• Copie PC du jeu fournie par l’éditeur
  • Configuration de test : RTX 4090 + i9-9900K
  • Terminé en hard en environ 17 heures, en prenant mon temps et en terminant tout le contenu annexe
  • Des légions de nécromorphes ont été maltraitées au cours de ce test
  • Étymologie de Isaac pour faire vos malins au prochain réveillon : du latin Isaac, du grec ancien Ἰσαάκ (Isaák) et, plus avant, de l’hébreu יצחק‎ (Yiṣḥāq) qui signifie « il rira »

Un grand homme a dit un jour : « Le monde se divise en deux catégories : ceux qui tiennent un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses… ». Le manichéisme de cette citation, du père que je n’ai jamais eu, à savoir Clint Eastwood, pourrait s’appliquer aux remakes. D’un côté des relectures qui transcendent l’original et ravivent nos souvenirs de jeu avec élégance, comme Resident Evil Gamecube ; de l’autre, des dépoussiérages manqués comme Medievil Remake, qui nous font penser qu’il aurait peut-être mieux fallu continuer de ressasser nos réminiscences fantasmées. Où se situe Dead Space ?

É que s'apelerio Isaac

Pour ceux qui n’auraient jamais touché à Espace Mort, le jeu nous met aux commandes de Isaac Clarke, un mécanicien du futur au mauvais endroit au mauvais moment, qui voit dégénérer une mission de routine en cauchemar interminable, lorsque lui et le reste de son équipe se retrouvent piégés à bord de l’USG Ishimura, un vaisseau titanesque infesté de monstres conçu pour sonder l’espace à la recherche d’exoplanètes et d’astéroïdes à forer jusqu’au noyau. Après tout, si la Terre est vidée de ses ressources, il reste l’espace à épuiser, non ?

La vie à bord de l'Ishimura, si loin de la Terre, n'était pas de tout repos pour les employés.

Le scénario de série B se laisse toujours autant apprécier. Enrichie sur certains aspects et toujours dotée d’une mise en scène très viscérale et à l’épaule du personnage, l’histoire est développée au moyen de quêtes secondaires visant à donner plus d’informations sur le triste univers du jeu. Sur certains aspects, avec ses TotalÉnergies de l’espace prêts à détruire des planètes entières, déstabiliser des systèmes solaires, maltraiter leurs employés et se réfugier derrière une campagne de communication bien orchestrée, Dead Space en serait presque crédible.

Une immense salle des machines, qui servait probablement à transformer les gisements d'exoplanètes.

Chair à vif

M’enfin, ne vous attendez pas à Disco Elysium hein, on reste là pour se faire peur et hacher menu des nécromorphes. À ce niveau, vous serez servis ! Vous souvenez-vous de ces monstrueux zouaves ? Mais si, vous savez, cet espèce de croisement entre des crevettes et Michael Jackson, dont les représentants aiment sortir des conduits de canalisation en hurlant comme Taz.

Et si les nécromorphes demandaient seulement un peu d'affection ?

Encore plus dégueulasses qu’avant car plus détaillés, il est toujours aussi agréable de les découper par le biais des nombreuses armes d’Isaac. Lance-scie circulaire « télékinétique », fusil automatique, cutter plasma, rayon à micro-ondes : vous allez découper, écraser, broyer, projeter et faire fondre du nécromorphe comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Selon une étude de l'INSEE, 99% des nécromorphes connaissent une mort violente. Les 1% restant finissent leur vie à la campagne.

Les stratégies de combat sont assez nombreuses et les éléments du décor peuvent être mis à profit pour prendre l’avantage. Il est ainsi possible d’arracher à la volée un tuyau à l’aide de la télékinésie pour empaler une monstruosité un peu trop collante, ou encore d’ôter à une bestiole sa propre pince pour la retourner contre l’un de ses collègues. Il y aussi des bombonnes rouges pas très finaudes placées ici et là histoire de mettre le feu aux poudres quand le besoin s’en fait sentir. Sur ce dernier point, on sent que le squelette du jeu date de 2008.

Un nécromorphe fraîchement empalé contre un mur avec la pince d'un de ses amis.

Chérie, j'ai démembré les gosses

Je mets au défi quiconque d’entre vous d’essayer d’expliquer à un proche non initié aux jeux vidéo en quoi le démembrement virtuel, c’est grisant. J’ai beau essayer avec mon épouse, je finis toujours par récolter en retour un petit rire gêné assorti d’un regard certes plein de tendresse, mais dans lequel pointe une légère inquiétude.

Salade, tomate, oignon ?

