À 61 ans, Tom Cruise en est déjà à sa septième mission impossible. Bien loin de la retraite à 64 ans, l’un des derniers acteurs du grand Hollywood reprend du service dans la première partie de Dead Reckoning avec, une fois n’est pas coutume, Christopher MacQuarrie aux commandes. Presque trois heures de grand spectacle. De quoi faire blêmir James Bond ?
Complotwist ?
Depuis Mission: Impossible de Brian De Palma sorti en 1996, une galerie de personnages est venue rejoindre Ethan et Kittridge dans leur lutte contre le grand banditisme international. Ce bon vieux Tom aura œuvré contre des virus comme la Chimère, son organisation aura été discréditée dans Protocole Fantôme et il aura même dû affronter le Syndicat, une organisation de supers criminels qui tenait la part belle des derniers épisodes.
Dure, dure la vie d’artiste ! C’est désormais face à une indomptable IA, l’Entité, qu’Ethan sera confronté dans ce film en deux parties. Avec une « amusante » proximité avec les théories du complot sur un Nouvel Ordre mondial, Dead Reckoning aborde un monde gagné par la post vérité où le vrai est un moment du faux, oserait-on dire.
Capable de singer les systèmes les plus sophistiqués comme le démontre avec panache la scène introductive du sous-marin Sébastopol, l’Entité est le Saint Graal pour des États vérolés qui ont parfaitement accompli leur mue sécuritaire. Vidéo reconnaissance faciale, IA, fichage, tout y passe pour assurer l’ordre public. Plutôt que de détruire l’Entité, les services secrets vont faire la course pour s’emparer de deux clés complémentaires permettant ainsi de prendre les rênes de l’échiquier mondial.
Alors que le débat sur les scénarios a resurgi avec fracas sur les réseaux sociaux, peut-on dire que Dead Reckoning est bien écrit ? Avec sa ribambelle de personnages issus des épisodes passés, le film joue la carte du fan service à outrance. Il y a toujours un côté ridicule à voir ces équipes d’Avengers du pauvre se composer et se décomposer au fur et à mesure des épisodes. Et nul doute que ce septième opus ne brille pas par son écriture originale mais davantage par l’efficacité de sa mise en scène.
À force d’épisodes et de rebondissements à gogo, la saga n’avait pas forcément brillé par son histoire qui flirte avec le nanar. C’est plutôt la volonté de redorer le blason d’Hollywood qui séduit avec de périlleuses cascades réalisées par Tom Cruise lui-même. Perché sur un avion en plein décollage, en parachute, en moto ou tout autre véhicule motorisé, la réputation de Tom Cruise n’est plus à faire. L’acteur semble toujours plus à l’aise, d’épisode en épisode, lui qui a même su ressusciter la légende de Top Gun en explosant le box-office.
Need for Speed
Nouvel opus oblige, le poulain de la scientologie ne déroge pas à la règle avec des courses poursuites particulièrement inspirées, notamment dans les rues de Rome dans une petite fiat 500 boostée à la nitroglycérine façon Need for Speed, le tout menotté à sa partenaire d’infortune. Folle séquence dans la capitale italienne où les deux acteurs ont conduit dans des conditions particulièrement audacieuses. Chapeau !
Question rythme, Dead Reckoning enchaîne les situations sans temps morts avec un déluge d’adrénaline dont l’apothéose sera atteinte lors de la scène du train. Cette dernière n’est d’ailleurs pas sans rappeler Le Monde Perdu. Certes moins folle que la séquence de Spielberg, elle reste néanmoins marquante.
Si l’on reproche de plus en plus au cinéma d’action américain sa surenchère d’écrans verts et intégrations de CGI pour tout et n’importe quoi, qu’en est-il de Dead Reckoning ? Alors oui, Tom Cruise joue les acrobates mais n’allez pas imaginer pour autant que le film a été totalement expurgé d’écrans verts. Certaines transitions entre les scènes de combat ou crashs en voitures se remarquent aisément par leur souplesse un peu trop artificielle. On pense notamment à la fusillade du désert, très Call of Duty dans l’esprit, quitte à rappeler l’aim assist des FPS.
Certes Tom tient la dragée haute à Daniel Craig pour les courses poursuites (pour ne pas dire qu’il les surpasse largement) mais les scènes de combats restent encore un peu trop timorées et parfois ternies par des coupes intempestives en CGI. On est encore loin de la brutalité viscérale des chorégraphies de films d’actions indonésiens comme The Raid par exemple. L’action est aussi artificiellement accélérée par moments lors d’un enchaînement d’uppercuts bien placés par exemple, pas toujours pour le meilleur.
Tom-Tom et nanas
Quant à Ethan, il se retrouve de nouveau entouré de femmes fatales (pour changer). On retrouve Ilsa (Rebecca Ferguson) ainsi qu’une nouvelle partenaire, Grace (Hayley Atwell), voleuse émérite dont les effets de manchette seront déclinés tout au long du film. Ce bon vieux Tom sait tout faire et il jouera lui-aussi les prestidigitateurs jusqu’au générique. Un gag un peu facile et surtout un prétexte « magique » pour cumuler les rebondissements avec ces tours de passe-passe.
Malgré d’improbables transitions avec des agents secrets qui circulent dans un aéroport comme dans un moulin, Dead Reckoning parvient à faire oublier, sinon pardonner ses incohérences. Tom peut finir sur le toit d’un aéroport en quinze secondes à peine, Tom peut semer une escouade d’agents au milieu d’un terminal, et alors ? Pauvre Jasper Briggs (Shea Whigham, sosie malgré lui de Fabien Roussel) qui aura toujours un train de retard pour rattraper Ethan…
Finalement le plus gros défaut de Dead Reckoning est sans doute son incapacité à s’affranchir de son héritage. On pense tout naturellement au coup du masque, ressassé depuis le tout premier épisode, là où il s’agissait pourtant d’un twist monumental en 1996. A l’instar d’un certain John Wick, Ethan est pourtant à deux doigts de se libérer complètement du carcan du réalisme pour un pur spectacle décomplexé.
Film pop-corn mené tambour battant, la séance de 163 minutes est passée presque comme une lettre à la poste, preuve d’un certain sens de la mise en scène et d’authenticité. Il ne reste plus qu’à espérer que la deuxième partie sache apporter un peu plus de teneur à cette histoire somme toute assez banale mais diablement rythmée. Réponse en 2024 !
Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.
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Je plussoie !! Très cool critique d’ailleurs 😉
Bonne critique même si tu omets de dire à quel point Tom est parfait, beau, incroyable et constitue un exemple pour nous tous.
Si seulement j’avais poursuivi mes démarches pour intégrer la scientologie de Hollywood… 🥹 Un jour peut être MaG interviewra Tom !😱
Il n’arrive pas à la cheville de Phil. Quelle déception que la critique n’en parle même pas d’ailleurs.
[…] partition de Lorne Balfe (auto-citant son propre travail sur Mission: Impossible – Dead Reckoning, partie 1) qui bénéficie d’une large présence multicanale offre au canal LFE sa meilleure assise […]