• Testé sur une PS5 chapardée puis prise en otage à Bennj. C’est beau l’amitié !
  • Code transmis par l’éditeur avant la sortie officielle.
  • Joué 11 h pour 206 bots sauvés pour les besoins du test. 
  •  Captures éditeur et maison dans l’article.

Plus de six ans déjà nous séparent des premiers pas d’Astro bot sur PS4 où le petit robot kawaï est devenu l’étendard du PSVR. Après le succès critique du premier opus dont on avait découvert les premières builds à la Gamescom lorsque la technologie de la réalité virtuelle était encore balbutiante, une suite s’imposait. Sony récidive aujourd’hui et compte bien faire d’Astro sa nouvelle mascotte pour les petits et les grands. Longtemps restée chasse gardée de Nintendo et sa ribambelle de jeux dédiés, la plateforme est souvent considérée comme le parent pauvre de Sony, du moins en comparaison avec la profusion de jeux proposés chez son rival historique. La Team Asobi a-t-elle réussi à propulser Astro parmi les grands ? Sans la VR, Astro fait-il encore le poids face aux ténors du genre ?  

Super Astro Galaxy

Dans le monde impitoyable de la plateforme, les joueurs ont tellement les crocs que ce petit cercle de fidèles fanatiques crie souvent à la révolution à chaque Mario et au fiasco dès que des concurrents cherchent à proposer leur variation de l’indétrônable plombier moustachu. On ne va rien se cacher, la Team Asobi a clairement emprunté un nombre conséquent d’idées venues de licences de Big N. Il fallait s’y attendre avec un héros qui, à une lettre près, chipe déjà le patronyme du shōnen Astro Boy d’Osamu Tezuka (lire notre dossier), dont les dernières frasques vidéoludiques remontent à l’excellent shoot them up Omega Factor de (Dieu) Treasure. Outre cet emprunt amusant, la première inspiration du jeu de la Team Asobi vient clairement de la saga Mario Galaxy. D’abord car notre petit robot va devoir reconstituer pièce par pièce la malheureuse PS5, son vaisseau spatial lustré et calibré pour l’espace, comme chacun sait mais surtout pour ces planètes à explorer.

Le grand méchant du jeu a son style bien à lui !

La machine de Sony a été dépiautée par un vilain globule « vert Ghostbuster » dont les intentions restent secrètes car le jeu est entièrement muet. Pas de lignes de dialogues, rien si ce n’est quelques gargarismes et autres gazouillis mignons poussés par les 300 bots qu’on devra sauver tout au long du jeu. Cachés au milieu du décor, les bots devront être secourus pour casser les verrous des cinq mondes et atteindre le boss de mi-étape. Jusqu’ici le jeu suit une partition très classique ; un format rodé qui a fait ses preuves depuis Mario Bros premier du nom et dont la formule est longtemps restée figée jusqu’à un certain Mario Odyssey, plus ouvert, plus large et plus à même de redonner de l’intérêt à la redécouverte des niveaux.

L'une des transformations les plus cool du jeu ! Merci Arms et Yoshi !

Si Mario Odyssey et ses 836 lunes à collecter avait quelque peu déboussolé les collectionneurs à l’image de ces maudits Kokoro de Zelda, Astro Bot est plus modeste avec seulement 300 bots à dénicher. Cependant dans la même logique critiquable que le titre de Nintendo, Astro Bot opte pour l’école « 0 frustration » et va bien plus loin que son homologue Mario. Si l’on reprochait au plombier d’avoir des étoiles ou lunes trop souvent évidentes à collecter, Astro Bot lui s’en moque complètement. Plus proche d’un« Où est Charlie ? » qu’un jeu de plateforme exigeant, Astro Bot ne requière pas de talent à proprement parler ou de manière très marginale pour ses niveaux cachés. Même les pièces ne servent à rien si ce n’est acheter des goodies et costumes. Impossible d’avoir un game over dans Astro Bot sauf à être passablement mauvais à des niveaux qui défient l’entendement. Cerise sur le gâteau mais finalement pas déplaisante, un petit oiseau nous sert de radar pour trouver les bots sur demande lors des second runs sur les niveaux. Une idée à la carte pas bête !

