• Testé sur Nintendo Switch.
  • Jeu acheté sur l’eshop.
  •  Captures de gameplay et screens maison. 
  •  Fini à 66% en trente heures de jeu sur Switch OLED. 
  • Très belle surprise de fin d’année qu’on aime ou non ces malheureux lapins ! 

Le premier volet avait marqué une nette avancée dans l’histoire de Nintendo en laissant pour la première fois un développeur occidental emprunter le plombier moustachu pour un jeu original (hérésie). Et il a fallu littéralement camper devant les locaux de Nintendo pour convaincre ce vieux sage de Shigeru Miyamoto de ne pas se faire harakiri sur le champ. Petite révolution donc pour un éditeur qui cultive jalousement ses licences. Improbable mélange entre l’univers du royaume champignon et celui des lapins crétins (phénomène populaire aussi inévitable qu’agaçant de l’ère Wii) le titre d’Ubisoft avait franchi la ligne rouge en filant des flingues à Mario et sa bande. Il ne manquait plus qu’une option gore à cocher pour faire le grand chelem NRA. Ce second épisode a été quelque peu boudé par le public lors de son lancement mais il commence seulement à creuser son trou en termes de ventes. Une bonne nouvelle pour un titre qui déborde d’ambition et de bonnes idées à foison.

Du rififi au royaume champignon

En 2017 ce n’était pas moins de 115 personnes des studios d’Ubisoft Paris et Milan qui s’étaient collés au développement de Kingdom Battle. Cinq ans plus tard, on reprend les mêmes et on recommence. Si déjà le premier opus avait fait preuve de malice en cherchant à fluidifier la formule rigide du tactical, ce nouvel opus joue la carte de l’ouverture et va encore plus loin en termes de liberté de mouvement. Quel régal de voir une suite ne pas se reposer sur ses acquis ! Fini le damier à cases qu’on dit rebutant pour les novices ; désormais on se déplace plus librement sur une zone définie avant ou après avoir choisi ses actions. À tout moment on peut switcher (sans jeu de mots) entre les personnages, ce qui libère de belles combinaisons créatives. Seule limite, après avoir tiré impossible de bouger et on s’expose alors aux salves ennemies. Et certaines situations peuvent très vite dégénérer avec un effet domino au final parfois… farceur…

Dans Kingdom Battle, le jeu reposait avant tout sur un système de couverture à la X-com en prévoyant les actions ennemies et en mobilisant un arsenal avec des effets variés pour repousser, congeler ou brûler les monstres par exemple. Simplification de la formule oblige, finis les achats de flingues à l’armurerie couleur champignon. Cette dimension tactique est recyclée sous une autre forme par nos petits compagnons, les Sparks, des lapins lumas pour les vieux briscards de Mario Galaxy. C’est d’ailleurs sur l’univers du meilleur Mario 3D que repose énormément cette suite. Les arènes sont flottantes telles des planètes et, spoiler alerte, on retrouve au casting Harmonie et sa version lapin blasée à sauver. On parie d’ailleurs sur un prochain jeu avec cette concurrente de Peach pour le successeur de la Switch.

Globalement le système de combats est très plaisant par sa vivacité et la liberté offerte au joueur. Les Sparks permettent de lancer des supers pouvoirs variés pour attirer ou repousser les ennemis, donner des effets spécifiques aux armes ou renforcer les specs de nos persos par exemple. Le jeu intègre une – maigre – dimension RPG néanmoins appréciable en permettant d’augmenter les attributs de chaque Sparks en se lestant des orbes d’étoiles gagnées après chaque combat. Sparks of Hope propose néanmoins un arbre de compétences interchangeable et évolutif qui change beaucoup les approches.

Tactic-open-World

Sparks of Hope intègre davantage la philosophie de la plateforme de Mario. On peut sauter sur la tête de ses compagnons pour planer, rebondir sur la caboche d’un ennemi pour finir en toute beauté par un double tir électrisé dans les airs. Tout cela avec des animations aux petits oignons et en veillant bien à finir à couvert. Les blocs sont désormais quasiment tous destructibles, ce qui rend nos personnages très vite vulnérables. Les arènes sont parfois immenses et se renouvellent avec des mécanismes et tuyaux de plus en plus nombreux au fil de la progression, ce qui rend la défense plus ardue. C’est simple, on n’a jamais vu un tactical aussi dynamique. 

Mario + les lapins crétins
La caméra dynamique est ajustable à tout moment !

Question difficulté, il est impérativement recommandé de jouer au niveau maximal pour profiter pleinement du potentiel stratégique du jeu, même si le niveau de coriacité de l’adversaire dépendra étroitement de la sincérité du joueur vis-à-vis de son engagement initial. En plus des Sparks, chaque perso jouable dispose d’une caractéristique offensive ou défensive spécifique : tirer à travers les murs, un sniper, un bazooka et bien d’autres surprises. Aucun clone au casting, du pur plaisir ! On recommandera d’ailleurs de désactiver dans les options les micro-cinématiques importunes à chaque utilisation de spécial et d’augmenter la vitesse des animations au maximum pour éviter que les combats ne s’éternisent.

