneux.

Project Milo
Sacré Milo, il faisait si bien le show pour vendre Kinect... Palme d'or de l'arnaque de l'E3 ?

Et pourtant, malgré ce déluge de reproches des jeux de têtes de cordées, l’industrie vidéoludique sait aussi faire la part belle à des créations bien plus personnelles. De Ueda à Kojima, des productions à budget laissaient largement transparaître l’empreinte de l’auteur. Qu’on ne s’y méprenne malgré quelques tirades passéistes, je suis assuré que le média est dans la force de l’âge. Si l’industrie triple AAA n’est pas toujours au diapason, la marge de manœuvre de certains éditeurs force le respect. Mention spéciale à Sony qui semble laisser un boulevard créatif, narratif et ludique à ses studios first party comme en attestent des refontes totales comme God Of War (bientôt sur pc) ou des partis pris osés pour la série The Last of Us. Du blockbuster de qualité, ça existe. Le récent rachat d’Housemarque, un studio qui m’est cher est bon signe pour l’avenir de la ligne empruntée par Sony depuis la PS4. Les jeux solos auxquels on prédisait de sombres présages peuvent exister pour peu qu’ils soient soutenus par une ligne éditoriale porteuse. On saluera d’ailleurs la vivacité de Bethesda qui en revanche ne rencontre pas toujours le succès escompté sur ses licences originales malgré un catalogue créatif de FPS inégalés (Dishonored, Prey, Deathloop, Doom, Wolfenstein).

Deathloop, bientôt testé sur MaG

En outre, le succès de la scène indépendante depuis sa promotion originelle par le programme Xbox Live Arcade de Microsoft engagé en 2010 est une bouffée d’air frais. Le jeu indépendant n’est plus marginal. Chaque Gamescom était l’occasion de rencontres avec des développeurs de tous horizons. Il y a une véritable flambée suédoise par exemple, avec des jeux qui lorgnent désormais du côté du AA. Devolver a pris du galon et se lance dans le grand bain de la bourse ce qui traduit une certaine vitalité du secteur, en espérant que le petit artisan reste à contre-courant des grandes écuries. Par ailleurs, les moyens de production n’ont jamais été aussi accessibles et des propositions folles ont pu émerger d’esprits autrefois confinés à leurs garages en guise de studio. La mort de la 2D ? Que nenni, du retrogaming à la 3,5D, l’offre est immense. Les jeux sont trop faciles ? Allez donc faire les DLC de Doom Eternal (testé ici), jouer aux jeux From Software, à Shin Megami Tensei (testé ici) ou même à des Metroïdvania comme Hollow Knight qui n’ont absolument rien à envier à leurs modèles.

Sea of star
Prochaine production du studio québécois Sabotage, Sea of Star est un régal visuel !

Pour peu qu’on se donne la curiosité et le temps de s’intéresser à l’effervescence culturelle qui anime le média, nous n’avons jamais été aussi bien servis. Si mon rythme de vie voyageur me contraint à choisir et que je n’arrive plus nécessairement à dédier suffisamment de temps à ma passion, le jeu vidéo a de beaux jours devant lui. Au consommateur de choisir à qui il donnera son obole, fuyons (comme ses développeurs) la grande maison Ubisoft et tant d’autres, qui ne respectent finalement ni les travailleurs, ni les joueurs. Ubisoft est l’archétype de ce que je n’aime pas, des mécaniques de jeu creuses à l’enrobage adulescent attardé. Cette manie de sauter sur toutes les modes criardes du moment pour mieux vendre des produits à sa communauté est un fléau, heureusement pas partagé par l’ensemble des éditeurs. Papi réac qui pense que c’était mieux avant, enlève donc tes œillères, oublie les grandes franchises et laisse-toi porter par ces nouveaux venus qui ont tant de choses à raconter plutôt que de suivre les campagnes marketing d’écuries pour Kevin en mal d’action.