L’école 0 frustration

Ce sentiment de promenade de santé s’explique par une accessibilité folle et des checkpoints qui sont légion. S’ils favorisent la prise de risque, l’effet de récompense est quelque peu altéré par la facilité. Sur ce point d’ailleurs, Astro Bot est dans ses mécaniques de mouvements semblable à Mario Sunshine et son Jerrican Expérimental Transformable (J.E.T.) qui lui permettait de planer dans les airs, propulsé par deux jets d’eaux ici transformés en lasers. Cette mécanique facilite évidemment la progression et réduit l’intérêt des phases de sauts. Si l’on expédie l’aventure principale en une dizaine d’heures et le 100% en ajoutant cinq heures pas plus, Astro Bot est-il pour autant déplaisant ?

A de rares endroits, la DA semble parfois dérailler en termes d'harmonie chromatique.

Question décharge d’endorphines, le petit robot excelle ! Astro Bot se meut avec une fluidité déconcertante même si sa gamme de mouvements reste maigrelette par rapport à la marge de manœuvre exponentielle que laissait un jeu comme Odyssey, un titre taillé pour le speedrun. Astro Bot se distingue de Mario du fait qu’il rebondit et ne tue pas ses ennemis s’il saute sur leur tête. Il faut distribuer des mandales d’une simple pression souvent létale ou charger un tourbillon, là encore emprunté à Mario, pour faire des dégâts plus longtemps. Le jeu est globalement permissif sur les contacts qui ne font pas de dégâts instantanés et les ennemis n’opposent pas de résistance particulière. Au contraire, ils font partie d’un flow général qui figure parmi les réussites indéniables d’Astro Bot. Certes le jeu est un parcours de santé mais quel régal et déluge d’idées de chaque instant.

L’enfant bâtard de Nintendo ?

Globalement le jeu fait preuve d’une souplesse folle et réussit surtout à faire mouche grâce à son inventivité et l’exploitation intelligente des fonctionnalités du pad de la PS5 qui doit beaucoup à la Wii. On se retrouve quelques fois à souffler dans la manette et la pression des gâchettes offre une résistance hyper appréciable pour l’utilisation de pouvoirs spéciaux. On trouve ainsi plusieurs bonus uniques qui nous permettent de ralentir le temps, de lancer deux bras mécaniques façon Arms ou semblable à la langue de Yoshi selon les situations, un jetpack vertical, un autre horizontal et d’autres surprises qui viennent varier les plaisirs. Cette idée bienvenue utilise avec intelligence la manette et ses capteurs de mouvements, notamment lors de l’arrivée dans les niveaux, cramponné sur le joystick d’une DualSense fuselée.

Le côté cartoon fonctionne à merveille et rappelle le design des boss de Donkey Kong Jungle Beat, le malaimé et pourtant remarquable jeu d'arcade de Nintendo jouable aux kongas.

Concernant le Level Design comme les ennemis, Astro Bot ne cache pas sa parenté avec les franchises de Nintendo sans tomber pour autant dans le plagiat comme on a pu l’entendre de façon outrancière sur les réseaux. Inversement, on a pu lire un peu vite ici et là que le jeu ne recyclait aucune idée, c’est assurément exagéré et les niveaux restent nettement moins complexes sur le fond comme la forme que ceux du plombier. Pour autant, la Team Asobi réussit sans doute à tutoyer, voire dépasser Nintendo pour ses boss toujours inspirés et leur mise en scène spectaculaire, garantie par une console autrement plus puissante que la Switch. Sur certains niveaux dans l’espace et à la construction analogue aux micro-planètes des Mario Galaxy, les plateformes apparaissent en temps réel alors que la station spatiale se construit sous nos yeux. Curieusement même si le jeu est globalement très beau et propose une distance d’affichage appréciable, il ne détrône pas pour autant Odyssey et est même assez pauvre pour représenter la mer par exemple ou certaines textures un peu taillées à la hache. Heureusement ces défauts restent très rares et ne gâchent en rien l’expérience de jeu.  

Un pour tous et tous pour un

Jouant la carte assumée du fan service comme personne d’autre ne l’avait fait avant lui, Astro Bot est un placement de produit intégral. Toutes les vielles consoles de Sony apparaissent dans le jeu et les manettes sont autant un mode de transport que des éléments du décor. Certes, cela fait partie du concept même du jeu et c’est plutôt marrant mais n’est-ce pas un peu exagéré ? Il n’aurait pas manqué grand-chose à l’épilogue du jeu pour qu’on nous annonce la PS5 pro ingame ! Alors j’en vois certains me dire que Nintendo a depuis longtemps utilisé ses licences pour nourrir son propre écosystème. On voyait déjà des vieilles consoles dans des franchises comme Paper Mario ou Mario and Luigi, mais cela restait marginal.

