Du vendredi 15 au dimanche 17 septembre 2023, la 4e édition de la Discovery Paris Shark Week s’est déroulée sous le ciel clément du 17e arrondissement de la Ville Lumière. Couvert par le loup celeste, l’ami des requins perché dans les hauteurs de ses Pyrénées natales, l’évènement accueilli par Le Club de l’étoile proposait des premières mondiales de longs-métrages documentaires et de fiction ainsi que des films inédits en France. Aussi captivants que fendards, ces trois jours passés en compagnie du roi des océans auront permis de sensibiliser le public aux requins et à la cause écologique tout en l’invitant à assumer et à embrasser ses peurs profondes…
Sommaire
Immersion
Soutenu par la véritable légende de l’écologie Paul Watson, cette 4e édition a vu se succéder des films (documentaires compris), des exposants et des conférences au sein du Club de l’étoile, salle de cinéma atypique à l’ambiance cosy et chic disposant d’un matériel haut de gamme en matière de reproduction sonore et visuelle. C’est d’ailleurs dans cet espace propice à la convivialité, aménagé dans le style des grands transatlantiques, que j’ai pu faire de belles et nombreuses rencontres…
Le réalisateur et grand passionné des squales Fabien Delage, rien de moins que le créateur du Paris Shark Fest en 2020 (aujourd’hui connu sous le nom du Discovery Paris Shark Week), des membres de l’association Sharks Mission France dont sa créatrice et présidente Fabienne Rossier, l’homme derrière les histoires de la collection jeunesse Captain Paul (basée sur les principales campagnes de l’association écologiste Sea Shepherd), David Ribet alias Gropapa, et j’en passe.
Durant ces trois jours, en plus des séances Sharksploitation, les six documentaires en compétition (Great White Shark Babies, Alien Sharks: Strange New Worlds, Jaws vs. the Meg, Jungle Sharks, Attacking Life, Sharksploitation) et les trois conférences (Squalophobie, Sea Shepherd Origins, Au coeur du commerce d’ailerons de requins et des institutions européennes) étaient aussi là pour rappeler le rôle essentiel des requins dans la santé des océans.
Indispensable à l’équilibre de la chaine alimentaire, ce super prédateur marin est pourtant menacé puisqu’en 30 ans, l’homme a exterminé plus de trois milliards de requins. À aujourd’hui, près de 100 millions de requins sont pêchés pour leurs ailerons chaque année et 1/3 des 465 espèces est menacé d’extinction. La préservation des requins, responsables de moins de 10 décès par an (les moustiques tuent 80 000 fois plus), est un enjeu mondial et il est de notre devoir de protéger et assurer pérennité aux requins. Sans eux, c’est tout l’équilibre de l’océan qui est en danger… Et ce sont nos océans qui fabriquent à 50% l’air que nous respirons !
Et avant de vous laisser avec le palmarès et les séances Sharksploitation, un petit mot sur le court-métrage Tigereyes de la réalisatrice, photographe et artiste Martina Trepczyk, film magnifique (c’est peu de le dire) sur une femme voilée plongeant avec les requins qui invite à une puissante réflexion sociologique et culturelle en seulement 12 minutes ! Une découverte emplie d’émotions projetée avant Alien Sharks: Strange New Worlds.
Palmarès
Le public et le jury (composé du biologiste et expert en requin Pedro Lopez Alegret, de l’architecte et docteur en sciences Nicolas Gilsoul, du réalisateur et chef opérateur sous marin Pierre-Etienne Larrous et de la plongeuse et apnéiste Anne-Sophie Mouraud) ont décidé de consacrer le film documentaire Sharksploitation de Stephen Scarlata, connu comme étant le producteur de Jodorowsky’s Dune.
Un triomphe plus que mérité tant ce documentaire dédié à l’Histoire des films de requins explore en profondeur ce sous-genre en faisant intervenir de nombreux auteurs et réalisateurs ayant déjà traité le sujet comme (pour ne citer qu’eux) Roger Corman (Sharktopus), Joe Dante (Piranhas) et Johannes Roberts (47 Meters Down). Une « plongée » aussi passionnante qu’instructive !