Les trois jeux préférés de K7 sortis cette année

Ca c’est c’est la question piège qui me rappelle que contrairement à Ummagumma qui a écumé plus de 80 jeux, j’ai consommé de manière bien plus frugale cette année. En jeu compétitif, les confinements ont été l’occasion d’innombrables parties de Hunt et de Warzone. Revoir les captures de gameplay me rappelent tant de bons souvenirs. L’un comme l’autre, ils ont été une bulle de sociabilité alors que le monde se confinait autour d’un périmètre parfois équivalent à celui d’un canisite. Hunt reste l’un des jeux coopératifs les plus originaux de ces dernières années avec un sound et level design complémentaires qui font de chaque bruissement dans la forêt une occasion d’escarmouche tendue par une équipe adverse. Coordonner une attaque avec la finesse d’un lancer de dynamite couplé à une intrusion à la machette façon Jason, quel régal en équipe !

Critique - Streets Of Rage 4 Mr. X Nightmare DLC – Retrolove at the first sight !

Idem pour Warzone qui atteint un degré d’intensité et de satisfaction décuplé par les derniers cercles pour des victoires arrachées mais méritées. Je n’avais plus joué vraiment à un jeu estampillé Call of depuis les Modern Warfare. Dommage que le jeu se soit embourbé dans la triche et les trop nombreux rééquilibrages d’armes qui m’ont perdu en cours de route. Magie du free to play… Je me suis aussi régalé en coop sur Smash Bros (545 heures au compteur tout de même) qui est définitivement la version la plus aboutie de la série avec un casting délirant couplé à un contenu sans faille. Combien de soirées d’hiver passées sur Dragon Ball Fighter Z qui m’a fait entrer dans le grand bain des jeux Arc System ? Un régal. Dans un tout autre genre, It Takes Two a su démontrer qu’il était possible de faire un titre au gameplay asymétrique réussi. Intelligence de jeu, rythme et narration aux petits oignons, It Takes two (testé ici) mérite son succès critique et commercial. Question convivialité, je me suis régalé sur les DLC de Streets Of Rage 4 (testé ici).

Little Nightmares 2 propose des séquences hallucinées remarquables !

Quant aux expériences solos, j’ai tout particulièrement apprécié Little Nightmares 2 qui réussit à transformer l’essai en puisant parmi les maîtres du genre comme Inside tout en trouvant sa propre voie pour un final exceptionnel et de superbes séquences oniriques. J’ai particulièrement axé mon temps libre sur des jeux exigeants et c’est peu dire. Ghost’n Goblins Resurrection était sympathique même si la nostalgie cache aussi des problèmes de rigidité de gameplay qui auraient pu être corrigés aisément. Les DLC de Doom m’ont fait atteindre un niveau de reflexe et de lecture de jeu proche du T1000. Quel renouvellement depuis le premier reboot et quel suivi de qualité. 

En marge des FPS, il s’est aussi passé quelque chose que je n’espérais plus vraiment. J’ai découvert que je pouvais encore aimer un JRPG. En me lançant vierge de toute connaissance de la licence, j’ai été séduit par l’approche de Shin Megami Tensei V. Plus de 70 heures de jeu en un temps record et le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’intelligent plutôt que de farmer des heures comme un idiot. SMTV m’a tout simplement réconcilié avec le RPG. (On me murmure à l’oreille qu’il fallait choisir trois jeux. Bon puisque c’est comme ça, ce sera 1- Doom Eternal, 2-It Takes Two et 3-SMTV / Little Nightmare 2).

Critique - Shin Megami Tensei V, ange ou démon ?

La déception de l'année de K7

Ah faisons preuve d’originalité, ma déception de l’année était… (roulement de tambours) Battlefield 2042 (testé ici). Attention, ce n’est pas un mauvais jeu, mais ce n’est pas un grand BF. On pourra dire ce qu’on veut mais de telles lacunes de level et game design, ce n’est pas négligeable pour des cartes amenées à être rejouées sur le long terme. Alors oui, on peut danser la cucaracha en tirant au RPG sur un avion en volant en wingsuit, mais passé l’effet de surprise, le tout manque cruellement de finesse et ne ressemble plus vraiment à ce que j’attends d’un BF. Niveau atmosphère, le soud design et la destruction, autrefois marqueurs clés de la série m’ont également semblé bien en retrait. BF 2042 manque de vision d’ensemble autre que le joyeux foutoir. L’enrobage ridicule y est pour beaucoup. Tous ces clones de spécialistes décérébrés remportent pour moi la palme de l’idiotie et du manque de maturité d’une licence qui nous avait pourtant habitué à des scènes de guerres bien plus crédibles. Ma résolution 2022, ce serait sans doute de passer moins de temps sur ce type de jeux et de privilégier des productions sans doute bien plus originales qu’un cahier des charges EA.