Toujours aussi violent dans ses exécutions (ennemis comme protagonistes), le titre brille toujours autant sur ce plan, en plus d’être transcendé par des graphismes magnifiques, avec des effets de lumière et de fumée très impressionnants. Pour faire court, il s’agit de la remasterisation de l’Ishimura telle que je l’avais rêvée.

Que se cache-t-il au fond de ce couloir ?

Le vaisseau constitue presque un personnage à part entière, tant il est essentiel au récit et à l’ambiance poisseuse et claustrophobe du titre. Aujourd’hui infesté de créatures mortelles et hanté par de rares survivants en proie à la folie, ce lieu à l’abandon semblait déjà extrêmement triste à arpenter avant que la catastrophe ne survienne. Comparable à une fourmi perdue au milieu de ces immenses machines, Isaac devra se frayer un chemin pour parvenir à ses objectifs, retrouver sa douce Nicole et ficher le camp de cet enfer de métal et de sang.

Les jeux de lumières sont tout simplement bluffants.

Sur le plan sonore, Dead Space brille toujours autant, avec des pistes plus nerveuses lors des combats et des morceaux plus calmes et angoissants lors des phases d’exploration, plus à même de maintenir un état de tension permanent, alors qu’on explore les couloirs sombres sur le qui-vive. On apprécie particulièrement les trompettes guerrières lorsqu’Isaac améliore sa combinaison. Les séances sans gravité et sans oxygène sont toujours de la partie et sont quant à elles particulièrement tendues, du fait que les sons sont étouffés et de la limite d’oxygène d’Isaac.

Dead Space
Dead Space maîtrise son ambiance de A à Z

L'avis de KillerSe7ven

KillerSe7ven

Après avoir fini l’aventure, je peux déjà rejoindre l’avis d’Ummagumma sur les qualités du titre. Dead Space est le cas d’école d’un remake réussi. Fidèle, trop fidèle même ? Difficile de chercher des noises à un opus qui coche une à une les cases d’une relecture intelligente. 

Dead Space sait aussi faire preuve d'humour avec ses publicités old school qui rappellent Bioshock

J’ai pour ma part été bluffé par son ambiance, ses éclairages qui déchirent l’ombre avec des contrastes appuyés. Les armes elles-aussi ont subi un important lifting même si j’ai eu l’impression que le jeu m’a semblé plus proche de l’action horror que du survival horror. Dead Space 2023 reprend à son compte le système d’améliorations des flingues du second volet. On trouve ainsi des plans qui permettent d’avoir accès à des compétences spéciales hautement létales depuis le fidèle établi. Notons d’ailleurs qu’après avoir fini l’aventure principale et une partie des quêtes annexes qui gonflent artificiellement la durée de vie avec un système de RIG et de portes à débloquer, ce bon vieux Isaak m’a semblé devenir une machine de guerre. 

Le travail accompli pour modéliser des armes funs et dévastatrices est remarquable. Les animations de rechargement sont pertinentes et même les chargeurs volent en apesanteur. Mention spéciale au combo lance-flammes et force gun. Si dans le jeu original cette arme permettait seulement de repousser les monstres, les développeurs se sont amusé à intégrer un nouveau tir secondaire où les ennemis sont piégés dans un puit gravitationnel, l’occasion idéale pour leur donner un petit coup de chalumeau au passage. Les pièges laser du trancheur sont aussi dévastateurs une fois poussés au maximum, voire carrément pétés

Dead Space
Les zones 0 gravité gagnent en souplesse même si l'atterrissage est encore assez rigide.

Tous ces changements sont bienvenus et particulièrement grisants même si le mode difficile est bien trop généreux en munitions. Un mode de difficulté intermédiaire avant le mode impossible aurait été apprécié. Je n’ai même pas eu besoin d’améliorer ni mon armure ni ma stase à aucun moment du jeu particulièrement généreux en checkpoints. Cette version 2023 oublie un peu la précision du cutter plasma pour des armes de gros calibre qui nécessitent moins de charcuter ces malheureux nécromorphes. Le trancheur, d’ailleurs, apparaît plus tardivement dans l’aventure, alors qu’il m’avait semblé tellement indispensable en 2008, à moins que ma mémoire me joue des tours…. J’ai pour ma part très vite rangé mon cutter plasma au placard d’autant plus qu’on peut payer 5000 crédits pour récupérer tous les points d’améliorations et les reporter sur des gros fusils plus énervés. Dead Space 2023 est-il plus bourrin que son modèle ? 

