• Testé sur PC
  • RTX 3060 = 2560 x 1440 à 60 FPS en ULTRA
  • Comprend le jeu original + les 2 DLC (Le signal / L’écrivain)

Alan Wake est sorti sur Xbox 360 le 14 mai 2010, il y a onze ans déjà… Avant de lancer ce remaster, je chérissais le souvenir d’une œuvre au rythme haletant et à l’ambiance nimbée de mystère. Il faut avouer que je ne possédais alors pas toutes les références dont le titre revendique les inspirations. Depuis j’ai visionné Twin Peaks, une partie de La Quatrième Dimension et dévoré de nombreux romans de Stephen King. Aussi une décennie dans le monde du jeu-vidéo, c’est long, et le genre du TPS action-aventure a été particulièrement prolifique durant cette période, assez pour générer une certaine lassitude. Que vaut cette remasterisation en 2021 ? Coup de projecteur !

« It's not a lake; it's an ocean. »

Je suis toujours fasciné par la façon dont notre cerveau peut réactiver à la volée des pans de mémoire entiers à partir d’un timide fragment de souvenir. Je ne me rappelais pas du tout que Alan Wake comportait des phases de conduite, ou encore que sa narration était volontairement découpée selon un format épisodique. Chaque acte se conclut de fait par un cliffhanger accompagné d’une piste musicale de haute volée et démarre par un « Previously on Alan Wake » récapitulatif, à la manière des séries TV à suspense. 

Tout m’est revenu en un éclair, alors que notre écrivain maudit observait la bourgade de Bright Falls depuis le pont d’un ferry. Il s’agit de l’une de mes scènes favorites tant elle inspire la sérénité et restitue fidèlement le charme des petites communautés qui parsèment la côte nord-ouest des États-Unis et du Canada. Je pensais à l’époque que les développeurs de Remedy avaient caricaturé cette localité fictive mais il n’en est rien et ces microcosmes tranquilles paraissant comme figés dans un autre espace-temps existent bien. Allez faire un tour dans les environs de Tofino ou de Port Hardy en Colombie-Britannique et voyez par vous-même ! Vous aurez l’illusion de vous promener dans les environnements du jeu.

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« Nightmares exist outside of logic, and there’s little fun to be had in explanations; they’re antithetical to the poetry of fear. »
Stephen King
cité par Alan Wake dès le début du jeu

Que la lumière soit !

Mais revenons à nos moutons et affirmons-le tout de go : Alan Wake Remaster est une réactualisation modeste, qui « fait le job » sans fioritures. Les rendus des lumières sont améliorés, les définitions actuelles sont supportées, Alan et son agent Barry ont enfin un vrai visage (malgré des animations faciales très datées) et les noirs apparaissent plus profonds que jamais. Ce dernier point a son importance étant donné que l’action se déroule principalement dans l’obscurité. Nul doute que les chanceux équipés d’un écran OLED en prendront plein les mirettes tant les contrastes ressortent sublimés de cette modernisation graphique. 

Tout cela contribue à mettre davantage en valeur la superbe direction artistique ainsi que ses environnements forestiers. Au niveau des effets visuels, les volutes de fumée des artifices hypnotisent et on prend plaisir à admirer le faisceau de notre lampe qui perce au travers. On se surprend même à s’arrêter de bouger pour assister au spectacle pyrotechnique de nos fusées de détresse qui s’éteignent et dont la lueur rougeâtre et tremblotante s’estompe graduellement avant de finalement rendre leur place aux ténèbres dans un ultime « pssshit ». Dans un autre registre, la meilleure résolution permet de lire correctement les affiches et autres panneaux descriptifs, dans le musée ou le commissariat par exemple, au bénéfice de l’immersion. Sur le plan graphique, on a donc l’impression de jouer à un titre beau comme dans nos réminiscences magnifiées de 720p.

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C’est malheureusement le gameplay qui a le plus subi l’épreuve du temps, celle qui nous concerne tous et la récente responsable de la présence de poils sur la pointe de mes oreilles. La structure de progression semble effectivement encore plus dirigiste et répétitive qu’en 2010. D’ailleurs les scripts peuvent facilement être cassés et la plupart des combats évités, pour peu qu’on cavale en coupant les intersections aux bons endroits et en lâchant stratégiquement des torches au sol, histoire de bloquer le passage des entités fantomatiques lancées à nos trousses. Les rares scènes de conduite font aussi un peu tâche et l’action beaucoup trop présente dans le dernier tiers finit de souligner la faiblesse de la sempiternelle boucle « spawn d’ennemis / braquage de lampe torche / tirer ». 

Difficile cependant d’en tenir rigueur puisque l’original est sorti au milieu de l’âge d’or du TPS, un genre surexploité qui a fini par lasser. Les collisions peuvent par ailleurs s’avérer approximatives, en particulier lorsque Alan bondit pour franchir un obstacle. Les doublages ont quant à eux pris un coup de vieux et donnent le sentiment que les doubleurs récitent leur texte chacun de leur côté, sans véritable échange ni spontanéité. Enfin on préfèrera désactiver le HUD ma foi fort vilain, quitte à malmener notre sens de l’orientation quand tout ce nous entoure n’est que pins et séquoias à perte de vue. Rejouer à Alan Wake en 2021 fait vraiment réaliser à quel point il est linéaire.

