• RTX 3060 = 2560 x 1440 à 60 FPS en ULTRA
  • Terminé en 6 heures environ
  • Testé sur PC avec une manette DualSense…
  • … en multijoueur local avec mon épouse et deux amis
  • Bilan : 2 morts ! Dont un à la dernière QTE du jeu, ce qui a généré un « TABARNAK ! » retentissant de la part du concerné

The Dark Pictures est une anthologie dont vous êtes le héros basée sur le modèle des Contes de la Crypte, le second degré en moins. Elle comprend aujourd’hui trois épisodes : le médiocre Man of Medan, le nullissime Little Hope et House of AshesLa série tombe depuis quelques années de Charybde en Scylla, et autant dire que j’étais sacrément circonspect au moment d’appuyer sur START. Le feu couve-t-il sous la cendre avec ce nouvel opus ?

Armes de destruction fantômes

Until Dawn avait constitué en 2015 une magnifique surprise pour les amateurs de slashers. Ce film d’horreur interactif jouissait effectivement d’une histoire rocambolesque à la mise en scène maîtrisée, ainsi que d’environnements à la patte artistique et aux cadrages léchés. Le fantastique rail shooter Until Dawn: Rush of Blood,  qui mériterait un article à lui tout seul, a ensuite proposé en 2016 un spin-off de l’original dans un train fantôme en réalité virtuelle. Puis l’année suivante, c’est Hidden Agenda qui nous avait enchantés. Ce dernier offrait une expérience singulière en nous faisant jouer l’aventure avec nos smartphones, par le biais d’une application. Remarquez que j’ai omis de citer The Inpatient, titre VR mineur que je qualifierai poliment de « passablement pourri » mais qui avait le mérite d’étendre l’univers de Supermassive Games, toutes leurs productions prenant place au sein d’un même monde.

House of Ashes nous met aux commandes d’un groupe de Marines déployé en Irak, à la recherche de ces armes de destruction massive qui ont « justifié » l’invasion du pays en 2003, alors gouverné d’une main de fer par feu Saddam Hussein. Ce contexte historique donne d’office un peu de corps à l’intrigue même si on regrette que la narration ne s’empare jamais réellement de ce sujet épineux. Un constat positif réside toutefois dans le fait que House of Ashes essaye modestement de tenir un propos sur l’horreur de la guerre, sa finalité chimérique et sur le rapport occupant / occupé. En effet notre petite troupe de G.I. Joe / Jane ne va pas tarder à rencontrer Salim, un soldat irakien pris entre deux feux et forcé à se battre, tiraillé entre ses impératifs familiaux, son devoir patriotique et ses valeurs morales. Salim (intégralement doublé en arabe lorsqu’il parle avec ses pairs Irakiens) est de loin la meilleure idée qu’ont pu avoir les scénaristes tant sa présence et les enjeux philosophiques qu’il incarne apportent une subtilité certes timide, mais bienvenue au récit.

Ne vous attendez pas non plus à ce que le message véhiculé vous tire une larme ou vous fasse mal à la tête par sa complexité hein ! Ça reste une série B comme « bébête ». On navigue dans les eaux connues du AA grand public mais il est indéniable que cette nuance de gris fait un bien fou et gratifie les protagonistes d’un semblant de relief, les affranchissant un brin de leurs psychés manichéennes. Rien qu’avec ce point positif, on est déjà aux antipodes de l’infâme Little Hope et de ses marionnettes idiotes aux yeux de merlan frit toutes plus insipides les unes que les autres.

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Dans le registre graphique, la direction artistique est une réussite. Le temple maudit évoque The Descent, les créatures ont un côté Predator croisé wendigo et l’équipe revendique par ailleurs l’influence des Montagnes de la folie de Lovecraft, dont je vous recommande chaudement la lecture. Un chic melting-pot en somme, d’autant plus que House of Ashes fait l’effort de varier sa palette de couleurs et ses sources de lumière, souvent de façon admirable. Le moteur Unreal Engine fait à nouveau des merveilles, surtout dans l’obscurité, les rares passages en extérieur faisant un peu tâche. Le jeu se déroulant à 80% entre quatre murs, on en tiendra pas rigueur outre mesure.

Relevons aussi que le sentiment de vallée de l’étrange apparaît moins présent que dans les précédentes productions, bien qu’il arrive toujours régulièrement d’entrevoir un regard bovin fugace entre deux expressions de visage franchement crédibles. Le scénario se laisse suivre sans déplaisir, malgré quelques longueurs par-ci par là, la faute à une structure de progression qui commence sérieusement à accuser son âge. Signalons également un twist que je n’avais pas vu venir, qui relance la machine et l’intérêt en cours de partie, et dont je ne dirai rien de plus. Bravo pour ça.

Appuyez sur X pour vous gratter le nez​

Je mentionnais brièvement ci-dessus l’odeur de naphtaline que dégage le gameplay et, à vrai dire, on pourrait carrément parler d’ankylose tellement on navigue en terrain connu. Le joueur alterne ainsi une fois encore les cinématiques ponctuées de QTE avec des phases de furetage. Celles-ci se résument généralement à ramasser trois documents en surbrillance dans une salle ou à traverser rapidement une crypte poussiéreuse avant qu’une nouvelle scénette ne débute.

