• Testé sur PC avec une RTX 3080
  • Code transmis en avant-première par l’éditeur.
  • L’auteur de ces lignes a passé beaucoup trop de temps en hélicoptère sur BF3 et BF4.
  • Sur BF4, 1124 véhicules ont été réduits en poussière sous le feu de mon fidèle RPG, 6632 soldats sont passés de vie à trépas, dont 648 d’un lance-roquettes manuel et 984 d’un hélicoptère…
  • Fun fact, avec une précision de 29,85% le RPG était mon arme la plus précise. l’occasion de rappeler que les statistiques manquent cruellement au lancement de BF2042
  • Je n’avais jamais joué à BF1942 et Bad Company avant le mode Portal. Quant à Hardline, n’en parlons pas…
  • Temps de jeu sur les précédents volets :
    • BF3 : 157 heures
    • BF4 : 244 heures
    • BF1 : 130 heures
    • BFV : 15 heures
    • BF2042 : 40 heures

La politique dans les jeux vidéo, c’est un peu la même affaire qu’aux repas de famille. En parler c’est risquer l’ostracisation de vos paires et l’ignorer est le gage d’une raclette sans lancers de poêlons, c’est-à-dire sans saveur. Une hérésie que compte bien conjurer Battlefield 2042 avec son contexte tout ce qu’il y a de plus politique, la croûte de fromage en moins. La guerre en 2042, c’est un monde rattrapé par les migrants, la crise environnementale et le déferlement des éléments comme le suggère la communication du titre axé sur des « Sans patrie » dispersés aux quatre coins du globe. Abandonnant à raison la campagne solo qui n’a jamais su égaler celle des COD, 2042 souhaite renouer avec le cœur de la franchise, le multi à 128 joueurs, la guerre totale, la vraie. Quel est le chemin accompli depuis la bêta que Benoist avait eu l’occasion de tester en amont ? Début de verdict après une quarantaine d’heures de jeu explosives !

Battlefield popcorn édition

Avec un peu de plus de 500 heures de jeu au compteur Battlefield, l’annonce d’un nouvel épisode est toujours scrutée avec attention. Si ce chiffre fera doucement sourire les acharnés du skill, qui parfois caressent des milliers d’heures par épisode, cela laisse déjà une certaine idée de l’évolution de la série sur ces dix dernières années. BF4 était l’accomplissement du troisième en nerfant notamment les Havoc et en apportant les cartes évolutives. BF1 revenait aux affres de la première guerre mondiale et au charme d’une bonne vieille baïonnette, tandis que le cinquième renouait avec l’époque de la seconde guerre mondiale, étape obligée de tout FPS moderne. 

À en croire mes temps de jeu déclinant depuis le retour aux vieilles pétrolettes, aux fusils au coup par coup et au deuil des hélicoptères, BFV m’avait laissé sur le carreau, la faute à une visibilité de jeu qui gonflait ma myopie et conduisait bien souvent à mourir aveugle, sans avoir eu l’occasion de voir son adversaire, ni même de riposter. Le gunfight de BFV était parmi les plus exigeants avec un TTK élevé et plus tard réajusté à la baisse pour éviter la fuite des joueurs gagnés par la frustration. Un juste TTK est souvent sujet de discorde. Un choix de game design abandonné par 2042 qui vous invite à vider votre chargeur plus généreusement sur vos adversaires. Un parti pris parfois limitant pour enchaîner les kills et qui devrait sans doute faire l’objet d’ajustements à venir lors des prochaines mises à jour.