Séances Sharksploitation
En parlant de Sharksploitation, sous-genre du film d’exploitation ayant émergé à la suite du succès des Dents de la mer (1975), coup de projecteur sur les huit longs-métrages diffusés durant le festival… Et je vous le dit, ils ne manquaient pas de mordant !
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Doll Shark
Première européenne
Réalisation : Mark Polonia
USA / 2023 / 77 min / VOSTFR
Le réalisateur Mark Polonia (Cocaïne Shark, Sharkula, Noah’s Shark) revient avec le film de requin le plus absurde de l’année. Doll Shark raconte l’histoire d’une peluche de requin aux premiers abords inoffensive. Mais en fait, celle-ci se révèle être possédée par l’esprit maléfique d’un requin tueur.
Une peluche de requin possédée à l’appétit vorace, des acteurs amateurs qui débitent des dialogues cocasses, une « mise en scène » digne de la vidéo souvenir de papa, de faux programmes télévisuels parce que pourquoi pas, un enquêteur cliché sur pattes qui porte bien ses lunettes de soleil et de faux raccords en veux-tu en voilà, pour ce nanar en coton où situations absurdes et gore de ketchup partagent les lieux du crime. Les Polonia ont encore frappé ! 🦈
Les Dents de la mer, 2e partie
Nouveau master 4K inédit au cinéma
Réalisation : Jeannot Szwarc
USA / 1978 / 116 min / VOSTFR
Quatre ans après les attaques du grand requin blanc à Amity Island, deux plongeurs photographiant l’épave de l’Orca sont attaqués et dévorés par un autre grand squale. Pour les 45 ans de Jaws 2, replongez dans les eaux dangereuses d’Amity…
Chouette série B friande de chair adolescente, cette suite où la terrible menace des profondeurs rôde dans les eaux de la station balnéaire d’Amity Island n’est certes pas le chef-d’œuvre carnassier de Spielberg, mais une suite diablement efficace dont l’effet de surprise éventé est suppléé par de mémorables attaques et un Roy Scheider toujours aussi à l’aise dans son costume de Brody. 🦈🦈🦈
Puppet Shark
Première européenne
Réalisation : Brett Kelly
USA / 2022 / 68 min / VOSTFR
L’ultime « chef-d’œuvre » de Brett Kelly (Ouija Shark, Raiders of the Lost Shark), un shark flick réalisé avec des marionnettes. Mélange entre les Muppets et Jaws, cette comédie d’un nouveau genre va en étonner plus d’un.
Alors qu’elle nage en direction de son casse-croûte aux poils soyeux, cette anthologie satirique faite avec trois bouts de ficelle voit se croiser, dans la joie et la bonne humeur, une sirène en proie à un mac requin, des junkies nourrissant un grand blanc de guimauves, un dentiste adepte de fils dentaires s’occupant de la mâchoire d’un squale à mauvaise haleine et j’en passe. Ça n’a aucun sens mais on se marre comme une baleine ! 🦈🦈
En eaux troubles
Meg Night
Réalisation : Jon Turteltaub
USA / 2018 / 116 min / VOSTFR
Missionné par un programme international d’observation de la vie sous-marine, un submersible est attaqué par une créature gigantesque qu’on croyait disparue. Équipez-vous et lancez-vous dans une lutte pour la survie en compagnie de Jason Statham et d’un requin préhistorique de plus de 20 mètres.
Jason Statham vs. Mégalodon, c’est un peu le programme « harponnant » de ce blockbuster tout public. Et s’il évite tout bain de sang (la machine à dépecer ne bouffe finalement pas grand-chose), il assure parfaitement le divertissement avec ses séquences musclées et ses effets spéciaux impressionnants. Mordez donc à l’hameçon ! 🦈🦈🦈
En eaux très troubles
Meg Night
Réalisation : Ben Wheatley
USA / 2023 / 113 min / VOSTFR
Une exploration sous-marine dans les profondeurs de l’océan tourne au chaos lorsqu’une exploitation minière malveillante menace la mission et force l’équipe de recherche à se lancer dans une périlleuse bataille pour la survie.