Mario + les lapins crétins
Bowser sur son 31. A quand un jeu qui lui serait entièrement dédié ?

La difficulté est ajustable à tout moment et les moins téméraires pourront farmer sur la carte ouverte du jeu en tuant des ennemis de niveaux inférieurs en quittant et en revenant sur les planètes. Bof bof en termes de satisfaction personnelle vous en conviendrez… Attention, pour profiter pleinement du jeu, il faut savoir se fixer des interdits. Ne jamais utiliser d’objets, ne jamais farmer, ne jamais changer de niveau de difficulté. Et alors seulement le jeu peut révéler son gameplay. On en voit beaucoup dire que le jeu est moins dur mais on connaît la chanson : combien ont cédé à la facilité ? 

Sans pour autant faire preuve d’un challenge punitif à la Fire Emblem dans son niveau extrême, loin de là, Sparks of Hope offre un degré raisonnable de difficulté et tend la main aux joueurs peu coutumiers d’un genre pas toujours facile à aborder de prime abord. Les plus motivés pourront débloquer des niveaux secrets plus retors de quoi satisfaire tout le monde. Dommage seulement qu’il faille les débloquer au prix de trop nombreuses quêtes annexes. Un dilemme si l’on veut garder un tant soit peu de défi sur l’aventure principale.

Mario + les lapins crétins
Comme une lointaine parenté avec Metroid Prime 2: Echoes...

Non content d’avoir fait évoluer son gameplay des combats, Ubisoft a également entendu les critiques des joueurs sur les phases d’exploration, qui n’étaient clairement pas le fort du premier opus, bien au contraire. On me murmure en coulisse que c’était franchement naze. (C’était naze oui). L’une des qualités indéniables de Sparks of Hope est de proposer six planètes totalement différentes avec des objectifs secondaires à réaliser, une exploration beaucoup plus naturelle et des énigmes variées et organiques comme on dit dans le jargon New Age. Fascinant de voir combien les développeurs ont bénéficié de l’expérience des derniers Zelda jusqu’à certains éléments de sound design comme celui des tombeaux emprunté à Breath of the wild. Exit les murs invisibles, on choisit désormais d’entrer en phase de combats directement en se ruant sur l’ennemi qui peut d’ailleurs faire de même. Pas de pénalités quand on se fait prendre par derrière (pas de contrepèteries ici, promis).

Mario + les lapins crétins
Chaque personnage est très différent des autres : un régal !

Un jeu choral

La distance d’affichage est impressionnante pour la Switch et le jeu est de toute beauté. D’une générosité folle, on se régale à percer les mystères de chaque biome qui se découvre comme un labyrinthe avec une intelligence sensible du level design tout en laissant la part belle à l’observation. Et il y a de quoi faire ! En libérant chacun d’entre eux des tentacules d’ombre, la planète prend une tout autre apparence visuellement comme en termes d’opportunités de gameplay. On est même invité à revisiter les planètes après avoir débloqué certaines aptitudes de Beep-o.

Mario + les lapins crétins
Chaque planète est très différente et opte pour une gamme de couleurs propre.

Dans chaque monde, on est accueilli par un gardien complètement allumé qu’on devra aider. Certains ont un langage châtié et un phrasé franchement drôle. C’est débile mais ça marche. Beep-o est parfois un peu lourdingue, surtout avec son équivalent au féminin, mais dit-on que cela fait partie de son charme. D’ailleurs sur ce point, ceux à qui les lapins crétins donnent de l’herpès peuvent être rassurés, ces derniers sont nettement moins crétins et presque aussi malins que les PNJ d’autres jeux du studio, c’est dire ! Pas d’overdose de ce côté-là et les univers s’intègrent – étrangement – en bonne intelligence. Ubisoft singe même le bavard God Of War Ragnarok avec des fresques humoristiques qui racontent l’histoire des gardiens et des lapins. Variations des styles du dessin gribouillé aux cel shading façon collage ou comment utiliser avec intelligence les artworks du jeu.

Diapositive précédente
Diapositive suivante

Les cinématiques sont beaucoup plus appuyées et inspirées, notamment par quelques emprunts graphiques au dynamisme de Spiderman Into The Spiderverse. L’ensemble donne l’impression d’assister à un joli cartoon d’animation. Le titre dispose également, chose rare, d’un doublage intégral en français et avec un jeu d’acteurs réussi. Cocorico ! Pourvu que cela dure avant que de grands éditeurs ne se saisissent des IA comme EA 

Seuls les personnages de Nintendo restent muets (et c’est tant mieux) et on regrettera seulement que certains lapins n’aient pas gardé le silence. Certains lancent en combat des remarques qui font sans doute mouche auprès des ados boutonneux de tout bon free to play qui se respecte. Nettement moins probant pour les trentenaires dégarnis. Rien de bien méchant mais on préfère les grimaces de Luigi plutôt que ces punchlines puériles. Un peu de puritanisme bon dieu ! Fort heureusement, cela ne concerne que trois lapins qu’on appellera pour les besoins de la critique les pestiférés. Vous pourrez les mettre sur le banc de touche comme moi ou simplement désactiver les voix pour les plus hermétiques au gloubi-boulga juvénile (parenthèse réac terminée).

