Enfin, aussi sublime qu’elle soit, la forme n’est pas suffisante si elle n’est pas suivie par le fond. Une question demeure, cet univers à nul autre pareil a-t-il des choses à nous dire ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans son propos, Scorn est nébuleux. En effet, la sobriété du jeu évoquée plus tôt est le fruit d’une volonté évidente de proposer une narration uniquement environnementale. Point de véritables cinématiques ou de dialogues, pas de textes non plus, Scorn se vit et se regarde. Plus précisément, Scorn s’analyse, s’inspecte, le joueur avide d’informations devant alors prendre le taureau par les (s)cornes et disséquer chaque partie des cinq chapitres pour
en comprendre le sens. Telle une peinture abstraire, le titre est une oeuvre vouée à provoquer un ressenti de par son exposition. De métaphores en métaphores, d’interprétations à interprétations, l’aventure proposée par Ebb Software délivre une aventure avec beaucoup de questions, sans aucune réponse, mais avant toute chose non dénuée de sens. Bon nombre de joueurs termineront le jeu avec un sentiment particulier, de déception pour certains et de fascination pour d’autres. De deux choses l’une, soit le joueur fasciné ou déçu sera désireux d’obtenir des réponses et aura de fait l’envie de recommencer une partie afin de mieux saisir l’étendue des questions jalonnant cet univers prolixe en symboles, soit il lâchera la manette et désinstallera le jeu, satisfait ou non de l’expérience qu’il vient de vivre, ou de subir. Une chose demeure certaine, Scorn, pendant ses cinq à sept heures
de jeu, fascinera et dégoûtera plus d’un joueur, et à plus d’un titre. Mais en définitive, si cette expérience jusqu'au-boutiste aura marqué ma vie de joueur, c’est tout simplement parce qu'elle montre une fois de plus qu’un jeu-vidéo peut-être au-delà d’un produit, une oeuvre à part entière.
Pour
- Une proposition qui honore l’intelligence du joueur
- La direction artistique incroyable
- La bande son remarquable
- Une partition technique maîtrisée et dénuée de bugs
- Une interface sobre, presque absente
- La narration environnementale
- Une oeuvre singulière, qui marque les esprits
Contre
- Des check-points hasardeux et mal fichus
- Les combats perfectibles et parfois frustrants
- Une durée de vie un peu courte
- Avare en réponses
- Ne plaira pas à tout le monde
Franchement un super test, j’ai eu le même ressenti de mon côté, notamment vis à vis des points de sauvegarde.
A la fin j’ai dû un peu rushé avec la vie qui descend vu que j’étais en sale état avant le checkpoint, ça donnait lieu à une drôle de situation à la frontière de l’agonie.
Mais j’ai gardé un souvenir incroyable du jeu qui n’a nul autre semblable. La comparaison avec Myst et The Witness est bonne je trouve. Bref très bonne pioche.
J’ai trouvé ta comparaison avec le système de combat « lourdaud » de Silent Hill 2 et le raisonnement qui suit très pertinents.
Comme toi, je ne suis pas prêt d’oublier Scorn. Hâte de lire ton bilan de l’année.
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