Après un premier épisode en demi-teinte, le sorcier de chez Marvel avait du mal à trouver sa place au sein d’un univers déjà bien rempli en super-héros en tous genres. La phase 4 du MCU étant portée par le succès monstrueux de Spider-Man: No Way Home, il était normal de surfer sur la vague du multivers et de mettre en avant un personnage bien plus complexe et intéressant qu’il n’y paraît.

Une pile nucléaire dans la caméra

Prévu à l’origine pour être placé avant la dernière aventure du tisseur, le film subit le départ de son metteur en scène Scott Derrickson, officiellement pour « différends créatifs » (façon gentille pour dire qu’il n’a pas eu son mot à dire et qu’il a claqué la porte du studio). Avouons-le, nous ne perdons pas au change (loin de là) car Kevin Feige décide d’appeler le génialissime Sam Raimi pour remplacer au pied levé le réalisateur derrière Sinister.

Sam Raimi, pour les cancres du fond de la classe, c’est le réalisateur formé à la débrouille et au système D de Evil Dead, film d’horreur culte connu pour ses mouvements de caméra jamais-vus (surtout pour un film shooté les week-ends entre potes) qui vaudra à Raimi son ticket d’entrée pour Hollywood. Suivront Mort sur le grille (écrit par les frères Coen), Evil Dead 2 (une suite/remake du 1er), Darkman (1ère incursion dans le genre super-héroïque), Evil Dead 3: L’Armée des Ténèbres ainsi que le western Mort ou vif, le thriller Un plan simple, le film sportif Pour l’amour du jeu avec Kevin Costner ou encore Intuitions, formidable drame teinté d’épouvante avec Cate Blanchett et Keanu Reeves.

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Mais ses plus gros succès seront sans nul doute la trilogie fondatrice de Spider-Man avec Tobey Maguire, mélange parfait entre le blockbuster et le comic book où chaque plan a l’air de sortir d’une case d’un Dikto, Romita ou Buscema.

Il était donc plus que temps que Raimi retourne aux affaires (son dernier film, Le monde fantastique d’Oz, date de 2013) et bien lui en a pris tant ce Dr Strange se classe sans soucis dans le haut du panier du MCU.

Voyage au centre de la folie

Stephen Strange, en proie à des cauchemars, sauve une jeune fille poursuivie par un démon. Celle-ci, du nom de America Chavez, a le pouvoir de voyager dans le multivers. Strange, pour la protéger, fait appel à Wanda Maximoff, vivant reclus depuis l’incident de Westview… Et nous n’en dirons pas plus pour ne pas trop dévoiler l’intrigue et préserver les quelques surprises qui émanent d’un scénario certes balisé, mais ô combien ludique pour un Sam Raimi qui a l’air de s’éclater comme un petit fou.

L’attaque de Gargantos le long des buildings renvoie irrémédiablement à Octopus dans Spider-Man 2, une séquence horrifique au sein d’un temple nous rappelle Evil Dead 2 et ses esprits farceurs, sans oublier le caméo obligatoire de son acteur fétiche Bruce Campbell.

Ne vous attendez pas néanmoins à une refonte totale du MCU mais la campagne promo, bien qu’intensive, a eu la bonne idée de préserver bon nombre de surprises qui ne manqueront pas d’enjailler le geek qui sommeille en vous. De plus, le côté horrifique est pleinement assumé et vous ne manquerez pas de croiser du zombie, de l’ambiance glauque et du jump scare. Chères petite blondes, attendez-vous à être surpris !

« Vous enfreignez les règles et vous devenez un héros ? Quand je le fais, je deviens l'ennemi... Je ne trouve pas ça normal. »

Côté personnages, Stephen Strange prend de l’étoffe et son côté arrogant est mis à mal par une série d’échecs, notamment dans sa vie privée. La jeune Xochitl Gomez campe une America Chavez convaincante mais c’est Elizabeth Olsen, qui vole la vedette au reste du casting, qui offre à son personnage une excellente suite et conclusion à la série WandaVision (à voir impérativement avant le film).

Martin Scorsese disait que les films Marvel étaient plus des attractions que du cinéma. En soi, il n’a pas tout à fait tort. Mais quand on a aux manettes un Sam Raimi en pleine forme, on remettrait bien une petite pièce pour refaire un tour de manège, non ?

« AH, AH, AH, AH, C'est fini ! »

Biberonné très tôt au cinéma, j'avalais de la pellicule comme d'autres des bérets verts au petit déjeuner ! Curieux de tout et aujourd'hui casanier dans l'âme, c'est dans la douce atmosphère du foyer que j'étanche ma soif sans limite de 7e art.

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