Les (trois) jeux que K7 attend le plus

Ma plus grosse attente pour 2022, ce serait déjà de rattraper les jeux que je n’ai pas pu faire en 2021. Oui je pense à toi Returnal et tes boulettes acidulées qui font scintiller mes mirettes. Je pourrais aussi citer Deathloop qui entre dans la catégorie des jeux qu’il me tarde d’essayer et qui sera bientôt testé sur MaG par le preux Ummagumma. Prochainement, Elden Ring sera-t-il ma première porte d’entrée dans l’univers From Software ?

Coup d'oeil - Prodeus lorgne sur les terres de Doom

Si j’ai toujours été attiré par sa remarquable direction artistique, je n’ai encore jamais franchi le pas des jeux From Software. Et il serait grand temps de corriger cette infâmie. J’aimerais bien me lancer avant dans Bloodborne en espérant une hypothétique sortie PC. Je suis curieux de voir Sea of Star, le prochain jeu de Sabotage Studio. Mais pour être honnête, le jeu que j’attends le plus, c’est Hollow Knight Silksong qui se fait désirer comme jamais. 

Hollow Knight Silksong, le jeu que j'attends comme le messie !

En vrac sinon : Little Devil Insidelittéralement mon dernier Kickstarter depuis que j’ai lâché plus de 100 euros dans une campagne qui patine depuis 2015 avant de comprendre que la fin du COVID aurait lieu avant sa sortie… J’attends davantage Metal Slug Tactics qui pourrait bien créer la surprise avec son audacieux virage vers le tactical. Et je suis aussi avec une certaine impatience Prodeus (early access testé ici), Trepang 2 et le prochain jeu d’ID Software, histoire d’avoir ma dose d’adrénaline entre deux shots de vaccins. Il s’agirait dit-on « d’un FPS d’action issu d’une saga emblématique ». A vous les paris !

Metal Slug Tactics la nouvelle pépite du catalogue de l'éditeur français Dotemu ?

Chez Devolver, j’ai deux titres qui me caressent l’échine. D’abord Shadow Warrior 3 dont on devrait bientôt avoir des nouvelles suite à son récent petit report pour 2022. Les trailers sont pêchus et laissent entrevoir un fast FPC acidulé qui me permettra peut être enfin de faire le deuil de Dieu Doom. Dans un tout autre genre Cult of the Lamb m’a décorché la rétine et trône parmi mes plus grandes attentes pour 2022. Rien que l’OST délurée promet déjà un trip endiablé dans ce monde généré aléatoirement et où il vous faudra affronter des hordes d’ennemis et boss bien costauds. Soyez à la hauteur de Charles Manson et faites preuve d’aucune pitié pour éliminer les hérétiques !

Cult of the Lamb
Cult of the Lamb vous met à la tête d'un agneau gourou. Rien que pour ça, le titre mérite votre attention !

Dans la catégorie « fantôme », je pense tout naturellement à The Last Night, dont j’ai mis un petit moment à retrouver le nom. Sans doute annoncé trop tôt, le jeu à l’alléchante 2D cyberpunk proche de Blade Runner semble avoir rencontré des difficultés de développement orginales et la nécessité de trouver de nouveaux financeurs. Selon son créateur Tim Soret, ce jeu de plateforme / action aurait eu « des problèmes juridiques et monétaires importants dont il est impossible de parler ». Ca nous fait une belle jambe comme on dit dans le jargon. Traduction : ça sent le sapin ? Espérons que l’avenir nous dise le contraire… Son créateur semble en tout cas promettre une sortie en 2022 semblerait-il. On croise les doigts et on se rabattera sur ce sublime trailer de 2017. (Flûte j’ai encore cité trop de jeux !)

The Last Night sortira-t-il de l'ombre en 2022 ?

Le matériel high-tech qui va faire vrombir ta carte bancaire ?

