• Testé sur PC
  • Jeu acheté

Il y a dans mon goût pour les cartes à collectionner une névrose qui semble remonter loin dans mon enfance. J’ai souvenir d’un soir après un cours de judo, où les filles du club s’échangeaient des cartes Spice Girls et l’ado prépubère que j’étais ne comprenait pas bien l’intérêt de s’extasier autant pour de simples bouts de carton. Puis une amie me donna un exemplaire de Geri Halliwell qu’elle avait en trop. J’ai un temps gardé cette précieuse carte puis les cours de récré furent ensuite inondées de carte Magic et plus tard de Pokémon. Il y aura ensuite des milliers d’autres cartes. Des démons assoiffés de sang, de vaillants chevaliers, des elfes érudits par centaines mais aucune avec ton sourire, Geri. Ces quelques lignes sont pour toi.

Here comes a new challenger

Slay The Spire avait démocratisé le genre en sortant en 2019 leur jeu deckbuilding/roguelike dont on connait maintenant par cœur les contours. Il avait à l’époque agréablement surpris la communauté de joueurs de cartes, pourtant plus habituée à jouer à plusieurs que tout seul. Alors qu’Hearthstone semblait s’essouffler après plusieurs années de bons et loyaux services et que RIOT de son côté annonçait l’arrivée prochaine de Legends of Runeterra, la brèche qu’avait ouverte Slay The Spire fût une bouffée d’air pour ceux pour qui se tataner en multijoueur n’avait de sens qu’autour d’une bonne vieille table. C’est à peu près à cette date qu’Abrakam lança avec succès le kickstarter de son futur projet : Roguebook.

Roguebook nous largue au beau milieu d’un bouquin magique, dont les pages ont été effacées pour d’obscures raisons. Une petite équipe de deux héros (parmi les quatre disponibles) va être missionnée par le sosie de maître Splinter pour aider à recouvrir les pages d’encre et accéder aux pages suivantes jusqu’à la dernière où nous attend le boss final. Voilà en gros pour ce qui est du scénario. Rien de bien folichon mais comme dans tout bon Roguelike, on n’est pas trop là pour ça. L’aspect répétitif du genre permet encore difficilement aux développeurs de créer un scénario qui donnerait une raison valable  autre que la folie – à recommencer 250 fois un niveau. Non, le vrai scénario du jeu édité par Nacon ressemble plus à un combat contre soi-même, contre le jeu lui-même quand la difficulté se durcit après plusieurs run réussis.

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High risk, high reward

Il faudra apprendre à la dure comment optimiser son deck à la perfection et quelles cartes participent le mieux aux interactions entre les héros. Après chaque combat victorieux, un peu d’or et surtout de l’encre qu’il faudra utiliser à bon escient pour accéder aux nombreux objets proposés par le jeu. C’est précisément là que se situera une des grandes difficultés de Roguebook. Plus on découvre de parties de la map, plus il vous faudra faire de combats, sans quoi vous n’aurez pas suffisamment d’or pour accéder aux bonus que vous aurez découvert. Il faudra alors faire des choix et prendre le risque de faire le combat de trop et d’arriver devant le boss de fin de page avec, certes, des perks de qualités, mais de la précieuse vie en moins. Un jeu d’équilibriste bien ficelé qui récompense l’abnégation et l’expérience du jeu.

roguebook
Roguebook se traduit littéralement par « livre de voyou». Bel hommage à peine dissimulé à Marc Levy qui appréciera.