Le temps ne fait rien à l'affaire

Toutefois et malgré ces quelques aspects vieillissants évoqués ci-dessus, force est de constater que le cœur d’Alan Wake, son atmosphère, n’a pas pris une ride. Et tant mieux car c’est ce qui fait tout son charme. On retrouve avec bonheur cette ambiance à la croisée des univers, entre Twin Peaks, La Quatrième Dimension, une partie de l’œuvre de de Stephen King et Poltergeist. Comme dans ce dernier, les objets possédés sont légion et constituent a posteriori les prémices thématiques de l’excellent Control, le dernier-né des mêmes talentueux Finlandais. Nous avions d’ailleurs eu l’occasion d’échanger avec Mikael Kasurinen qui était également lead game designer sur Alan Wake premier du nom. 

Le scénario cryptique-mais-pas-trop nous intrigue et nous happe toujours autant, nous poussant à aller de l’avant pour en savoir plus et ce même quand il s’agit d’abattre un soixantième bûcheron suite à une énième embuscade au milieu des bois. Le studio excelle en effet dans la diffusion d’une aura surnaturelle palpable et parvient à faire de la ville de Bright Falls un personnage à part entière, notamment par le biais d’émissions de radio qui savent poser un cadre et participent à l’entretien d’une atmosphère mystérieuse. Prenez un moment pour écouter celle-ci, qu’on savoure dans une cabane perdue avec pour seule toile de fond sonore le chant caractéristique des huards et le souffle nocturne du vent dans les arbres (attention l’extrait vidéo provient de la version Xbox 360 et non du remaster).

Impossible également de ne pas mentionner l’étrange feuilleton Night Springs, fruit d’une relation amoureuse entre Twilight Zone et Les Contes de la Crypte, et dont les épisodes sont disséminés tout au long du parcours de l’aventure. Ces courts-métrages au charme fou font à la fois sourire et nous filent la chair de poule en plus d’apporter leur pierre au lore du « Remedy-verse », Control et Alan Wake étant désormais officiellement connectés via un DLC.

Alan Wake Remaster offre une relecture assurément minimaliste mais qui nous rappelle tout le talent que Remedy a à revendre pour créer des univers fantastiques cohérents au carrefour des genres que sont le jeu-vidéo, la série télévisée, le cinéma et la littérature. Les nostalgiques pourront replonger sans arrière-pensée. Quant aux autres qui n’auraient encore jamais mis les pieds à Bright Falls, on vous conseille franchement de foncer sans hésiter. Pour peu que vous soyez prêts à accepter un schéma de progression daté, vous vivrez alors une dizaine d’heures mémorables, à la linéarité certes désuète mais au charme inaltérable.

Résident permanent dans la petite bourgade de Raccoon City et prosélyte du génial Rain World depuis 2017, on l'entend parfois jurer à pleins poumons lorsqu'il perd lamentablement face au singe de Sekiro à un poil de lemming près. En quête d'une 3080 depuis bientôt un an, le malheureux espère une réception de sa commande en 2022 : l'important c'est d'y croire ! Son TOC préféré ? Recenser dans un PDF tous les jeux auxquels il a joué dans sa vie.

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KillerSe7ven
Administrateur
2 années

C’était la belle époque des exclus X box qui te faisaient saliver comme pas possible. Les premiers Gears et Alan Wake, quelle claque !

Nosphor68
Nosphor68
2 années
Répondr à  KillerSe7ven

Sans oublier le premier Mass Effect qui était exclu 360 en début de vie de la machine , Lost Odyssey !!!!! Quel Jeu !!!! , Bioshock etc…. C’était la belle époque pour Microsoft !!!
Je l’avais eu Day One à l’époque avec…… Perfect Dark Zero……… Quel Déception !!! (Oui oui c’est ma plus grosse déception EVER , une insulte par rapport à Perfect Dark sur N64 qui était un chef d’œuvre absolu) .

Nosphor68
Nosphor68
2 années

Alan Wake j’ai adoré à l’époque (nettement meilleur que les dernières productions de Remedy comme Quantum Break ou Control pour pas les citer)

Dommage que ce jeu n’a pas eu de succès commercial à l’époque par rapport à grandes qualités (en même tant sortir le jeu en frontal face à un Red Dead Redemption……. Forcément c’était droit dans le mur……)

J’attendrai les Promos ou les Soldes pour me le refaire sur XSX ou alors une version Switch en boîte si jamais ça sort un jour sait-on jamais !!!

le loup celeste
Administrateur
2 années
Répondr à  Ummagumma

Excellent DLC qui permet d’appréhender Alan Wake sous un autre angle.

trackback

[…] su tirer son épingle du jeu. Pour l’avoir refait récemment et testé sur MaG, le charme opère encore. Alan Wake, contrairement à Silent Hill 2, Dead Space, Resident Evil 4, voire Silent Hill 3 dans […]

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