Quelques mois après le terrassant Pacifiction, Benoît Magimel renfile son costume trop étriqué pour venir hanter les paysages algériens écrasés par le soleil. Entre petites frappes avides, gangs d’enfants et arrière-salles crasseuses, Omar la fraise a été présenté au Festival de Cannes avant de débouler presque simultanément dans les salles du pays.

Le spleen du caïd

Omar (Reda Kateb), surnommé la fraise, a le mal du pays. Ce truand ne peut en effet plus mettre les pieds en France à cause de trop nombreux délits perpétrés dans l’hexagone, et se retrouve ainsi coincé en Algérie. S’il peut compter sur son fidèle acolyte Roger (Benoît Magimel), les deux lascars peinent à s’habituer à leur vie bien rangée. Lézardant au soleil le jour, titubant dans les couloirs de leur maison où résonnent le bruit des bouteilles vides la nuit, de nouvelles affaires criminelles ne vont pas tarder à leur redonner du poil de la bête.

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Premier film d’Élias Belkeddar, un jeune réalisateur qui a fait ses armes en tant que scénariste avant de sortir un court remarqué : Un jour de mariage. Convoquant tour à tour Tarantino et la bande de Kourtrajmé (avec qui il a collaboré), c’est pourtant immédiatement à Pacifiction que l’on pense au début du long-métrage via l’incarnation de Magimel. Engoncé dans le même costume trop étroit que dans le film d’Albert Serra, portant les mêmes lunettes fumées, il troquera sa réplique « tu n’es pas mon ami » par un « tu veux le baiser » interrogatif et jubilatoire. Mis à part cela, le personnage est le même.

Ramène ta fraise

Mais outre cette comparaison flatteuse pour Omar la fraise, le long-métrage s’avance sur un tout autre registre. Film de gangster sans casse, il développera parallèlement le spleen de son héros et une histoire d’amour naissante avec une employée d’une usine de biscuits (Meriem Amiar), jusqu’à un climax émotionnel malheureusement un peu plat et pas forcément nécessaire. Reste qu’à part ça – et quelques séquences peu convaincantes de baston – Omar la fraise saura faire naître de l’absurde de la condition de ses deux malfrats des moments de comédie hilarants.

Omar la fraise

Si ce premier film n’est donc pas parfait, Omar la fraise vaut largement le coup d’œil pour sa somptueuse photo et pour des saillies d’humour qui mettent à mal les zygomatiques. Sans doute l’une des meilleures comédies de cette première moitié d’année, à découvrir actuellement en salles !

Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.

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