Coté deckbuilding, Roguebook rempli sa part du contrat. La patte de Richard ‘sensei’ Garfield se ressent dans la qualité des mécaniques et dans les différentes possibilités de construction de deck. Chacun des quatre héros possède des cartes et des styles de jeu bien différents. Sharra par exemple, première héroïne avec laquelle vous débuterez, sera forte en première ligne, et une partie de ses cartes repose sur une mécanique de permutation entre elle et son acolyte ce qui boostera largement les dégâts. Les mécaniques d’Aurora reposent quant à elles sur des buffs et debuffs puissants qu’elle appliquera pour faciliter la tâche à son compagnon. La direction artistique autour des héros est de ce côté plutôt réussie et vous n’aurez aucun mal à identifier quel sera le rôle de chacun des héros à en juger à leur trogne (peu de doute sur celui de Sorocco, le demi-ogre au poing d’acier…). Une fois le premier run terminé, des malus pourront être activés pour corser l’expérience et gagner ainsi plus de page du Roguebook. Ces pages serviront de monnaie à échanger contre des bonus qui seront finalement les seuls à être conserver au travers des runs. Une mécanique plus « roguelite » qui permet tout de même de lisser un peu la difficulté globale.

Edmund Mc Millen

Edmund Mc Million
Le célèbre roguelike The Binding of Isaac, devrait prochainement avoir droit à une extension à son jeu de carte, The Binding of Isaac : Four Souls Requiem.  A l’heure où je vous écris, le Kickstarter a récolté la coquette somme de 6,7 millions de dollars et devrait donc bientôt voir le jour. L’occasion pour les fans de jeu de cartes sur table ET de roguelike de mêler l’utile à l’agréable.


Gemmes, gemmes pas

Les quelques points négatifs – car il y en a – sont à chercher du côté de la rejouabilité. Si la partie jeu de cartes est variée et donne envie de tester et retester toutes sortes de compositions, la partie Roguelike est un plus faiblard en l’état. Finir une première fois Roguebook peut se faire en quelques heures seulement et certains des éléments à améliorer au fil des victoires semblent superflus. Un peu de remplissage que l’on aurait volontiers échangé contre quelques pages ou héros en plus. Les mécaniques des boss finaux sont également assez ternes et parfois frustrantes en comparaison à certaines trouvailles bien senties pendant les escarmouches intermédiaires. Enfin, on peut regretter le manque d’équilibrage de certaines gemmes de début de partie qui pour bon nombre d’entre elles restent superficielles dans la création de votre deck, alors que d’autres vous enverront directement au bout du bouquin.

Verdict

Les quelques bugs techniques et de traduction présents à la sortie du jeu devraient être rapidement corrigés et un peu de rééquilibrage dans l’accession aux différents objets du jeu devrait permettre à Roguebook d’être parmi ce qui se fait de mieux dans son genre. Les parties sont très souvent agréables et malgré quelques situations frustrantes inhérentes aux roguelike, on prend un vrai plaisir à découvrir ce qui se cache aléatoirement derrière les pages du livre. La variété et la complexité des cartes donnent parfois des situations loufoques et inattendues et cache une profondeur de gameplay assez rare. Après l’échec d’Artifact sur le multijoueur, Richard Garfield renoue avec succès avec le jeu de cartes solo pour notre plus grand plaisir.
Pour
  • Richard « Magic » Garfield
  • Des cartes ET du roguelike !
  • Variété des cartes et possibilités de combos intéressantes
  • Lissage de la difficulté maitrisée
Contre
  • Rejouabilité limitée
  • OST transparente
  • Scénario dépourvu d’intérêt

Avaleur de kilomètres sur l’autoroute vidéoludique, j’y roule à 500 à l’heure et parfois sans ceinture de sécurité ! Je me saigne à peu près à tout ce qui bouge, tout ce qui se clique, tout ce qui se joue. Passionné sur le tard par les jeux indés, je m’essaie à coucher sur papier numérique les quelques mots qui me viennent pour décrire ces œuvres culturelles trop longtemps mises de côté.

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Ummagumma
2 années

Cette intro :-p

Theq500
Theq500
2 années
Répondr à  Ummagumma

Des fois qu’elle nous lise on sait jamais 🙂

BennJ
Administrateur
2 années

Elle vaut combien sur le marché maintenant la carte Geri ? ^^

KillerSe7ven
Administrateur
2 années
Répondr à  BennJ

L’intro tabasse ! Spice Girls power ! J’ai versé une larme également.

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