Peach ô mon Peach, quand t'as un petit creux

Sparks of Hope est une véritable lettre d’amour aux fans, on se plaît à voir notre équipe se renforcer par des personnages emblématiques de la franchise dont ce bon vieux Bowser de plus en plus relayé au second rôle par de nouveaux méchants. C’est ça le vrai grand remplacement ! Là où on contrôlait étrangement Beep-o dans le premier, on dirige désormais le personnage qu’on veut, chacun avec des animations cartoons du plus bel effet. Voir lapin Peach gambader tel Bambi dans la brousse est amusant. Les développeurs puisent également dans d’autres licences de Nintendo de Metroid pour le clin d’œil au vaisseau mère à Captain Toad pour certains niveaux spéciaux cubiques qui se jouent de la perspective.

Mario + les lapins crétins
Même en rapprochant la caméra au plus près, les graphismes sont très soignés !
Mario + les lapins crétins
L'univers Nintendo est ratissé en long, en large et en travers !

A chaque fois qu’on s’attend à ce que le jeu se repose sur ses lauriers, de nouvelles idées émergent avec des combats de boss inspirés parfois sur plusieurs fronts avec toute l’équipe au complet. Vous l’aurez compris, les phases d’exploration ne sont plus une purge et rendent l’expérience autrement plus variée. Les références sont nombreuses. Sans virer au drame shakespearien (pas de duel fratricide en vue pour Mario et Luigi, dommage), l’histoire se suit avec intérêt et surtout avec rythme et tellement d’élégance dans les cinématiques. Ça fait du bien de voir le royaume champignon se dévergonder d’un héritage parfois pesant.

Mario + les lapins crétins
Cursa, le boss du jeu rappelle la DA cauchemardesque de Twilight Princess.

Outre sa direction artistique chatoyante et réussie à quelques écueils près (curieux personnage de lapin Sangoku), Ubisoft a mis les petits plats dans les grands avec une OST symphonique très inspirée avec 52 morceaux. On se surprend à voir les derniers mondes prendre des airs de far west désolé ou même pencher du côté de l’horreur pour le boss final. Carrément. Que d’attentions pour un jeu qui aurait très bien pu copier la formule du premier à la lettre pour un coût de développement marginal, comme Ubisoft ne s’en prive pas avec ses autres licences. Seuls petits reproches : d’abord un HUD lourdaud et inutile et quelques micro-chargements agaçants dans les menus (chant du cygne de la console). Enfin il est regrettable que le jeu n’ait pas proposé des classements ou gratifications par combats pour ceux qui n’utilisent pas les soins où liquident toute la carte. N’abusez pas des soins de lapins Peach avant le dernier chapitre, vous en ressortirez grandis ! Cela aurait apporté une pointe de difficulté bienvenue mais on chipote.

Ce n'est pas tous les jours qu'on dit du bien d'Ubisoft, loin de là. Mais avec Sparks of Hope, l'éditeur en nette perte de confiance sur cette génération de consoles (et à raison), parvient à renouveler le genre du tactical. Petite révolution en termes de liberté de mouvement, le jeu est grisant par sa souplesse tant dans ses phases de combats que dans celles d'exploration. Adieu la purge du premier volet et ses énigmes aux blocs de couleur qui rendaient aveugles les daltoniens. Il y a dû avoir un vrai brainstorming chez Ubi (ou un sacré taquet de Shigeru) pour corriger les défauts du premier volet. A condition de jouer au niveau de difficulté maximum et en s'interdisant quelques règles de gentleman, Sparks of Hope est une vraie pépite. Et disons-le, l'une des meilleures exclusivités du catalogue Switch. Alors mettez votre haine des lapins de côté pour les plus rancuniers et laissez-lui sa chance, vous en sortirez ravis. Maintenant on espère une suite aussi folle avec une fin tragique où Mario meurt dévoré par Bowser. Tous les espoirs sont permis dans le multivers, non ?
Pour
  • Gameplay rodé et original
  • Effet domino des combats
  • Quelle souplesse !
  • Exploration enfin réussie
  • Énigmes pas barbantes
  • Doublage de qualité
  • Histoire simple et efficace
  • Drôle par moments
  • Casting riche
  • Variété des ennemis
  • Difficulté sur mesure
  • Finition exemplaire
  • DA très chouette
  • Graphismes au top sur OLED
Contre
  • Micro-chargements intempestifs
  • HUD invasif
  • Pas de mode photo
  • Un chouia trop facile
  • Quelques lapins lourdauds

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.

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