Oh une question consumériste pour finir ! Et bien j’ai beau réfléchir, je ne vois pas vraiment ce qui pourrait agrémenter mon installation. Equipé d’un home cinéma et d’un vidéoprojecteur 4K, il me manque cependant un outil indispensable, une toile de qualité pour projeter. Quant à mon écran 2K, il est soudainement pris de convulsions graphiques inquiétantes et qui rappelleront bientôt la mire. Serait-ce l’occasion de passer à une autre gamme ? Le cas échéant, ce sera minimum 2K, 144 herz et 28 pouces mais les résolutions supérieures intermédiaires couplées à un taux de rafraichissement me font de l’œil. A voir si ce n’est pas trop encombrant sur mon bureau et si cela s’adapte à toutes les sessions de jeu, n’étant pas bien fan des bidouilles ergonomiques.

Bilan de Ummagumma

Quel est ton rapport actuel au jeu-vidéo ?

Je songe parfois à tout le temps qui s’est écoulé depuis que j’ai découvert le jeu-vidéo avec Tomb Raider 2 sur PC ou la version Master System du premier Sonic. La magie était à l’époque si palpable qu’elle en devenait presque tangible. Vaincre le Docteur Robotnik dans le niveau de l’Amazonie, faire virevolter Lara sur les toits de Venise, mes premiers émois de joueur resteront à jamais gravés dans ma mémoire. J’ai longtemps collectionné mes jeux, du moins jusqu’à ce que je m’expatrie au Canada il y a maintenant cinq ans de ça. Pendant des années, je les conservais et les exposais sur une étagère aux parois vitrées, telle un autel propice aux élans de nostalgie. Je prenais plaisir à admirer la police des tranches ou à retourner les jaquettes pour en lire les descriptions. Mais au moment de franchir l’Atlantique, j’ai été contraint de faire un choix et de laisser mes objets fétiches derrière moi. J’ai donc tout délocalisé chez mon frère !

Lara Croft, pionnière des héroïnes dans le jeu vidéo

Avec du recul, cette séparation m’a permis de devenir moins matérialiste et j’ai à ce jour décidé de posséder le moins possible. J’achète donc tous mes jeux en dématérialisé et j’investis seulement « physiquement » dans du matériel informatique ou multimédia, histoire de me faire plaisir et de jouer dans les meilleures conditions. Mon expatriation n’a toutefois pas soigné l’ensemble de mes névroses de collectionneur, loin de là ! Je tiens ainsi depuis quelques années une liste qui recense tous les jeux auxquels j’ai joué dans ma vie, depuis ma découverte du medium. Elle recense des centaines de titres, depuis la Master System en passant par la Gamecube jusqu’à la PS5. Je la consulte de temps en temps pour me remémorer des moments de gameplay marquants que je pensais avoir oublié.  aide-mémoire totémique est conservé dans un magnifique PDF, savamment organisé par ordre alphabétique, chronologique, et par support. C’est finalement une dématérialisation mentale de mon étagère.

Un extrait de la liste d'Ummagumma, bible du collectionneur

Je nourris par ailleurs le projet un peu fou de rassembler sur PC l’ensemble de mes jeux préférés, en m’arrangeant avec les émulateurs pour tout rassembler au même endroit. Cette liste me permet également de savoir ce qui m’est tombé des mains et ce que j’ai terminé. Et le constat est sans appel : je suis de plus en plus difficile à contenter au fil des années.

Le bilan 2021 s’élève à 83 jeux lancés (dont 29 très courtes expériences itch.io) pour 26 abandons en cours de route. Il faut dire que l’offre n’a jamais été aussi pléthorique et qu’il y a « à boire et à manger », encore plus depuis l’apparition du Game Pass, que m’évoque d’ailleurs cette expression. Ses vertus au long terme me laissent effectivement sceptique, tant ce service a tendance à nous noyer sous des tonnes de titres dans une optique de boulimie consumériste qui me gêne et qui constitue à mon sens un moyen supplémentaire de diminuer notre capacité d’attention sur une chose à la fois, en plus de fausser notre perception de la valeur monétaire du travail accompli par les équipes de développement. L’avenir nous dira si j’avais raison ou si je suis un gros réac’.

