• Testé sur PC avec une RTX 3080 sur un vidéoprojecteur 4K. Spectacle garanti à 60 FPS. Mais sans HDR comme la technologie est malheureusement délicate à configurer sur PC.
  • Quelques rares baisses de framerate au fouet contre des dizaines de mobs, effets de particules obliges.
  • Campagne principale finie en mode de difficulté classique pour favoriser l’expérience narrative sans transition.
  • Captures de gameplay et screenshots maison
  • Jeu acheté
  • Configuration minimale annoncée
    • Un processeur Intel Core i5-6600K à 3.5GHz
    • Carte graphique Nvidia GeForce GTX 1060 (6 Go) ou AMD RX 570
    • 8 Go de RAM
    • 60 Go d’espace disque et Windows 10 uniquement

Quelque part en 2018, le fringant KillerSe7ven lançait God of War sur sa PS4 classique et vieillissante, lui qui avait tant attendu le jeu depuis les trailers sensationnels de l’E3. Voici enfin venu le temps de découvrir Kratos dans ses nouveaux habits de repenti. Pour d’obscures raisons que seuls les reptiliens pourraient éclaircir, c’est à mi-parcours que K7 laissa le jeu aux oubliettes. Ce n’était pas faute d’avoir pris goût à l’aventure, mais un autre long voyage l’avait égaré du titre de Santa Monica. Des années durant, la légende court qu’il aurait promis de s’y remettre. En vain. Puis le monde eu vent de l’annonce d’une version PS4 pro, puis de celle d’une adaptation PS5 avant d’arriver contre toute attente sur PC. Quatre ans plus tard, l’heure est venue de (re)découvrir la renaissance de God of War dans sa version technique la plus aboutie à ce jour. Trêve de crimes contre l’Humanité (et accessoirement contre les divinités), le guerrier spartiate renoue avec ses chakras dans cette ultime version PC.

De la mythologie grecque au conte nordique

Kratos n’a pas toujours été connu pour sa finesse et c’est peu dire. Licence étendard de l’univers supposé mâture de la PS2, longtemps Kratos était associé à la violence, au sang et aux femmes. Depuis ses débuts sur playstation, le héros spartiate a subi de profonds changements. Conçu comme une suite mais aussi et surtout une refonte de la série, cet épisode sobrement intitulé God of War a des airs de reboot déguisé même s’il n’efface pas complètement le passé qui hante le guerrier. Rappelons qu’autrefois mortel, Kratos avait suivi l’agogé, un entraînement spartiate extrêmement aride, afin de former des soldats légendaires et sans pitié.

A la botte d’Arès qui lui confia les lames du chaos contre sa servitude éternelle, Kratos, emporté par la vengeance tua plus qu’il n’en faut. De sa propre famille jusqu’à des villages entiers d’innocents, personne n’était épargné. Consumé par la haine, le soldat finit par rompre son pacte avec Arès. De fil en aiguille, pour sa trahison digne de l’apostasie, Kratos fût torturé par les Dieux. Il devint ainsi le légendaire fantôme de Sparte avant de s’attaquer à l’Olympe, qu’il mettra à feu et à sang lors d’intrigues dignes de la Vie de Famille sur fond de mythologie grecque. Désormais traqué, Kratos se réfugie dans les royaumes nordiques dont il puise son esthétique comme son folklore. Un changement audacieux qui avait surpris tout le monde lors de sa présentation à l’E3 2016.

Graphiquement, les effets de particules sont remarquables en 4K

La mémoire dans la peau

God of War 2018 s’affranchit en partie de toutes ces frasques du passé dont il n’est pas toujours fier et préfère adopter une approche plus intimiste. Cela se traduit par le rapprochement de la caméra à l’épaule via un plan séquence du début à la fin à l’instar de certaines scènes de The Revenant. La relation paternelle est largement mise en avant par son créateur Cory Barlog. Le jeu commence alors que Kratos est endeuillé par la mystérieuse mort de sa dernière femme. On retrouve le héros légendaire métamorphosé, le visage fermé, marqué par des années de violence, rude et implacable avec son fils qu’il doit désormais élever seul.

La lancer de hâche, un sport spartiate reconnu

Si God of War reste avant tout un beat them all, cet épisode se démarque largement par son intention narrative. Les différents familiaux entre les dieux restent finalement anecdotiques et c’est le développement de cette relation père fils qui est le cœur de God of War. Le travail sur les animations corporelles et faciales de Kratos qui, vous l’aurez compris, n’est pas coutumier des élans de tendresse, est minutieux. En ce sens, le jeu est une réussite grâce à une réalisation exemplaire, une motion capture qui n’a pas à rougir des productions contemporaines et une écriture soignée même si perfectible. Kratos transmet son héritage à son fils Atreus qui en retour finit aussi par apporter beaucoup à son père. Le visage de marbre de Kratos trahit parfois l’empathie paternelle et le désir de lâcher du lest sur un contrôle quasi-permanent. Il peut s’agir d’une simple mimique ou d’un geste esquissé mais aussitôt avorté. 