Depuis ce retour en arrière historique, on avait à mon sens perdu le liant qui faisait le sel de la série entre ciel, terre et mer. Les hélicoptères – craints par l’infanterie comme jamais – avaient le mérite de lier les champs de batailles terrestres et aériens en évoluant à des altitudes intermédiaires. Viser les trouffions les exposait aux RPG des tireurs téméraires. Les plus couards d’entre eux gardaient leur distance en repoussant l’adversaire d’un simple verrouillage missile, lequel renvoyait l’hélicoptère vers les cieux, où ils subissaient les foudres des avions de chasse. Les pilotes les plus gourmands pouvaient également succomber d’un tir de char s’ils avaient le malheur de fanfaronner trop près du sol. Maillon essentiel de l’équilibre du jeu, sa disparition avait ramené la série vers un gameplay nettement plus axé sur l’infanterie, les rushs et points de frictions fantassins sur BF1 et BFV. C’est aussi à partir de ces épisodes que le gunplay est devenu plus accessible. 

Exit la balistique singulière de BF4, où tirer au sniper ou RPG précédait toujours un calcul de Pythagore pour toucher sa cible. Ce que l’on gagnait en accessibilité, on le perdait peut-être en immersion et radicalité, rétorqueront les puristes. BF4 était avec le temps devenu un étalon du genre avec cet écosystème où chaque champ de bataille dépendait étroitement des interactions entre véhicules et troupes au sol. BF2042, en supprimant les animations contextuelles initiées par BF1 pour entrer dans les véhicules, s’inscrit dans cette lignée visant à faire primer le fun sur le réalisme.

Une DA générique et caricaturale

Cette évolution plus arcade de la série poursuit ici son chemin avec un gameplay plus immédiat, en véhicule comme à pied, avec la suppression des classes et l’arrivée de dix spécialistes au design en papier mâché. Mention spéciale aux punchlines de début et fin de combats qui rappellent les free to play désireux de séduire un public amateur de concours de biscotos. On quitte une certaine sobriété chère à la série pour chercher à créer un folklore superficiel et inutile derrière les personnages. Ça peut se traduire aussi bien sur le terrain par un « youhoo » en grappin, qu’au sol lors de plaintes dignes de super héros Marvel en mal de sacrifices. On sent que les doubleurs étaient très impliqués dans leur rôle lors de leurs tirades endiablées. 

Cerise sur le gâteau, chaque fin de match est ponctuée par des répliques répétées en boucle et complètement hors de propos. N’est pas Johnny Cage qui veut. Blague à part, c’est regrettable car la série avait toujours ce petit côté dramatique qui faisait d’une capture de drapeau sur un point calme le prélude à toute tempête. Lorgner du côté de Fornite et Rainbow Six est peut-être tentant pour vendre des skins et personnages payants sur le papier, mais ça semble très peu adapté à la série BF. Pour l’heure, heureusement, les spécialistes sont tous annoncés comme gratuits.

Si les graphismes sont de bonne facture, la DA générale du titre m’a semblé nettement moins inspirée. C’est lisse, sans âme et souvent vide. Les gratte-ciel de Doha ressemblent aux premières asperges sorties du sol au printemps. La colorimétrie et les éclairages semblent peu assortis comparés aux cartes de BF1 qui étaient si colorées et tranchées d’un point de vue artistique, chacune ayant sa propre palette de couleurs. Hormis celle en Antarctique avec ses vastes plaines de neige, aucune n’a vraiment retenu mon attention d’un point de vue visuel. La météo dynamique vient parfois donner un peu de vie à tout ça, mais passées les annonces des trailers, les tornades ne présentent absolument aucun intérêt. 

Les soldats et les véhicules ne sont pas aspirés, ni véritablement gênés, comme le suggéraient les savants montages des bandes-annonces EA. Aucune animation contextuelle non plus pour renforcer l’immersion. En réalité, c’est la mécanique « Levolution » initiée par BF4, qui manque à la série et cet ersatz visuel ne viendra pas s’y substituer. Quant aux décors, la destruction est en deçà de ce que proposait la franchise sur les derniers opus. L’impression de jouer à une toute autre carte en fin de partie n’est plus qu’un lointain souvenir. Certaines maisons sont destructibles mais d’autres font de la résistance pour des questions sans doute de level design, étant donnée la puissance de feu déployée sur des maps peuplées de 128 joueurs. Ça explose, certes dans tous les sens, mais de manière froide et aseptisée.