Pour autant, le plus gros défaut de Dead Space ne vient pas du jeu, mais du fan de la franchise que je suis, rattrapé par des souvenirs qui nuisent nécessairement à l’effet de surprise. C’est à cela qu’on reconnaît un grand nom. Quand certains sont aujourd’hui oubliés à peine après y avoir joué, Dead Space rappelle combien une oeuvre sortie en 2008 tient la dragée haute à bien des productions de 2023. Mémorable, Dead Space est sans doute l’un des plus grands survival horror à ce jour, un exemple de HUD et d’ergonomie des menus intégrés ingame

De la petite note de musique mystérieuse qui retentit au moment opportun comme en hommage à Alien aux zones zéro gravité à glacer le sang, le jeu joue une partition réussie du début à la fin. Mention spéciale au travail réalisé sur le sound design et la spatialisation au casque ou en 7.1. J’y joue autant sur vidéoprojecteur en 4K que sur écran ultra large de quoi profiter de splendides panoramas et d’une visibilité accrue. C’est un régal de chaque instant de jouer dans de telles conditions. Dead Space est mon partenaire d’insomnie et comme une madeleine de Proust ; un grand écart entre mes 17 ans et le joueur que je suis aujourd’hui. Il y a fort à parier qu’avec le succès du remake et le probable flop de Callisto Protocol, le second volet soit déjà à l’ordre du jour d’EA. On ouvre les paris ?

Dead Space
Dead Space a un sens de la composition inégalé en terme d'éclairages

Au moment de conclure, vous vous demandez peut-être quelles sont les véritables nouveautés de cette version 2023. C’est peut-être le point qui fera débat. Ce remake de Dead Space respecte presque à la virgule près l’original. Les joueurs dotés d’une bonne mémoire risquent donc de se sentir en terrain un peu trop connu. Il s’agit toujours d’un débat difficile dans le sens qu’une modernisation trop libre peut également être reprochée. Je pense notamment au paresseux Resident Evil 3 qui zappait des pans entiers de Resident Evil 3 : Nemesis. Sur certains aspects et malgré des changements de mise en scène, Dead Space 2023 tient davantage de la remasterisation graphique d’excellente facture, avec un accent mis sur le remodelage de la forme plutôt que sur la remise en question du fond. Le titre n’en demeure pas moins un joyau réactualisé du survival-horror, dont il convient de saluer le travail d’orfèvres des développeurs. La meilleure version de Dead Space, assurément.

Pour
  • L'USG Ishimura qui crève l'écran
  • Isaac Clarke : un côté Monsieur Tout-le-monde qui met en valeur son courage
  • Une ambiance à couper au cutter plasma
  • Effets de lumière et de fumée magnifiques
  • Le design des monstres
  • OST variée et parfaitement en accord
  • Excellente gestion du 7.1
  • Interface diégétique toujours aussi séduisante
  • Gore à souhait
Contre
  • Il manque un mode de difficulté entre Difficile et Impossible
  • Des micro-ralentissements, parfois, (liés à Denuvo ?) et quelques rares bugs
  • Peut-être trop fidèle ?

Résident permanent dans la petite bourgade de Raccoon City et prosélyte du génial Rain World depuis 2017, on l'entend parfois jurer à pleins poumons lorsqu'il perd lamentablement face au singe de Sekiro à un poil de lemming près. En quête d'une 3080 depuis bientôt un an, le malheureux espère une réception de sa commande en 2022 : l'important c'est d'y croire ! Son TOC préféré ? Recenser dans un PDF tous les jeux auxquels il a joué dans sa vie.

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.

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Edgar Atoi
Edgar Atoi
1 année

Allez on achète le jeu, vous m’avez convaincu ! (et non car ici on a 8 Go de Ram et un I5 💀)

KillerSe7ven
Administrateur
1 année
Répondr à  Edgar Atoi

Si ce n’est qu’une affaire de RAM, ça vaudrait ptet le coup de passer à 16 ou 32 GO, ça ne coûte pas très cher sur le net et c’est devenu un indispensable.

Edgar Atoi
Edgar Atoi
1 année
Répondr à  KillerSe7ven

Elle est loin maintenant l’époque où avec 8 Go on pouvait tout faire tourner 🥺

KillerSe7ven
Administrateur
1 année
Répondr à  Edgar Atoi

Petit up de ma partie comme je viens de finir le jeu au passage. ^^

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[…] 4 qui a enfin droit à un remake digne de ce nom. Autre fleuron du genre, Dead Space (lire notre critique) a également su tirer sa part du gâteau en revisitant l’Ishimura avec panache. Cela faisait […]

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[…] à écrire. C’était déjà l’une des tares de la version 2023 de Dead Space (lire notre critique) et on retrouve ce travers chez Capcom. Le premier run perdra ainsi largement en intensité et en […]

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