Quand vient l’heure de faire la synthèse de cette année écoulée, je réalise à quel point le challenge constitue un point central de mon rapport au JV et que j’ai vite tendance à m’ennuyer si le jeu ne me met pas au défi. Je ressens de plus en plus le besoin que les développeurs érigent des murs entre moi et le bon déroulement de ma progression. J’ai envie de me battre, d’apprendre de mes erreurs, de reconsidérer mes acquis, de me faire surprendre, d’apprivoiser mon environnement, de prendre des notes d’orientation dans mon calepin ou d’y schématiser des esquisses de cartes.

Far Cry, une licence le cul entre deux chaises ?

Je ne supporte plus tous ces jeux qui nous flattent et nous récompensent à tout va. Tous ces HUD avec un point jaune à suivre. Tous ces jeux cons à la dissonance ludonarrative gerbante, comme Far Cry 6 qui présente une scène de massacre de civils avant de nous faire occire des ennemis avec un lance-disques sur un air de macarena, ou encore le dernier Battlefield avec son conflit global aux accents dramatiques mais avec des personnages qui semblent tout droit sortis de Fortnite et qui friment bêtement en fin de match. BeurkMais la seule difficulté ne constitue pas mon seul critère d’engagement, d’autant plus qu’un défi épicé n’est pas du tout gage de qualité.

J’apprécie aussi beaucoup les jeux disposant d’une ambiance. Par ambiance, j’entends ces rares œuvres dans lesquelles on peut se perdre dans un recoin, ou reprendre son souffle dans un espace que les développeurs n’avaient pas nécessairement eu l’intention de mettre en avant en premier lieu. Je pense à ces corniches sur lesquelles je me réceptionne in extremis dans Dark Souls 2, à ces chemins de traverse dans Red Dead Redemption 2, à ces tristes barres d’immeuble abandonnées dans The Last of Us: Part 2, alors que j’insère trois misérables balles dans le chargeur de mon arme au milieu d’une cuisine délabrée. J’attends des jeux qu’ils me mobilisent, soit par le biais de leurs mécaniques de gameplay, soit via l’émotion qu’ils suscitent au travers de leur narration scénaristique et environnementale. Je veux qu’ils me perdent, m’énervent, me révoltent, me mettent les larmes aux yeux, me fassent peur, me stimulent, m’exaspèrent parfois. Je ne cherche pas souvent à me vider le cerveau quand je joue, c’est même plutôt l’inverse.

Red Dead Redemption, une immersion au coeur du Far West

Je me demande comment mon rapport au jeu-vidéo va évoluer dans les années à venir. Ce qui est certain, c’est que jamais on avait eu autant de choix pour contenter tous les profils de joueurs. La démocratisation du medium via les indés et ses revendications sociales inclusives laissent en effet entrevoir un avenir prometteur, aux paradigmes narratifs surprenants et nouveaux, et cela en bonne partie grâce à la scène indépendante qui permet à des développeurs de tous horizons et sensibilités de s’exprimer.

Les trois jeux préférés d'Ummagumma sortis cette année

Mon GOTY 2021 est sans conteste le grandiose Returnal. Pour lire tout le bien que je pense du dernier-né de Housemarque, rendez-vous ici. J’y repense régulièrement avec émotion et il rejoint mon panthéon personnel de meilleurs TPS de tous les temps, aux côtés de Max Payne 3Resident Evil 4 et Vanquish, excusez du peu. Returnal est un shoot d’adrénaline dont seuls les joueurs les plus acharnés verront le bout, et qui se paye le luxe de proposer un scénario à la fois cryptique et prenant, transcendé par une BO hypnotisante. On ne peut d’ailleurs qu’apprécier l’engagement de Sony qui a racheté Housemarque suite à son succès d’estime.

Critique - Returnal, frénésie épileptique en terrain hostile

Second sur le podium, je pense ensuite à It Takes Two (testé ici) auquel j’ai joué en coop avec mon épouse, qui est très peu initiée aux jeux-vidéo. Nous en sommes tous les deux ressortis émus. J’ai trouvé le titre d’une belle justesse dans son propos, et surtout j’admire sa capacité à « parler » intelligemment à son public, en offrant deux lectures dépendamment de notre âge, le tout sans constamment nous hurler dans les oreilles et avec finesse. Tout l’inverse de l’atroce Ratchet and Clank: Rift Apart en somme. It Takes Two représente une valeur sûre vers laquelle se tourner pour éclairer notre quotidien et sourire en jouant. Vu le contexte mondial actuel, ce n’est pas du luxe.

