Quoiqu’en disent les fans – d’ailleurs parfois un peu sectaires – du dernier Barbie, le film de Gerwig corseté dans l’univers publicitaire Mattel ne propose qu’un féminisme en solde. L’occasion peut-être de parcourir le spectre des différents genres cinématographiques pour proposer une petite sélection de vrais films féministes ! Et si les vôtres n’y figurent pas, n’hésitez pas à les suggérer en partageant vos commentaires…
Comédie loufoque embrassant totalement son propos, Énorme de Sophie Letourneur est peut-être la proposition de cinéma la plus féministe de ces dernières années. Entre un duo d’acteurs parfaits – Marina Foïs et Jonathan Cohen – et un pitch qui retourne parfaitement les codes patriarcaux archétypaux (la femme carriériste laisse son homme s’occuper des cours de préparation à l’accouchement), Énorme se hisse volontiers au rang des longs-métrages les plus intéressants de l’année 2020.
Son intrication entre segments frôlant la construction documentaire et pure fiction n’ajoute que de l’intérêt à ce film hors-norme. Ne reste alors plus qu’à rattraper Voyages en Italie, le dernier film en date de cette réalisatrice.
Une preuve s’il en fallait que la notion de male gaze – tant commentée – n’a aucun lien avec le genre du réalisateur derrière la caméra. En effet, Ridley Scott propose avec Thelma et Louise une ode au féminin sous forme de road-movie, où Geena Davis et Susan Sarandon forment un duo inoubliable.
Si c’est enfoncer des portes ouvertes que de le proposer ici, sa ressortie récente en excellente qualité devrait – je l’espère – motiver les derniers récalcitrants à rattraper ce chef-d’œuvre des années 90.
Saint Omer sans trait d’union, se déroulant dans la ville de province éponyme (mais avec un trait d’union) où le procès pour infanticide de Fabienne Kabou secoue la population. Alice Diop y propose non seulement la relecture d’un sordide fait-divers, mais également une réflexion touchante sur la maternité, tricotée d’un sous-texte lorgnant du côté du mythe de Médée. Un huis-clos passionnant dont la plaidoirie finale se place en point d’orgue du long-métrage.
Si nous évoquions un film ayant trait au documentaire (Énorme) ou touchant à la réalité tangible du fait-divers (Saint Omer), avec Ardent·x·s nous sommes dans le pur documentaire. On y suit un groupe de jeunes personnes désireuses de développer une pornographie éthique et dissidente.
Réhabilitant avec brio les métiers entourant la production de contenus pornos, Ardent·x·s se pose comme une réflexion sur l’art, la sexualité et les désirs sous toutes leurs formes, bien loin des dictats imposés par l’industrie du X mainstream. Passionnant !
Érigé tantôt en génie, tantôt en enfant gâté du cinéma, Xavier Dolan (qui a récemment annoncé arrêter sa carrière de cinéaste) propose pourtant avec Laurence Anyways l’un de ses films les plus marquants. On lui pardonnera volontiers sa longueur excessive tant le duo formé par Suzanne Clément et Melvil Poupaud crève l’écran ! Un pur film de fiction queer et envoûtant…
Avec la québécoise Monia Chokri et son Babysitter, on se prend non seulement une bonne dose de comédie mais surtout une réflexion acide sur le machisme latent de nos sociétés. Présenté au NIFFF 2022, ce long-métrage jouant avec les genres s’impose comme l’objet le plus acerbe de cette sélection. Autant dire que l’on attend avec impatience le prochain film de cette réalisatrice, Simple comme Sylvain, qui devrait sortir en novembre.
Avec ce film phare de l’année cinématographie 1942 – ensuite retourné 40 ans plus tard par Paul Schrader en un remake éponyme – Jacques Tourneur propose un long-métrage trouble. Film noir jouant avec les codes du fantastique et de l’horreur, La Féline est une magnifique exploration métaphorique du désir féminin enfouis par les normes sociétales. Et pour ne rien gâcher, le film est tout simplement splendide formellement. Un classique inévitable !
Qu’il s’agisse de X ou de Pearl, Ti West injecte dans ses productions horrifiques récentes un renouveau du féminin pourtant calqué dans les époques respectives où se déroulent ses longs-métrages. La preuve, s’il en fallait, qu’une réécriture des scream-queens un peu potiches des années quatre-vingts était possible (et nécessaire !). La critique complète de Pearl est à lire ici !
Entre la nonne aux envies lubriques de Benedetta (Virginie Effira), la sombre histoire de viol d’Elle avec Isabelle Huppert ou encore l’histoire de Nomi Malone souhaitant devenir une célèbre showgirl, Paul Verhoeven a fait des personnages féminins forts l’ADN de ses longs-métrages.
Toujours troubles, complexes, torturés par l’inadéquation entre désirs internes et normes extrinsèques, chaque film du néerlandais vaut son pesant d’or (et sait provoquer le débat). Et faire une sélection de films féministes sans l’évoquer, aurait été tout bonnement impossible !
Film de Justine Triet – désormais couronnée d’une palme d’or avec son film à venir, Anatomie d’une chute – Sibyl explore les affres d’une psychothérapeute (Effira, encore elle) mêlant la vie de sa patiente (une actrice dans le film, incarnée par Adèle Exarchopoulos) aux fictions qu’elle couche sur papier.
S’ensuit une histoire de jalousie, d’amour et de désirs, vénéneuse et tentaculaire. Une plongée dans un labyrinthe résolument féminin qui vaut le coup d’œil, tout autant que Victoria (le film précédent de Triet, toujours avec Virginie Effira).
Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.
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[…] On se retrouve dans 10 ans pour voir si les choses auront changé suite à MeToo. D’ici là, continuons à promouvoir ensemble le cinéma au féminin. […]
J’ajouterai à cette chouette sélection #Agora, #Alien (le plus symbolique du lot), #ErinBrockovich, #LesFiguresDeLombre, #Mustang (de loin le plus engagé), #PortraitDeLaJeuneFilleEnFeu, #PromisingYoungWoman, #Revenge (2017) et #TheNightingale.
> Alien, le huitième passager – Le monstre d’une génération – MaG (movieandgame.fr)
> Promising Young Woman, l’ange de la vengeance – MaG (movieandgame.fr)
> The Nightingale – MaG (movieandgame.fr)