L’histoire d’un amour fou, cantonné à un été, et à ses conséquences qui résonnent encore plus de trente ans plus tard…

Quand on a 17 ans...

Quand on a 17 ans… C’est un film d’André Téchiné, aux thématiques connexes. C’est aussi l’âge de Stéphane et Thomas. Un frôlement à l’échelle d’une vie, pourtant leur histoire d’amour, au cours d’un été des années quatre-vingt, pulse encore aujourd’hui. Adaptant le roman autobiographique éponyme de Philippe Besson, Arrête avec tes mensonges se veut un chassé-croisé entre cet été et le présent. Un été solaire, narrant leur passion naissante. Et un présent morne, terne, où le même Stéphane (Guillaume de Tonquédec), devenu célèbre écrivain, revient dans sa région natale pour parrainer une marque de cognac. Tout bascule à l’apparition de Lucas (Victor Belmondo), le fils de son amant d’un été, disparu sans laisser la moindre trace.

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Arrête avec tes mensonges est construit en chassé-croisé constant, où les flashbacks pulsent comme des réminiscences impalpables, pures, joyeuses, toujours traversées des couleurs vives de l’été et où explosent des incartades de sexe jamais édulcorées. Le présent au contraire se veut morne, coincé entre les conventions d’usages, les rituels immuables (rencontres avec le public, séances d’autographes, conférence), perdu dans le spectre des couleurs automnales. Dès l’apparition de Lucas, incarné par un Victor Belmondo dont les traits offrent le portrait craché du père – ce que le film évoque en une scène – le quotidien banal vacille. L’histoire se fait plus tragique, le film devient un temps nocturne, les visages se ferment et les voix montent d’un ton.

Versant lumineux

La plus grande force d’Arrête tes mensonges, c’est de ne pas se lover dans le pathos. Certes l’histoire autobiographique de l’écrivain Philippe Besson, dont l’adaptation se veut fidèle, comporte du tragique, mais le réalisateur Olivier Peyon se concentre sur le versant lumineux du récit. Et même lorsque les scènes s’alourdissent, il parvient à ne pas les rendre plombantes – notamment grâce à la géniale Guilaine Londez.

Arrête avec tes mensonges

Pourtant, le long-métrage souffre de plusieurs carences. D’abord le casting : s’il reste plus que cohérent, il n’est pas toujours servi par ses dialogues parfois trop écrits, sonnant par instants à côté de la scène interprétée. Quant à la musique, signée Thylacine, force est de constater qu’aussi brillant soit le groupe, il reste très identifié et peine à accorder pleinement sa musique à l’image. Dernier reproche, le film pèche dans sa représentation de l’acte d’écriture (bien que peu montré dans le film), exactement comme Sur les chemins noirs un peu plus tôt cette année.

Verdict

Bref, Arrête avec tes mensonges est un feel good movie en demi-teinte, raconté avec simplicité et véhiculant un beau message. S’il lui manque malheureusement une véritable alchimie et une patte visuelle pour en faire un film mémorable, il reste de facture plus qu’honnête et s’inscrit en bonne adaptation de l’œuvre de Besson. À (re)découvrir désormais en format physique.

Fiche technique

DVD Zone B (France)
Éditeur : Blaq Out
Durée : 94 min
Date de sortie : 20 juin 2023

Format vidéo : 576p/25 – 2.35
Bande-son : Français Dolby Digital 5.1 (et 2.0)
Sous-titres : Français

Arrête avec tes mensonges

Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.

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