Critique - It Takes Two, thérapie de couple et amours chiennes

The Medium, testé ici, occupe la troisième place. L’horreur psychologique des Polonais de Bloober Team m’a touché en plein cœur, tirant sur la corde lugubre de ma sensibilité. Clairement un jeu intimiste, sombre et percutant, et qui me rend curieux de voir ce que pourrait faire le studio avec la série Silent Hill.

Critique - The Medium, au delà de l'écran splitté

Enfin je nommerai Deathloop et son écriture complètement barrée, fruit d’une filiation entre une immersive sim et Un Jour Sans Fin. Un jeu aux mécaniques et approches tellement variées qu’il donne le tournis, et doublé d’une intelligence de gameplay rarement vue ailleurs, au service d’un joueur au centre de toute l’attention. Du grand art.

Je pense aussi en vrac à l’hilarant The Darkside Detective: A Fumble in the Dark, testé ici ; ou à Resident Evil Village, qui à défaut d’être surprenant s’est avéré très efficace. Il faut dire que passer après le chef d’œuvre Resident Evil 7 VR (rien de moins que mon jeu de la décennie passée) n’était pas chose aisée. Pour conclure, en trichant et en incluant des jeux terminés en 2021 mais sortis avant, j’ai passé d’excellents moments sur le culte Parasite Eve 2, sur le survival-horror Obscure de 2004, sur l’OVNI Catherine: Full Body, sur Dark Souls 2 (j’ai donc officiellement terminé tous les From Software !), dans une certaine mesure sur Metroid Dread, et enfin sur Feed Me Billy, simulation de tueur en série dérangeante, violente et délicieusement régressive.

La déception de l'année d'Ummagumma

J’en ai plusieurs !  Tout d’abord j’ai haï le dernier Ratchet and Clank du plus profond de mon être. J’ai trouvé le gameplay creux, les combats inintéressants, les personnages gueulards, le scénario convenu et sans propos. Je n’y ai ressenti aucune implication émotionnelle, rien, le vide, zéro. Ce sera mon dernier contact avec la série. Je citerais aussi Resident Evil 3 Remake, paresseux au possible, et qui malgré quelques passages très réussis comme l’hôpital arrive à peine à la cheville de son illustre modèle. Je pense à Crash Bandicoot 4 qui m’a barbé comme la mort, peut-être à cause de son affreuse perspective et de ses gags lourdingues ; ou à Afterparty, trop immature et qui ne parvient pas à émouvoir comme le faisait si bien Oxenfree, dont une suite est d’ailleurs préue. 

Que dire également du dernier Battlefield, reflet cynique de la logique marchande et victime d’un rajeunissement de son public cible au détriment des fans de la première heure. Exit le côté sombre de Battlefield 1 et ses joutes endiablées dans le Fort de Vaux à cavaler au milieu des hurlements, baïonnette à la main et paré à embrocher du teuton. Non, maintenant on s’entretue et, quand le match se termine, des personnages qui semblent avoir été passés dans la filtre 2021 de la bienveillance nous récitent leurs tirades en frimant. Pathétique.

Critique - Battlefield 2042, l'indigestion qui vient ?

Enfin, et là on touche plutôt à une question hardware, le fait que je n’ai toujours pas pu mettre la main sur une RTX 3080 me chagrine. À vrai dire j’ai même abandonné l’idée. J’ai depuis été capable de dégoter une 3060 qui fait le job mais qui clairement ne me permet pas de jouer en haute résolution avec les potards à fond, me condamnant parfois à jouer en 1080p sur mon écran 4K, ce qui rend très mal. Ceux qui ont une Switch et ce type d’écran en conviendront. NVIDIA sortira sûrement la prochaine génération à l’automne et les précieux totems seront probablement encore une fois introuvables, à moins de les payer trois fois plus cher que leur prix de vente conseillé auprès d’un scalper sans foi ni loi.

