20 ans (!) après son dernier film Infidèle (remake de La Femme infidèle de Claude Chabrol), Adrian Lyne, réalisateur des cultissimes 9 Semaines ½, Flashdance, Liaison fatale et du chef-d’œuvre L’Échelle de Jacob, revient derrière la caméra pour une adaptation du roman de Patricia Highsmith : Deep Water (Eaux Profondes en VF), ou un couple aisé s’autorisant des relations extraconjugales voit leurs vies basculer lorsque plusieurs amants disparaissent autour d’eux. Privé de sortie en salles pour cause de COVID-19, le film est racheté par Amazon pour une diffusion en streaming sur Prime Video.

Liaison infidèle fatale

Pour son retour derrière la caméra, surement revigoré par le succès indécent de Cinquante Nuances de Grey (qui doit beaucoup à 9 Semaines ½), Adrian Lyne ne sort pas des sentiers battus en proposant un thriller érotique qui lui avait valu ses plus grands succès. Le problème, c’est qu’au lieu d’accentuer le côté thriller comme l’a été le Gone Girl de David Fincher et semer le trouble, Eaux Profondes met les pieds dans le plat, sacrifiant son (maigre) suspense sur l’autel des errances d’un couple dysfonctionnel auquel on a du mal à s’attacher.

Bobos à l’abri du besoin, entouré d’amis aux comportements d’ados attardés, on suit avec ennui leur relation bien terne et sans amour, d’autant que le personnage interprété par Ana de Armas est absolument insupportable. À ses côtés, Ben Affleck apporte tout son charisme à ce personnage à la fois détruit et blasé par le comportement de sa femme. Bien plus complexe qui n’y parait, l’interprète du Batman de Zack Snyder (Batman v Superman) montre ses propres failles comme lors d’une courte scène où son combat contre l’alcool est brièvement évoqué.

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Cinquante Nuances de Thriller

Malheureusement, la partie thriller est complètement éventée. Suspense inexistant qui ne laisse planer aucun doute sur le coupable, personnages qui disparaissent de l’intrigue sans trop savoir pourquoi (quid de la 1ère victime, du détective privé ?) jusqu’à un final spectaculaire (surement voulu par la production) qui nous fait (légèrement) sortir de notre torpeur, le film est gâché par une réalisation sans génie, où l’imagerie numérique des caméras ne sied guerre à la patte 80’s du cinéaste malgré quelques envolées: Ben Affleck et Ana de Armas n’ont jamais été aussi beaux et sensuels, la caméra prenant le temps de les filmer tels des œuvres d’art.

« Pourquoi t'es le seul homme qui veut bien rester avec moi ? »

Porté par son couple vedette, Eaux Profondes est un retour raté pour Adrian Lyne, preuve en est que le revival des années 80 n’est pas systématiquement signe de réussite.

Biberonné très tôt au cinéma, j'avalais de la pellicule comme d'autres des bérets verts au petit déjeuner ! Curieux de tout et aujourd'hui casanier dans l'âme, c'est dans la douce atmosphère du foyer que j'étanche ma soif sans limite de 7e art.

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