Drame aux atours de film de genre, Holly est une œuvre belge présentée en compétition officielle du GIFF (Geneva International Film Festival).

Season of the Witch

S’ouvrant sur des synthés très Carpenteriens, le film nous narre l’histoire d’Holly, une adolescente solitaire, taiseuse, rejetée par bon nombre de ses camarades de classe. Un matin, obéissant à un pressentiment violent, elle refuse de se rendre à l’école. Le même jour, un violent incendie ravage l’établissement scolaire, emportant avec lui plusieurs jeunes étudiants. Nait alors autour d’Holly une certaine ferveur : la jeune femme aurait des pouvoirs…

La réalisatrice belge Fien Troch n’en est pas à son coup d’essai (Home en 2016, Kid en 2012…), mais Holly, présenté à la Mostra, permettra à sa jeune actrice principale Cathalina Geeraerts d’y décrocher un prix d’interprétation. Côté name-dropping, ajoutons que la réalisatrice s’est entourée de Johnny Jewel à la musique, connu pour avoir composé les musiques de Drive, Lost River ou encore Twin Peaks : The Return (seulement ça !).

"Twin Peaks : The Return" (2017), par David Lynch

D'agent Cooper à Carrie

Et si dans cette musique il nous est impossible de ne pas entendre quelques accords du thème de Twin Peaks version Badalamenti, c’est surtout cette bande sonore qui confère à Holly toute sa dimension mystique. En effet, malgré quelques allusions (ses camarades surnomment Holly « La sorcière », son étrange prémonition…), tout le côté mystérieux d’Holly est infusé via la bande-son qui emprunte beaucoup au film de genre, Carpenter en tête.

Une parenté avec le Twin Peaks de David Lynch et Mark Frost qui se vérifie avec les nombreuses incursions d’absurdité qui créent de régulières ruptures dans la narration d’Holly, avant d’à nouveau laisser le récit poursuivre sa route.

Pourtant, si nous évoquons le côté flirtant avec le fantastique et ces sursauts d’absurdité, Holly est avant tout un drame teinté d’une pointe de réalisme magique, qu’un véritable film de genre. Pourtant au sein de ce coming of age on retrouve beaucoup de ce qui fait le sel de Carrie (version De Palma ou version Stephen King, c’est selon) et on attend, au gré des différentes situations qui se présentent à Holly, le déchaînement d’horreur qui déferlera sur la petite ville de Chamberlain du roman de King. Une horreur qui ne viendra jamais…

En un mot, Holly est un récit dramatique intéressant, notamment par son point de vue sur le harcèlement scolaire et ce qu’est la normalité lorsque l’on est adolescents. On regrette toutefois qu’il s’étire en longueur (plus d’une heure quarante-cinq alors que le format d’une heure et demie aurait déjà largement suffi) et qu’il clôt son récit en queue de poisson. Une jolie découverte du GIFF, qui aurait pu être une vraie pépite s’il ne souffrait pas de ces multiples petites carences.

Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.

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