La suppression des classes et le système des spécialistes

Mais revenons à nos moutons, pourquoi diable avoir supprimé les classes si chères à la série ? Sans doute pour apporter un peu de variété et il est vrai que de ce côté-là, difficile de ne pas saluer l’intention de départ des développeurs. Ce que l’on perd peut-être en prévisibilité vis-à-vis des stratégies des autres joueurs face à la diversité des combinaisons possibles, on le gagne en variété et en souplesse de jeu pour s’adapter à toute situation. Avec dix propositions de gameplay différentes, le panorama ludique est généreux.

Battlefield 2042
« Comme Sundance le sait, personne ne peut fuir sa vie dans le crime organisé. » Rien de tel qu'un bon verre de picrasse pour y remédier.

Equipée de son wingsuit, Emma « Sundance » Rosier – un nom pareil ça ne s’invente pas ! – est le Mario Tanuki du casting. Pas de parachute, mais le gage de s’éclipser des embrouilles en une fraction de secondes. Armée également d’explosifs « intelligents » qui verrouillent les véhicules ainsi qu’un jeu de deux grenades qui se divisent en feux d’artifice et des micro-drones pour faire le ménage, Emma est le Michael Bay de la bande. Assurément axée sur la finesse, cette française cultive à l’international notre sens du goût et de la subtilité. C’est tout naturellement mon premier choix quand il s’agit de faire exploser un hélicoptère en plein vol ou pour nettoyer une baraque à frites campée par une escouade. Succès garanti pour annoncer son arrivée en lançant ses deux grenades spéciales par les fenêtres, puis les deux classiques, afin d’éviter de toquer avant d’entrer. Si vous souhaitez désactiver des tourelles, les variantes EMP sont l’allié idéal. 

Madame Rosier ne fait pas dans la dentelle et en bon tanuki qui se respecte, deux mètres vous suffiront pour prendre votre envol et passer d’un point à un autre en rattrapant des tyroliennes ou d’autres promontoires. Alors c’est très drôle à jouer et on a rarement eu autant de mobilité dans la série, mais cela nécessiterait peut-être quelques équilibrages bienvenus comme le suggèrent déjà certains acrobates de RedditPour l’heure, pas de limites pour ouvrir, refermer son wingsuit à loisir et changer notre trajectoire fissa quand on croise une nouvelle proie. Un mariage subtil au lance-roquettes est chaudement recommandé pour atterrir sur un ennemi qu’on atomise d’une jolie ogive entre les deux yeux. Avec ces piercings et tatouages, Madame Rosier est parfaitement dans l’air du champ de bataille. Un choix de DA renforcé par l’ivresse de ses interventions à la subtilité déconcertante.

Battlefield 2042
« Constantin Anghel, mécanicien, se fait un nouvel ami en ex-Italie. » On a les amis qu'on mérite !

Passons au roumain Constantin « Angel » Anghel… Comme Dice cherche à étoffer son univers, sachez qu’il est « fils de mécanicien, Constantin a toujours adoré démonter, construire et reconstruire des choses. Son talent a été un atout majeur pour la marine roumaine, où il a servi jusqu’au naufrage de son navire. Il en a été le seul survivant. [Musique dramatique] Désespéré, il a rafistolé une balise de détresse et a réussi à attirer l’attention d’un navire de Sans-patrie, qui est venu le secourir ». Touchant, n’est-ce pas ? C’est tout droit sorti du site officiel de BF 2042 comme toutes les légendes qui accompagnent ces screens. Depuis ces tragiques évènements, Constantin est expert en ravitaillement en approvisionnant son escouade de munitions et de blindages. Il peut aussi demander l’envoi d’une balise permettant de changer son équipement. Angel est spécialiste urgentiste et peut réanimer n’importe quel allié en restaurant son blindage.