Pour autant, passé le côté rageux de la remarque, le fan service finit par faire son œuvre. C’est franchement drôle de remonter pièce par pièce sa PS5 comme si on montait un PC, le cable management en moins. Astroy Bot empreinte aussi aux Pikmins… à moins qu’il s’agisse des Lemmings ? Plus on a de bots sauvés, plus ont peut les mobiliser pour accéder à certains points d’une planète spéciale, le tout avec des animations cartoon au diapason. Basique mais diablement efficace.

Du fan service en veux tu, en voilà ! Le temps de cerveau disponible, ça sert à ça !

De manière générale, si Astro Bot est une réussite indéniable. A défaut d’être profond, il sait multiplier les idées sans jamais ennuyer le joueur. Astro Bot, c’est un peu un parc d’attraction ou musée vidéoludique autant qu’un hommage appuyé aux vieilles consoles comme aux mascottes anciennes et nouvelles de Sony. Chaque monde se solde par un niveau spécial dédié à un personnage emblématique de la firme. Si certains sont moins inspirés que d’autres, c’est un clin d’œil amusant aux fans tout comme un énième placement de produit savant qui finira bientôt dans les manuels d’écoles de commerce. Outre ses inspirations à l’univers de Nintendo, de Captain Toad à Splatoon en passant par Donkey Kong, MarioYoshi, Metroid – ajouter toutes les licences de Nintendo – Astro Bot a largement compris le sel des OST des derniers jeux Mario en recyclant le répertoire de Sony. Certains thèmes instrumentaux ne manquent pas de toupet et il faut dire qu’entendre le « Boy » iconique de Kratos au milieu d’une chanson guillerette fait toujours son petit effet.

Astro Bot est-il original ? Comme le dit le dicton, ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace et les amateurs du genre reconnaîtront parfois à la plateforme près la source d’inspiration des développeurs. Oui, Astro Bot mange à tous les râteliers à commencer par la cantine de Nintendo dont il a reproduit la recette avec panache. Mais est-ce bien grave ? Après des décennies sans rivaux autres que dans le monde indé, ne faut-il pas considérer que bien des idées sont du domaine public désormais ? Alors qui du maître ou de l’apprenti saura se distinguer ? La question n’a pas grande importance, dès lors qu’Astro Bot réussit parfaitement à remplir sa mission : faire un jeu fun et sans prise de tête. Moins complexe et savant qu’un Mario, le jeu n’en reste pas moins un exemple de (placement de) produit fini, calibré et maîtrisé de A à Z, aussi accessible et ludique qu’un Kirby. Fans de Mario, rangez vos fourches un instant, le plombier reste roi en son domaine ! Mais prenez le temps de savourer cet apéritif des plus réussis. Astro bot pourrait bien apporter un peu de concurrence qui ne serait pas de refus face à un Nintendo, maître incontesté en son royaume. La Team Asoby signe un jeu casual qui pourrait bien s’inscrire durablement dans l’univers de Sony en espérant un destin plus heureux que Crash, Spyro, MediEvil et tant d'autres licences tombées aux oubliettes... C’est tout ce qu’on leur souhaite pour nourrir un catalogue encore pauvret malgré une place de leader du marché trop facilement gagnée. Un jeu popcorn qui n’augure que du bon pour la suite !
Pour
  • Le fan service
  • Un jeu fun par excellence
  • Exemple de finition
  • Animations choupi
  • Gameplay simple et diablement efficace
  • Variété des niveaux
  • OST originale
  • Transfos qui apportent du peps
  • La DualSense très bien exploitée
  • Le côté Pikmin de la planète centrale
  • Générique interactif grisant
  • Boss inspirés (et inspirant pour Nintendo ?)
Contre
  • Le fan service
  • Pas de VR
  • Moins complexe et dense qu'un Mario
  • Légère redite pour trouver les bots
  • Plateforme très (trop?) casual
  • Passages en vaisseaux sous-exploités
  • Quelques rares textures et effets vilains
  • Palette de mouvements limitée malgré les transfos
  • Courir aurait donné une autre dimension au speedrun

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.

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Ummagumma
8 jours

Je serai ravi de le faire sur PC dans un an ou deux!

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