Attention, mignonnerie en vue ! Le film nommé aux Oscars du meilleur film d’animation Marcel le coquillage (avec ses chaussures) débarque sur vos écrans à bride abattue et en format physique ! De quoi (re)découvrir cette petite merveille de stop-motion en provenance des États-Unis…

Métro, bulot, dodo

Marcel le coquillage et ses parents Dean Fleischer-Camp et Jenny Slate (la voix de Marcel) auront su garder toute leur indépendance pour le passage de star de Youtube (à découvrir par ici !) à star du grand écran. En effet, c’est en conservant exactement le même dispositif que leurs vidéos initiales (stop-motion dans un environnement en prise de vues réelles) que se tourne ce long-métrage. On y retrouvera donc le minuscule coquillage Marcel, orphelin de sa famille et largué avec sa mémé Connie (avec la voix de l’immense Isabella Rossellini), dans une maison transformée en Airbnb à la suite de la rupture des anciens propriétaires.

Ainsi, Dean Fleischer Camp opte pour le mockumentary (le documenteur, en bon français) pour narrer l’histoire de son petit coquillage désœuvré face à la disparition de sa famille. Si les thèmes sont peu joyeux pour un film d’animation – l’impermanence, la vieillesse, la sénilité, l’absence de la famille – la multitude de trouvailles visuelles amène une truculence qui ravit l’œil autant que l’esprit : jamais le film ne devient lourd, empesé ou gros sabot, bien au contraire ! Les idées fourmillent : du miel sous les chaussures de ce petit bulot animé pour lui permettre de grimper aux murs jusqu’aux balles de tennis lui servant de 4×4, des relations aux insectes jusqu’au dessin de cet arbre généalogique gravé dans le bois pour se souvenir de sa famille disparue, Marcel le coquillage est constamment innovant et par conséquent agrippant.

Rase-moquette

Mieux, ce petit coquillage permet à Dean Fleischer-Camp de prendre un regard d’enfant : filmer au ras du sol, montrer ces obstacles indépassables qu’un adulte aurait franchis d’un seul pas, dépeindre une plante verte comme une jungle, un jardin comme un monde… Et à l’instar de ces peluches et poupées qu’on anime étant gamin pour trouver un interlocuteur à nos propres questions, Dean Fleischer-Camp, de sa position d’adulte, va inverser le processus : donner vie à cet insignifiant coquillage, naïf, minuscule, pour lui rappeler qu’au cynisme d’une existence d’adulte, à ses désespoirs amoureux et à ses déboires financiers, il reste une parcelle de cette enfance qu’on croyait perdue et qui nous faisait voir la vie avec tant de bonhomie.

Une histoire de transmission...

Un processus émouvant, passionnant en ce qu’il raconte de la transmission, notamment grâce à la relation développée entre Marcel et sa grand-mère Connie, seule rescapée du reste de sa famille disparue. Cette dernière étant incarnée vocalement par nulle autre qu’Isabella Rossellini (fille d’Ingrid Bergman et de Roberto Rossellini, rien que ça, la géniale actrice a tourné dans les chefs-d’œuvre de Lynch, mais aussi pour Zemeckis, Peter Weir et j’en passe), qui magnifie sa partition sans esbroufe ni envolée de violons. La vague d’émotion est à l’image du long-métrage, simple et sincère.

Isabella Rossellini dans le « Blue Velvet » (1986) de David Lynch

Une sincérité qui transparait jusque dans la forme, puisque comme l’indique le réalisateur lui-même, tout ce qu’il craignait avec ce projet était de travestir l’essence même des courts-métrages originaux en créant une conventionnelle animation commandée par un gros studio. Et dieu sait si le résultat visuel est au rendez-vous, avec une conception originale plutôt simpliste comme le rappelle Dean Fleischer-Camp dans la citation reprise ci-dessous.

« J'ai acheté une coquille d’escargot, de la pâte à modeler et un œil en plastique. Enfin, j’ai trouvé les chaussures dans mon épicerie du coin. Elles proviennent d’un coffret de Polly Pocket de contrefaçon. Le budget total était de 6 dollars. »

Dean Fleischer-Camp se mettant en scène aux côtés de Marcel au sein de son faux-documentaire...

Pas une seule coquille ?

Et bien si, un petit point noir à ce bijou d’animation, sa longueur… À vouloir coller aux standards de l’heure et demie de film, Marcel le coquillage (avec ses chaussures) traine dans son sillage quelques ventres mous fourrés d’une substance de remplissage de loin pas désagréable, mais qu’on aurait préféré voir amputée. Un petit défaut à apposer à un grand petit film.

En somme, Marcel le coquillage (avec ses chaussures) sera la mignonnerie parfaite, que vous soyez entre adultes ou accompagnés d’enfants. Un film d’animation particulièrement soigné, tranchant avec le reste de l’offre mainstream de ce genre de longs-métrages. Une très belle surprise donc, à (re)découvrir en format physique… Et pour prolonger le plaisir, ne ratez pas le making-of (17 min) et derrière les effets spéciaux de Marcel par Bottleship (2 min) !

Fiche technique

Blu-ray Région B (France)
Éditeur : L’atelier d’images
Durée : 90 min
Date de sortie : 07 novembre 2023

Format vidéo : 1080p/24 – 1.56
Bande-son : Anglais et Français DTS-HD MA 5.1
Sous-titres : Français

Marcel le coquillage (avec ses chaussures)

Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.

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