Battlefield 2042
« Mackay se lançant dans l'action lors d'une inondation soudaine à Rio. Ses jours en tant que survivaliste descendant des falaises en rappel semblent avoir porté leurs fruits. » Mackay X Superman le retour !

Webster Mackay est le filou de la bande, « un dur à cuire doté d’un sens moral » dit-on dans le jargon EA. Equipé d’un grappin, Webster rattrape la mode des dernières années et gagne en verticalité de jeu. Il ne lui manquerait plus qu’un arc. Plus rapide pour viser, Webster est l’allié idéal pour les combats de rues ou pour gagner le toit d’un bâtiment en surprenant ses adversaires. Il est nettement plus démuni sur les plaines en revanche. Cette souplesse supplémentaire est vraiment très plaisante sur certaines cartes où Webster peut avoir un avantage non négligeable sur les autres soldats. 

Quant à Maria Falck, c’est la vieille allemande austère à « la volonté de fer qui ne fléchit pas face au danger », une Merkel qui aurait pris les armes pour filer les clichés. Elle peut soigner ses camarades à distance avec un pistolet à syrettes S21 et réanimer les alliés au sol avec toute leur santé. Si Maria devrait être essentielle sur le champ de bataille, force est de constater que les joueurs ne s’empressent pas de jouer les apprentis médecins. En effet la suppression de classe permet à chaque spécialiste de réanimer les blessés, certes pas à la même vitesse, ni avec les mêmes avantages, mais cela explique sans doute que les Maria ne soient pas si fréquentes ingame. Entre un pistolet à fléchettes pour enfant et un wingsuit ou un grapin, il faut dire que le choix est vite fait !

Battlefield 2042
« Boris dirigeant de manière spectaculaire les Sans-patrie à travers la frontière balte pour échapper aux tempêtes de feu. » Une affiche tout droit sortie du KGB !

Boris est russe et tout naturellement « obstiné et individualiste » comme le veut la tradition. Ce spécialiste est particulièrement utile pour la défense de points. Avec sa tourelle automatique SG-36, les ennemis sont automatiquement attaqués, verrouillés et repérés. Si vous êtes une escouade complète à poser une tourelle, cela peut très vite devenir le foutoir. A l’image de la scène coupée -et pourtant culte- d’Aliens où les tourelles font un carnage, ces dernières sont peut-être un peu trop efficaces à distance, comme les « robots-chiens » que tout spécialiste peut équiper d’ailleurs. Leur résistance est aussi sujette à discussion à ce jour. 

Autre spécialiste, Wikus « Casper » Van Daele est maître du camouflage. Muni d’un drone de reconnaissance, il peut « repérer les cibles en mouvements et désorienter l’ennemi grâce à des impulsions électromagnétiques ». Ces capteurs lui permettent également de savoir si des ennemis approchent. Sur le papier, c’est peut-être le moins séduisant de l’équipe, notamment à cause d’une autre spécialiste coréenne qui lui fait de l’ombre. 

Ji-Soo Paik peut en effet rendre les ennemis visibles, même à travers les murs. Lorsqu’elle subit des dégâts, la position du tireur est révélée. Les premières semaines du lancement devraient permettre de savoir si cette première fonction n’est pas trop exagérée. A mon sens en tout cas, tout pouvoir qui s’apparente à du wallhack ne devrait jamais avoir lieu.

Battlefield 2042
« Irish dirigeant la flotte des Sans-patrie à la barre de l'Exode, avec son fils Omar. » Un grand nom, ça se mérite. Camembert Lepetit ©

Kimble « Irish » Graves est votre paratonnerre au sein de l’escouade. Il peut déposer des protections déployables au sol pour se protéger des balles, des roquettes et des explosifs. Là aussi, gageons qu’un juste milieu reste à trouver. Lorsque plusieurs spécialistes posent un système de fortification sur un point névralgique, difficile de briser leur défense. Une roquette ne suffit pas pour y remédier. Et il ne faut pas hésiter à envoyer toutes ses grenades et explosifs pour renverser la vapeur. Kimble fournit également des bonus de blindage aux ennemis à terre. C’est la classe soutien qui ne dit pas son nom. 