Si elle échappe de peu au naufrage grâce à son climax over the top (façon Mega Shark vs. Giant Octopus) sur l’île du fun, cette suite encore plus WTF n’en reste pas moins une publicité mensongère (les mégalodons étaient plus présents lors de la promo que dans le film) mise en boîte par une IA se faisant passer pour Ben Wheatley. Chiant et bardé de faiblesse visuelle, ce Die Hard aquatique qui ne sort la tête de l’eau que trop tardivement est une immense déception. Donc non, la faim ne justifie pas les moyens ! 🦈🦈
Les Dents de la mer 3-D
Version restaurée projetée en 3D anaglyphe
Réalisation : Joe Alves
USA / 1983 / 100 min / VOSTFR
Pour ses 40 ans, l’épisode les plus cheezy de la franchise est projeté pour la première fois en 3D avec les fameuses lunettes rouges et bleues chères aux années 80. Dans « Le Royaume sous-marin » de SeaWorld en Floride, la légende devient réalité !
Plus attraction de parcs de loisirs qu’œuvre cinématographique, ce 3e opus à l’idée de départ séduisante prend rapidement l’eau et a bien du mal à ne pas couler. De sa mise en scène statique à son casting au rabais, en passant par son requin géant peu vorace et ses attaques softs, il ne vaut son ticket d’entrée que pour le spectacle stéréoscopique (le film a été capté en Arrivision 3D) généreusement démonstratif (sauf en anaglyphe) qu’il propose. Inutile donc de préciser que dans sa version plate (aux trucages d’autant plus ringards), cet épisode ne peut que sombrer ! 🦈🦈
Sharknado
Inédit en salle
Réalisation : Anthony C. Ferrante
USA / 2013 / 84 min / VOSTFR
Une tornade formée au large du Mexique entraîne l’invasion de Los Angeles par des requins. Le propriétaire d’une buvette de bord de mer et ses amis doivent faire face à la menace. Le plus culte des nanars télévisés fête ses 10 ans sur grand écran.
Précédée d’un énorme buzz (coucou Barbie), cette production The Asylum au concept aussi débile qu’improbable à base de tornades démesurées remplies de requins affamés tient étonnamment bien ses promesses, et s’érige comme un nanar cartoonesque terriblement fun où les scènes WTF (les requins qui nagent entre les voitures, le héros qui abat les squales avec un revolver alors qu’ils sont dans les airs et qui en coupe un en deux à l’aide d’une tronçonneuse, le sauvetage des enfants dans le bus, le requin-marteau qui écrabouille un passant, le final avec l’hélicoptère) jamais dénuées de sang, les acteurs enthousiastes, les effets spéciaux douteux et les faux raccords rigolos (le niveau de l’eau n’est jamais le même, le ciel passe d’un plan à l’autre de dégagé à couvert, les véhicules circulent en arrière-plan comme si de rien n’était) combleront les nanardeux et/ou les curieux. Un véritable plaisir coupable ! 🦈🌪️
Jurassic Shark 3: Seavenge
Première européenne
Réalisation : Mark Polonia
USA / 2023 / 70 min / VOSTFR
Vous allez mourir… de rire devant le 3ème opus de la franchise super low budget Jurassic Shark. Un journaliste, un caméraman et des voleurs sont bloqués dans un bateau sur l’océan. La seule chose qui les sépare du rivage est un requin préhistorique de 15 mètres de long.
Du Z du plus mauvais effet où des « acteurs » perdus en mer (à quelques mètres du rivage) sont confrontés à un requin préhistorique bien timide (mélange de CGI foireux et de jouets en plastique) alors que les (courageux) spectateurs doivent les supporter et se farcir des bulletins TV à tout bout de champ. Fort heureusement, Sharkenstein vient foutre le boxon à la fin ! Polonia à son pire… Ou à son meilleur en fonction de votre humeur du moment. 🦈
Très chouette article récapitulatif avec une belle mise en perspective du festival. On sent le plaisir régressif sur certaines séries Z, j’adore !
C’était top franchement, je me suis régalé !
Je t’aurais bien accompagné mais c’était la course avec le rentrée scolaire, les voyages, le retour de la Gamescom et le FEFFS qui s’annonce !
Que de souvenirs… cinématographiques ! Merci pour ce bel article !
Merci à vous de nous lire !
Les Dents de la Mer 3, le film qui a démarré ma phobie des requins et des profondeurs… :-S
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