God of War
On comprend parfaitement que Kratos ait pu trouver sa place au casting de Mortal Kombat

Tu ne tueras point (ou pas)

Sur le fardeau de l’immortalité, God of War a beaucoup à raconter, lui qui nous expose un Dieu autrefois coutumier du déicide. En creux, la licence opère une forme d’auto-critique du passé, sur lequel Kratos jette un regard désaprobateur. Comme un trauma, chaque allusion aux précédents volets est à peine voilée. Sans faire preuve pour autant de candeur, le héros s’interroge sur son rapport à l’immortalité et son rôle vis à vis des Hommes, de la Justice qui devrait conduire nos actions. Kratos adopte une figure quasi christique lors de scènes où il semble désormais enclin au pardon. Pas de confessions évidemment, mais une forme de regret d’un passé dont Kratos voudrait éloigner son fils. Qu’est ce que la transmission paternelle quand notre héritage n’est qu’un fardeau ? C’est aussi l’image du deuil de sa femme qui porte dès le départ toute la narration. En miroir, c’est aussi celui d’une époque qui semble révolue pour la franchise.

Le monstre en arrière plan : "Gloups..."

Le dieu de la guerre devra déposer les cendres de sa femme sur la plus haute montagne. Une quête de délivrance pour Kratos. Et une scène finale où enfin Atreus sera présenté à la même hauteur que son père. Toute une image qui annonce la suite. Pour autant, l’histoire n’est pas exempte de défauts. On reprochera au jeu un dénouement trop conventionnel avec des motivations carabinées de certains personnages, alors que les trois premiers quarts du jeu laissaient davantage place à l’originalité et au mystère. Quand bien même, la franchise reste un exemple de construction pertinente d’univers, lequel se déploie progressivement avec des peintures, des fresques et des histoires contées pendant qu’on navigue entre les royaumes. Il y a un véritable travail de titan de ce côté-là. Les panoramas sont rares mais époustoufflants. Le souvenir de ces montagnes jonchées de cadavres de géants restera gravé dans ma mémoire comme un exemple de narration passive redoutable d’efficacité.

God Of War
Un panorama à couper le souffle

Atreus qui est le seul à savoir déchiffrer ces idiomes commentera les panneaux et peintures sur bois qu’on rencontrera sur notre route. Artistiquement très réussies, ces images participent grandement à la cohérence de l’ensemble. Le doublage est remarquable en VO et les développeurs n’ont pas hésité à insérer de nombreuses lignes optionnelles qui donnent l’illusion que le jeu observe nos moindres mouvements. Cela peut favoriser la résolution des énigmes qui sont rares et d’ailleurs plutôt anecdotiques ou pour nous suggérer la route à suivre. On vous recommandera de jouer avec le HUD désactivé pour réellement savourer la direction artistique et les magnifiques graphismes du titre. En 4K et avec une fluidité débridée, on savoure enfin les combats et le travail des équipes de Santa Monica à leur juste mesure pour une expérience visuelle assez folle, même en 2021.

Spart'Attacks

Passé le séduisant enrobage visuel du titre, qu’en est-il au niveau du gameplay à proprement parler ? Le jeu débute avec une palette de coups extrêmement réduite, puisqu’il table davantage sur les contres au bouclier et roulades avant de passer à l’offensive. Au fur et à mesure de la progression, on développe de l’XP et des coups spéciaux qui se lancent en combinant deux gâchettes. L’une d’entre elle est dédié aux coups légers, l’autre aux frappes fortes. Kratos peut également lancer sa hache qui revient comme un boomerang. Plus tard, le retour des lames du chaos permettra d’alterner les plaisirs en plein combats et de gérer les foules plus facilement. Enfin une jauge de rage permet à Kratos de se battre à mains nues tout en générant des dégâts supplémentaires. Le titre propose également une très légère dimension RPG avec la possibilité de customiser son armure et les runes équipées, ce qui sera autrement plus utile dans les modes de difficultés élevés.

Kratos était un ancien punk à chien dans sa folle jeunesse

Qu’on ne s’y méprenne, on est à des années lumières de la complexité d’un beat them all japonais comme l’indétrônable Devil May Cry, il n’y a d’ailleurs aucune évolution sérieuse des coups, ni de gestion de combos qui ne sont d’ailleurs pas affichés à l’écran. C’est un peu dommage, car on prend réellement plaisir à utiliser toutes les compétences du titre, qu’une fois débloquées bien plus tard dans l’aventure. Ce sera peut-être l’occasion de rectifier le tir pour la suite prévue sur PS5 pour un ambitieux 2022. En revanche, le spectacle est assuré par l’accessibilité du gameplay comme les animations particulièrement grisantes. Les armures des ennemis encaissent les coups jusqu’à finir en charpie. Atreus participe activement au combat à l’arc en invoquant dès que possible des loups ou rapaces. Il est en outre de précieux conseil lorsqu’il nous alerte d’une attaque surprise dans le dos. Aide essentielle quand on supprime le HUD pour une immersion décuplée.