Santiago qui nous vient directement… du Mexique ! Originalité quand tu nous tiens… C’est une très bonne alternative à l’Irlandais. Son bouclier personnel est diablement efficace et permet de protéger vos camarades d’infortune. Il résiste également aux dégâts explosifs. Pour l’heure difficile de rivaliser face à une équipe bien organisée avec des boucliers. C’est certes très fun en pratique mais cela mérite là encore quelques “menus” ajustements. Preuve en est, un bouclier seul résiste même… au tank comme à une armée tout entière ! La qualité Henkel ! C’est dire comme les playtests ont dû être expédiés entre deux brunchs.

Enfin Navin Rao peut trouver une utilité dans certaines situations où des véhicules sont trop nombreux sur un point de capture. Avec son système de brouillage, il peut empêcher les véhicules de tirer et il peut même pirater certains systèmes. Si ce n’est pas forcément le spécialiste le plus fun à jouer, il peut renverser le cours d’une partie avec un peu d’organisation lorsque le chaos règne sur certains secteurs de la map.

Un équilibrage au marteau-piqueur

Vous l’aurez compris, BF2042 cherche à bousculer nos habitudes avec l’arrivée de ces spécialistes. Si toutes ces épiphanies de gameplay sont séduisantes, il n’en reste pas moins que le corps du jeu est altéré. Selon les combinaisons d’escouades et les différents spécialistes sur la map, chaque partie est unique. Cependant comme toutes les armes sont accessibles à tout un chacun, cela peut occasionner des dilemmes cornéliens. Pourquoi choisir en accessoire une boîte de munitions, de soins ou pire, un fer à souder pour réparer les véhicules, quand on peut avoir un RPG à quatre roquettes d’entrée de jeu ? Les premières statistiques collectées par Dice devraient sans doute nous apprendre davantage sur le choix majoritaire des spécialistes et sur le teamplay. Pour l’heure tout le monde ne joue pas le jeu et c’est parfois frustrant de ne pas trouver de munitions, d’autant plus que le TTK étant faible, ces dernières peuvent vite venir à manquer. La suppression des classes nuit également à la complémentarité au sein des équipes, même si une connaissance accrue des spécialistes permet tout de même d’envisager des tactiques plutôt que des stratégies.

Deuxième point et non des moindres, les véhicules terrestres sont des sacs à PV. Les tanks enchaînent les roquettes sans broncher, pis encore, les aéroglisseurs sont une purge. À toute allure, deux ou trois hovercrafts peuvent écraser les fantassins tout en les arrosant généreusement de tirs soutenus. Trop mobiles, trop résistants, ils devraient être révisés lors de la prochaine mise à jour. Qui dit 128 joueurs dit également un joyeux bordel et il n’est pas rare de voir plusieurs blindés et hélicoptères sur un même point se joindre à une armée de joueurs pour s’entretuer joyeusement. Si c’est une belle prouesse technique et gage d’adrénaline, c’est aussi et surtout un manque de finesse qui, à terme, pourrait nuire au jeu. 

Difficile pour l’heure de vraiment renverser une capture de drapeaux, même en mode percée, où il faut posséder plusieurs points pour maîtriser un secteur. Certaines armes comme le PP29 sont beaucoup trop puissantes pour le moment. Et la construction des maps contribue parfois à un schéma limité : marcher / courir / mourir, si l’on n’a pas la bonne classe ou un véhicule à disposition. Sans doute conscient de ce désagrément, les développeurs ont eu la riche idée de permettre de changer de viseur à tout moment avec un menu superposé particulièrement réussi. C’est une très bonne idée qui permet en partie de résoudre le problème. À cela s’ajoute également la possibilité limitée de commander certains véhicules pour éviter les séances de randonnées champêtres. Ce n’est pas encore suffisant sur certaines maps, mais cela pourra sans doute être corrigé lors de futures mises à jour. Avec ses sept maps pour le mode All Out Warfare, BF2042 va vous faire voyager au Qatar, en Inde, à Singapour, en Corée du Sud, en Guyane, en Egypte et en Antarctique. Le jeu a du contenu mais le level design n’est pas mémorable pour autant.

