Halloween oblige, voilà que fleurissent les adaptations DTV de Stephen King et son roman Simetierre n’échappe pas à la règle, cette fois-ci pour le compte de Paramount+. Mais que vaut cette énième adaptation du livre de 1983 ?

Simetierre(s) à la pelle

Tout le monde connait l’histoire de Simetierre, le bouquin de King adapté par Mary Lambert (1989) dont un remake éponyme est sorti en 2019. L’histoire de la famille Creed, s’extirpant des rues de Chicago pour trouver la quiétude dans l’État du Maine, plus précisément dans la petite bourgade de Ludlow. S’installant dans leur nouvelle demeure, le père de famille, Louis Creed, découvre que leur maison jouxte un ancien cimetière pour animaux. Un lieu utilisé par des générations et des générations, jusqu’à aujourd’hui comme en témoigne la présence d’un panneau mal orthographié « Simetierre » (« Pet Sematary » en VO).

« Simetierre » (1989)

Lorsque le chat de la famille finit broyé sous les roues d’un camion peu après leur emménagement, le père, chamboulé, s’en va demander conseil à leur voisin, Jud Crandall. Celui-ci va montrer à Louis un ancien cimetière indien, perdu plus haut derrière leurs maisons, et lui conseille d’enterrer le chat dans ces terres sacrées. Le lendemain, le félin fait irruption dans leur villa comme si de rien n’était. Mais un engrenage maléfique semble bel et bien s’être enclenché…

« Simetierre » (2019)

Si l’adaptation de Mary Lambert a vieilli mais reste au-dessus du lot (notamment grâce à la présence de l’inimitable Fred Gwynne au casting), celle de 2019 n’est pas particulièrement novatrice ou réjouissante. Comme souvent, le bouquin reste bien au-dessus de ses resucées filmiques. La seule adaptation notable est celle qu’en fait le groupe de punk rock Ramones, dans leur chanson « Pet Sematary », commandée par Stephen King en personne, pour la bande-son du film de Mary Lambert.

Simetierre : l'origin story

Mais que restait-il à raconter du mythe pour que sorte un nouveau film titré Simetierre : Aux origines du mal (Pet Sematary: Bloodlines en VO) ? Une origine story pardi !

En effet, la jeune réalisatrice Lindsey Anderson Beer propose par ce film d’explorer la jeunesse de Jud Crandall (Jackson White) durant l’année 1969. Échappant à la guerre du Vietnam, il souhaite quitter pour de bon le bourg de Ludlow avec sa copine, Norma (Natalie Alyn Lind). Pourtant, la rencontre de l’un de ses anciens camarades de retour de la guerre, Timmy (Jack Mulhern), lui fera comprendre que quelque chose cloche à Ludlow et que, définitivement, la mort est parfois préférable…

Film plus mort que vivant ?

Niveau casting, le couple formé par Jackson White et Natalie Alyn Lind fait le travail et incarne sans heurts ces deux jeunes idéalistes souhaitant quitter leur bled du fin fond des États-Unis pour rejoindre les Peace Corps (Le Corps de la Paix, une agence publique étasunienne). On retrouve également le très sympathique Forrest Goodluck, incarnant un ami d’enfance de Timmy et Jud, qu’on a récemment pu voir dans Sabotage (2023) notamment. Et si l’on remonte d’une génération, leurs pères sont interprétés par David Duchovny (X-Files évidemment) et Henry Thomas (qui est de quasiment tous les projets de Mike Flanagan dont la toute prochaine série Netflix La Chute de la maison Usher).

Pourtant, la caractérisation de personnage la plus importante – et la plus ratée – se situe au niveau de Timmy. Ce jeune homme, hanté par ce qu’il a vécu durant la guerre, est en effet le pivot des évènements qui s’apprêtent à déferler sur Ludlow. Pourtant, la réalisatrice Lindsey Beer semble bien en peine lorsqu’il s’agit de lui donner la moindre substance… L’unique caractérisation qu’elle amène par le prisme du traumatisme n’en fait pas un être de chair, pas plus que la peinture qu’elle esquisse : un Golum fouisseur (nous le découvrirons en fin de film), exsangue, marmonnant parfois quelques prénoms, qui tient autant du zombie que du psychopathe à interner.

Éclairage à enterrer (six pieds sous terre)

Autre point noir, plus technique, celui de l’éclairage. Simetierre: Aux origines du mal s’ouvre sur une scène nocturne figurant le personnage de David Duchovny et immédiatement, la catastrophe sur l’usage de l’éclairage est mise en lumière ! Un naufrage qui se fera redondant tout au long du long-métrage (des scènes d’intérieur, des scènes souterraines, des scènes nocturnes, etc.), qui même sur petit écran ne pardonnent pas. Pire, des incursions qu’on devine giallesques (comme une nuit éclairée en rouge) relèvent soit d’une prétentieuse envie de faire du coude à ce pan là du cinéma, soit d’un simple effet de style complètement raté, c’est selon.

Et nous pourrions allonger notre liste de doléances avec les problèmes de découpage et de montage du film (on saute constamment d’un groupe de personnage à l’autre sans jamais laisser au spectateur le temps de s’immerger dans la nouvelle partie de l’histoire dans laquelle on le plonge), ainsi que sur une fin qu’on ne spoilera pas mais qui reste franchement ridicule.

Film à oublier ?

Mais malgré tout ça… Peut-être parce que l’univers de Stephen King reste tangible en dépit du fait qu’il s’agisse d’une très lointaine origin story, peut-être parce que la plongée dans ce bled reculé du Maine fait plaisir à voir, peut-être grâce aux quelques incursions gores (cheap) mais bien senties, Simetierre : Aux origines du mal reste au moins plaisant à regarder.

Un film d’Halloween à voir entre potes et avec quelques canettes, certes frustrant mais qui fait tout de même le taf. Et on l’espère, l’occasion de se (re)plonger dans le bouquin de Stephen King qui fait partie des plus savoureux de la bibliographie de l’auteur américain.

Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.

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