Pierre est ingénieur parisien et se rend dans les Alpes pour son travail. “Irrésistiblement attiré par les montagnes, il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre” rompant avec le travail et son ancienne vie. Là-haut, il fait la rencontre de Léa (Louise Bourgoin) et découvre de mystérieuses lueurs. Voici grosso modo le synopsis du film qui n’évoluera pas d’un iota. Outre le fait que le biais fantastique soit invoqué de façon très maladroite, La Montagne s’enfonce dans une interminable lenteur. D’une platitude de tout instant, ce personnage taiseux qui n’aligne que des mots creux -après de longs moments de silence gêné- nous a laissé de marbre. Un regret d’autant plus marqué que Brice et moi-même sommes avant tout passionnés des échappées alpines. Un comble pour le loup pyrénéen et le marcheur invétéré qui sommeille en moi.
Si la sélection 2023 de Gérardmer était largement autorisante, on peut valablement interroger la pertinence du choix du prix du jury et de la critique dans le cadre d’un festival dédié au fantastique avant toute chose. Ce dernier y est utilisé quasiment à contre-emploi avec une métaphore à peine voilée du besoin impérieux de “recharger ses batteries” dans une société en proie à la vitesse permanente et à la perte de sens chaque jour renouvelée par l’aliénation au travail voulu comme inutile par essence dans nos sociétés atomisées. Si les critiques aiment souvent à voir de la poésie dans le creux des mots, le minimalisme du film dessert son propos par un soucis tant d’écriture que d’incarnation d’un personnage ordinaire et foncièrement terriblement ennuyeux.