In bug we trust

Comme tout lancement de la série, les bugs sont légion et 2042 ne manque pas à ce sombre héritage. Sans être aussi catastrophique que celui de BF4, ce lancement est à l’image du champ de bataille : chaotique ! Impossible par moments de réanimer un allié, de tirer ou tuer un ennemi. Gravir un gratte-ciel avec un aéroglisseur, là aussi, pas de problème ! Certains glitchs et bugs sont hilarants comme ces voitures suspendues à la verticale sur les ponts mobiles. On est régulièrement passés sous la map ou sous les cabines d’ascenseurs. En plus des soucis évidents d’équilibrage, qui laissent parfois à penser que le big data est le nouveau mode opératoire d’affinage du gameplay au XXIème siècle, la série reproduit toujours les mêmes erreurs d’ergonomie au lancement. Toutes les options d’escouade ne sont pas présentes. On ne peut pas davantage ajuster la transparence du HUD, qui nuit vraiment à la visibilité. Ce point sera cependant corrigé très prochainement. La customisation des accessoires des armes est une aberration ainsi que le système particulièrement peu intuitif pour rejoindre ses amis. La liste est longue mais tous les acquis de la licence semblent systématiquement faire l’objet d’une tabula rasa à chaque lancement. Même le système d’indications des dégâts sur les véhicules est une purge et donne l’impression de tirer pour du flanc. Certains tirs manqués interrogent par ailleurs sur la qualité du Netcode et du taux de rafraichissement du Tickrate, alors que tout porte à croire que la cible est touchée.

Passons également les choix esthétiques des menus magenta qui font passer les Ouigo de la SNCF pour des œuvres d’art. L’auteur de ces lignes a, comme bien d’autres, rencontré de nombreux bugs dans la customisation des touches. Faire rouler sa molette lance systématiquement une grenade par exemple. Impossible aussi à ce jour de regarder aux alentours en vue subjective en hélicoptère. Passons également les innombrables bugs graphiques et animations douteuses des avions qui virevoltent en toupie façon Interstellar ou les soldats tombés au front qui se tortillent au sol comme des gambas au barbecue. On sent que la guerre totale devait s’inviter sous le traditionnel sapin de Noël pour éviter de laisser la place à COD. Une erreur reconduite à chaque lancement et qui pourrait à terme diviser la communauté, lasse de jouer les bêta-testeurs au prix fort. Dans un paysage hautement concurrentiel entre les free to play, comme Warzone la sortie d’Halo et celle de COD, c’est une stratégie à hauts risques. Preuve en est, les premières évaluations négatives Steam sont catastrophiques même si peu représentatives de l’état du jeu. On sent combien certains ont déversé leur frustration derrière un clavier.

Patch en approche : Update#2 - Sortie le 25/11/2021

 

Après la grogne des joueurs, Dice semble prendre le problème à bras le corps et le premier patch s’annonce volumineux. On vous invite à consulter le debriefing publié sur le site officiel du jeu. Cela concerne les performances globales des serveurs, l’ergonomie comme l’équilibrage du gameplay avec notamment le nerf de ces maudits aéroglisseurs et du PP29. Au rang des indispensables, les options de transparence du HUD devraient on l’espère améliorer la lisibilité du titre. Sortie prévue dès demain ! On vous recommande d’ailleurs de suivre le canal direct de communication des mises à jour accessible sur le compte twitter Battlefield Direct Communication. A défaut d’un lancement solide, la communication du studio reste efficace. On se réjouit d’un rien… On vous laisse communiquer vos premiers retours sur Twitter, cet agora moderne parfois si propice à la paix des peuples !