Première constatation édifiante : hormis les boutons de façade, les gâchettes ne sont jamais mises à contribution, si bien que les interactions déjà très pauvres se retrouvent réduites à leur plus strict minimum. Pourquoi ne pas offrir plus de choix ? Seul un QTE impose de presser au bon moment une touche selon le modèle sonore et visuel d’un électrocardiogramme. Est-ce vraiment trop demander d’imaginer davantage de mini-jeux de ce type pour introduire de fait un peu de variété ?

Attendez-vous donc à appuyer exclusivement sur croix, triangle, rond ou carré, pour peu que vous ayez décidé de vivre l’aventure avec une DualShock/Sense. Si vous êtes plutôt de l’école padulaire Microsoft, sachez que les paramètres vous permettent d’afficher les icônes correspondantes. Enfin un mode de difficulté inédit fait son entrée dans la série. Il ne fait que réduire ou rallonger le délai de réaction alloué pour réaliser les QTE mais il s’agit d’une bonne initiative, en particulier quand on joue avec quelqu’un de peu initié aux jeux-vidéo, et qui doit de temps à autre réviser l’emplacement des boutons (ma tendre épouse je ne te vise absolument pas !).

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Revenons au gameplay voulez-vous ? Qui peut bien être le responsable de ce concept ridicule qui exige de maintenir R2 pour saisir les objets ? Ce parti-pris donne lieu à des accrochages risibles où notre personnage en peine tord sa main dans tous les sens pour effectuer des actions triviales comme lire le verso d’une lettre ou ouvrir un porte-monnaie. On se croirait dans Octodad ! Et si par malheur vous relâchez votre pression eh bien le bougre REPOSE le foutu objet !

Cette aberration, qu’on devine motivée sous couvert d’immersion, on la retrouvait dès Heavy Rain. Souvenez-vous ! L’œuvre de Quantic Dream, une des émancipatrices du genre, démarrait dans le foyer d’un couple tandis que l’introduction nous enjoignait de mettre la table. Facile ? Détrompez-vous… Il fallait bouger votre joystick usé avec délicatesse au moment de déposer les assiettes sur la nappe, sous peine de briser l’argenterie et de subir les regards inquisiteurs de votre conjointe virtuelle, affairée au lavabo de la cuisine.

Jamais je n’oublierai l’absurdité de cette scène et la confusion du héros, abîmant toute la vaisselle jusqu’à ce que sa moitié explose de rage face à son mari désemparé ! Hé hé je me marre rien qu’en y repensant. La mécanique du QTE a ses limites. Vous pourrez trouver ici une illustration de ce gag par une personne plus adroite que moi, et qui est parvenue à ne pas lancer les faïences de tante Gertrude comme de vulgaires frisbees. La restitution saccadée des mouvements n’en demeure pas moins hilarante.

Une maison qui a besoin de rénovations

Le canevas propre des titres de Supermassive Games a vieilli et le verdict est sans appel : il est temps d’abandonner  ces phases « d’exploration » inutiles et qui ont pour seul effet de casser le rythme. L’ajout d’une caméra à 360 degrés dans cet opus ne change rien à l’affaire. Il faudrait proposer un récit entièrement cinématique mais avec plus d’embranchements et aux QTE plus diversifiés. Il s’agit à mes yeux de la seule façon – radicale il est vrai – de se désolidariser de ce schéma de progression qui allonge artificiellement la durée de vie et finit inexorablement par entraîner des longueurs. Avec du recul, c’est clairement l’exemple de Hidden Agenda que devrait adopter le studio à l’avenir pour faire évoluer la formule dans le bon sens, soit un véritable film interactif qui s’assume comme tel.

En dépit de ces griefs, House of Ashes constitue un divertissement efficace qui vous amusera le temps d’une grosse soirée, de préférence avec des amis et en local pour plus de convivialité (jusqu’à cinq joueurs avec une seule manette). Vous pouvez sinon jouer seul ou en ligne (online limité à deux êtres humains). Si l’expérience vante sa rejouabilité, il est cependant permis de douter que votre motivation sera suffisante pour rempiler une seconde fois dans le Golfe. Le prochain épisode de l’anthologie s’intitulera The Devil in Me et clôturera la saison 1. On espère une remise en question de Supermassive Games suite à ce season finale mais ça, seul l’avenir nous le dira !

Résident permanent dans la petite bourgade de Raccoon City et prosélyte du génial Rain World depuis 2017, on l'entend parfois jurer à pleins poumons lorsqu'il perd lamentablement face au singe de Sekiro à un poil de lemming près. En quête d'une 3080 depuis bientôt un an, le malheureux espère une réception de sa commande en 2022 : l'important c'est d'y croire ! Son TOC préféré ? Recenser dans un PDF tous les jeux auxquels il a joué dans sa vie.

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Nosphor68
Nosphor68
2 années

J’avais nettement préféré Until Dawn qui était soutenu par Sony (une bonne surprise vu les difficultés de production vu que c’était un projet à la base sur PS3 au PS Move…..) , et on le voit quand on a moins de budget c’est tout de suite plus compliqué……

KillerSe7ven
Administrateur
2 années

Adoré Until Dawn même si je ne l’ai fait qu’une fois. Ambiance au diapason malgré quelques petits égarements. A des années lumières des jeux qui ont suivi. Le soutien de Sony n’y était sans doute pas étranger. Espérons que la série reparte sur le bon chemin.

trackback

[…] partage ensuite notre deuil sur Somerville. Guillaume revient sur son pêché mignon, les jeux Dark Picture Anthology avec le dernier volet The Devil In Me. Et on enchaîne par de l’indé pur jus avec The Case of […]

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