Je conclurai avec l’absence toujours plus persistante de la série F-Zero. S’il y a bien un moment pour relancer la série, c’est maintenant, tant la côte de popularité de la Switch est au firmament. Les ventes de Metroid Dread, série historiquement boudée commercialement, en attestent.

Critique - Metroïd, la force un peu trop tranquille ?

Les trois jeux qu'Ummagumma attend le plus

Elden RingELDEN RING. Elden. Ring. J’ai prévu de poser une semaine de congés et j’ai prévenu mon épouse qu’elle pourrait m’entendre proférer des jurons ou hurler à la lune durant cette période. From Software est à mes yeux le studio le plus talentueux de la dernière décennie et j’ai hâte de voir comment ils seront capables (ou pas) de renouveler la formule des Souls avec un monde ouvert. Je n’ai rien regardé depuis le trailer d’il y a deux ans. Autant dire que la surprise sera totale. J’ai beaucoup d’appréhension et de doutes, surtout par rapport au fait que le monde s’ouvre et que, paraît-il, il y aurait une carte. Le level design va-t-il en pâtir ? Quid de l’appropriation du monde par le joueur ? Je lancerai le jeu avec inquiétude le 24 février.

Elden Ring, bientôt testé sur MaG

Trepang 2. Après avoir passé une vingtaine d’heures sur la démo – toujours disponible sur Steam – je peux affirmer que le titre transcende la violence viscérale de F.E.A.R. en offrant des fusillades intenses et jouissives, faisant la part belle aux démembrements de nos adversaires encagoulés qu’on a vite fait de transformer en passoires. Les carnages s’opèrent dans un déluge d’hémoglobine, le tout bien souvent au ralenti. On canarde et on se met à couvert tandis que le mobilier de bureau se décompose autour de nous sous les impacts des balles, nous renvoyant à la scène culte du checkpoint de sécurité dans Matrix. Le sound design des armes ferait pâlir de jalousie un Battlefield et le retour souris en main est saisissant. Clairement un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains mais qui saura hypnotiser les adeptes de massacres pixelisés. À noter que les tripes et les cadavres ne disparaissent pas, ce qui est toujours bon à prendre. Un jeu qui parlera à ceux qui tirent dans les corps inertes de leurs ennemis virtuels, pour « voir si ça fait des trous ». Ceux qui ont joué à Read Dead Redemption 2 sauront de quoi je parle.

Le mystérieux Somerville détrônera-t-il Inside ?

The Callisto Protocol, car même si on n’a presque rien vu, je ne peux que m’extasier en imaginant la suite spirituelle de Dead SpaceHollow Knight: Silksong. Comme une météorite ou le dernier variant saisonnier du COVID, il pourrait arriver à n’importe quel moment. C’est à la fois beau et angoissant, et ça donne envie de se lever le matin. Cette phrase ne fait aucun sens ? Toute cette attente non plus ! Scorn, car avec une telle DA, au croisement de eXistenZ et des travaux de Giger, aucun jeu ne peut vraiment se rater. Somerville, car il offre une autre vision de la fin du monde – à la suite d’une attaque extra-terrestre et à travers le prisme d’une famille en fuite – ce qui change des zombies.

Scorn, hommage ou plagiat de l'oeuvre de Giger ? Réponse en 2022...

Le matériel high-tech qui va faire vrombir ta carte bancaire ?

Un casque VR, d’autant plus que la création d’un compte FB ne sera plus obligatoire à partir de 2022. J’avais retourné mon casque en 2020 à cause de cette mesure idiote. Sans cette contrainte je n’ai qu’une hâte, c’est de me replonger dans l’univers de la VR, une nouvelle façon d’appréhender le jeu-vidéo et à laquelle je suis très réceptif. Vivement Resident Evil 4 VR !

Résident permanent dans la petite bourgade de Raccoon City et prosélyte du génial Rain World depuis 2017, on l'entend parfois jurer à pleins poumons lorsqu'il perd lamentablement face au singe de Sekiro à un poil de lemming près. En quête d'une 3080 depuis bientôt un an, le malheureux espère une réception de sa commande en 2022 : l'important c'est d'y croire ! Son TOC préféré ? Recenser dans un PDF tous les jeux auxquels il a joué dans sa vie.

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.

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