Un jeu patchwork trois en un

Paradoxalement et malgré cette fanfare de bugs, le potentiel du jeu est bien présent et il faut lui reconnaître une générosité certaine. En plus du mode All out Warfare avec ses percées et conquêtes, BF2042 propose deux autres options. Hazard zone vous fait jouer en petit comité pour collecter des disques durs avant de vous extraire le premier de la map. Certaines IA viendront perturber vos échauffourées avec les autres joueurs. C’est sympathique mais pour le moment encore anecdotique. 

Enfin c’est le dernier mode Portal qui retiendra sans doute votre attention en attendant les correctifs d’équilibrage à venir pour le mode principal. Présenté comme un outil de création des cartes et le concours de BF1942, BF3 et BF Bad Company, c’est l’assurance de retrouver les madeleines de Proust des premiers jours de la saga Battlefield sous le meilleur jour. C’est aussi un bon moyen pour varier les plaisirs et une initiative bienvenue sur le long terme. Pour l’heure les options de navigation entre serveurs sont encore limitées mais gageons que la communauté devrait proposer des configurations intéressantes à l’avenir et des alternatives ludiques originales. 

À l’instar d’un Super Mario Maker sauce FPS, sur le papier tout est possible pour Portal et la seule limite sera celle de l’imagination et l’engagement des joueurs. C’est assurément une plus-value non négligeable pour la franchise et des cartes à 64 avec des options typées hardcore pourraient bien rajouter un peu de sel à la formule originelle. Ajuster la vitesse de jeu, augmenter le TTK, le nombre de véhicules, tout est customisable avec un éditeur ouvert également à ceux qui ne possèdent pas le titre, de quoi favoriser les productions à venir.

En jouant la carte nostalgie avec le mode Portal, tout en augmentant la barre du nombre de joueurs à 128, BF2042 a le syndrome du cuisinier qui double systématiquement les portions de beurre dans la pâte à crêpe pour combler ses invités. BF est pour le moment truffé de grumeaux et aurait sans doute mérité un coup de fouet plus affirmé. Si le gameplay n’avait jamais fait preuve d’autant de fluidité dans la liberté de mouvement et d’action qu’il propose, on a davantage l’impression d’évoluer dans un bac à sable, où l’on détruirait tout sur son passage, sans aucune règle autre que le plaisir de la pétoire. BF2042 ne fait pas dans la finesse et l’on se réconfortera dans ces quelques épiphanies de gameplay et ces « moments Battlefield » qui écument encore les parties avec un panache sans pareil. On regrettera cependant le manque d’audace et de vision d’ensemble pour une série qui aurait gagné à conserver son identité plutôt que de piocher allégrement dans toutes les tendances « artistiques » qui gangrènent les FPS modernes. Si la crêpe finit toujours par retomber du côté du beurre, nul n’est besoin d’imbiber la poêle de matière grasse sans risquer l’indigestion. Le dernier-né des studios suédois avait sans doute les yeux plus gros que le ventre. Battlefield 2042 saura-t-il résister à notre appétit une fois rassasiés par d’autres FPS sans doute plus homogènes ?
Pour
  • Le retour des hélicoptères
  • Un gunplay arcade et maîtrisé
  • Un florilège de modes de jeu
  • Le système de customisation des armes en temps réel
  • Une fluidité de mouvement inégalée
  • Les moments Battlefield toujours aussi jouissifs
  • La verticalité de gameplay offerte par le grappin et les tyroliennes
  • Le mode Portal qui devrait apporter une replay value intéressante
  • Le contexte "politique" guignolesque...
Contre
  • Manque de vision d'ensemble
  • DA générique et punchlines vomitives
  • Les bugs à foison
  • L'équilibrage réalisé par un aveugle
  • Teamplay en retrait
  • Manque de finesse
  • Des cartes sans saveur
  • Interface générale aux fraises
  • Customisation des armes archaïque et peu ergonomique
  • Où sont passées les frégates de guerre en 2042 ?
FPS

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.