God Of War
Marcheur blanc en colère contre la fin de Game Of Thrones

Kratos crie pendant qu’il assaille ses ennemis et même son visage exprime une colère indicible. Les coups ont de l’impact et la caméra à l’épaule y est pour beaucoup. Avec un home-cinéma, la localisation du son avec le fouet qui flirte d’une enceinte à l’autre est un régal. On lui reprochera cependant un bestiaire plutôt limité et recyclé à de trop nombreuses reprises. Les combats de boss gigantesques restent un peu en retrait et ne font pas forcément la part belle à l’originalité. La meilleure rencontre reste sans doute celle du combat avec l’étranger au tout début du jeu. Cette refonte de la franchise est aussi riche par les palettes de couleurs qu’elle cultive. Un bref regard sur les images publiées sur cet article suffit à comprendre combien Santa Monica n’a pas lésiné sur les contrastes et la variété artistique. A des années lumières de la grisaille de la franchise Gears of War, God of War montre ici qu’on peut avoir un jeu sombre sans pour autant se contenter d’une palette réduite à la grisaille et au suicide.

« Pour pardonner à son ennemi, il faut déjà vaincre en soi un ennemi plus terrible qui est l’amour de la vengeance ; et ainsi quand on pardonne, on triomphe toujours de deux ennemis à la fois ».

Les rencontres avec des boss gigantesques sont rares mais impressionnantes

Entre les cinématiques qui s’enchaînent sans temps mort, le jeu propose des séances de grimpettes à l’image de Tomb raider. Ces dernières sont surtout l’occasion d’admirer les paysages entre deux lignes de dialogues. Plutôt rigides, elles pourraient également faire preuve de davantage de souplesse pour le second volet. Quelques murs invisibles et décors minimalistes rappellent aussi que le jeu est sorti au départ sur une machine sortie il y huit ans déjà. Les développeurs ont à l’époque dû regorger d’ingéniosité pour faire tourner un si beau jeu, aujourd’hui sublimé sur PC. La technologie DLSS de Nvidia est également de la partie pour soulager les configurations les plus modestes. Globalement les options graphiques sont nombreuses et devraient permettre à  chacun d’en profiter. Nul doute que les ventes sur PC de God of War comme de Day’s Gone devraient favoriser ce type de portages à l’avenir.

God of War n’avait pas vraiment le choix d’évoluer sans risquer la ringardise. Longtemps caricaturale et marquée par sa gratuité voire sa misogynie affichée, la franchise ne pouvait plus s’afficher sous ce jour en 2018. Pas après la mue d’une partie du media vers des représentations plus modernes, ni même après le développement de mouvements sociaux comme metoo qui ont ont fait florès dans le monde entier. En repensant la licence de A à Z, tout en assurant l’héritage de la série, Cory Barlog a réussi son pari. Résolument plus humain, Kratos fait enfin tomber son armure et redescent les pieds sur Terre. La survie prendra le relais de la vengeance du héros spartiate, gagné par la sagesse du guerrier fatigué. God of War restera sans doute un exemple de réalisation un moment encore avec des combats marqués par leur brutalité sans fard. Ce n’est certes pas le beat them all de l’année, mais c’est l’assurance d’un jeu d’action maîtrisé à la narration réussie. Le jeu n’a pas pris une ride et cette version PC est le parfait allié de l’hiver pour découvrir Kratos dans une forme olympienne.
Pour
  • Réalisation de haute volée
  • Ecriture soignée
  • Les animations grisantes
  • L'OST nordique et le doublage
  • Pas de temps de chargement sur PC
  • Direction artistique générale variée et originale
  • Le serpent monde d'une classe à toute épreuve
  • Plus de concessions graphiques sur la résolution ni la fluidité !
  • Aucun temps mort entre cinématiques et gameplay
Contre
  • Niveaux un peu vides
  • Monde semi-ouvert
  • Gameplay efficace mais basique
  • Bestiaire limité et recyclé
  • La fin un peu trop précipitée
  • L'exploration et les quêtes annexes en retrait

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.

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BennJ
Administrateur
2 années

Il faut vraiment que j’arrive à exporter ma sauvegarde PS4/PS5 afin de l’utiliser sur PC et enfin refaire le jeu avec son New Game + dans les meilleurs conditions possible 🙂

Ummagumma
2 années

Pour moi le gros point fort de ce jeu ce sont ses déplacements de caméra pendant les cutscenes. Je me souviendrai encore dans 10 ans.

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