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Mr Eric
Mr Eric
2 années

Chaotique. Je crois que c’est le mot qui suffit pour décrire ce Bf à tous les niveaux (surement aussi au niveau de son développement…).

Mr Eric
Mr Eric
2 années
Répondr à  KillerSe7ven

je sais même pas comment ça marche les invit en crossplay 😅 Doit falloir avoir un compte EA, mais de ce que j’ai compris cette partie aussi est un gros bordel. En plus sans chat, l’intérêt est carrément limité (ou alors faudrait que toi et Bennj utilisiez l’app xbox sur PC).
Pour le covid, je crois que ça a pas aidé au niveau technique, mais les plus gros problèmes du jeu sont des problèmes de fond et des décisions qui ont été prises qui n’ont aucun sens…
n’empêche que j’arrête pas d’y jouer et que je commence à bien m’y amuser 😁

Ummagumma
2 années
Répondr à  Mr Eric

J’avais découvert la série des BF avec BF3 sur 360 à l’époque, Tant de souvenirs ! Je me demande si ça fonctionne bien le crossplay, jamais essayé.

Nosphor68
Nosphor68
2 années

Je rejoins totalement la critique de Killer7 concernant ce Battlefield 2042 (et encore j’aurais été plus virulent si j’avais fait la critique) . Ce jeu est à l’image des jeux de 2021 (et même de ces dernières années….) , des jeux pas finis qui se foutent littéralement de la gueule des joueurs et le pire dans tout ça c’est que ça passe sans soucis……. J’ai mal à mon JV

Ummagumma
2 années
Répondr à  KillerSe7ven

Ça et puis mince c’est cher un jeu neuf au lancement ! La moindre des choses serait d’avoir un jeu terminé. Ou alors il faut le vendre moins cher au lancement.

Nosphor68
Nosphor68
2 années
Répondr à  Ummagumma

Dans l’absolu vendre moins cher un jeu qui est pété jusqu’à l’os dans les faits c’est honnête et salutaire, mais pour l’éditeur c’est un mauvais signal envoyé (surtout quand tu es un éditeur comme EA , une boîte qui est côté en bourse , des actionnaires etc……) .

Les jeux qui baissent au bout de 2,3 semaines après leurs sorties y’en a eu un paquet (pour des raisons de faibles ventes pour le coup) , comme Dishonored 2 il y a quelques années (trouvable à moitié prix en Neuf au bout de 3 semaines……. Le Syndrome de Arkane Studio….. de très bon jeux…… mais qui marchent pas commercialement….)

Et on peut remonter jusqu’au…… 1er Mirror’s Edge pour le même cas .

Personnellement j’achète de moins en moins de jeu DAY ONE , pas seulement pour une question de finition mais bien financière (Sauf…….. chez Nintendo !!!! Là par contre t’es obligé d’acheter les jeux Made In Nintendo dès la sortie car ces jeux là ne sont pas dévalorisés dans le temps par Nintendo , exemple en date Zelda BOTW est toujours à 59,90 même presque 5 ans après sa sortie) .

Du coup mieux vaut choper son jeu Nintendo à 40-45€ en DAY ONE plutôt qu’à 50-60€ quelques mois plus tard . 💰🎮👍

Ummagumma
2 années
Répondr à  Nosphor68

Je ne peux que plussoyer ce que tu dis pour Arkane Studios car je viens d’acheter Deathloop à moitié prix. J’étais surpris de le voir si peu cher alors qu’il est sorti récemment…

trackback

[…] ma déception de l’année était… (roulement de tambours) Battlefield 2042 (testé ici). Attention, ce n’est pas un mauvais jeu, mais ce n’est pas un grand BF. On pourra dire ce […]

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[…] on n’est pas dans Battlefield et on ne peut pas mourir éternellement en rushant comme un décérébré un point en espérant que […]

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