Mini-budget s’adonnant au film de contagion par un biais horrifique, voilà la promesse de Viral, disponible dans la plantureuse sélection d’Halloween de Shadowz. Alors ? Petite grippette inoffensive ou bonne influenza sous-estimée ? Réponse ci-dessous…
De Paranormal Activity au virus
Les deux poulains de l’écurie Blumhouse – Henry Joost et Ariel Schulman – s’attellent à quatre mains à la réalisation de Viral, après le documentaire Catfish, une tentative ratée de réanimation de l’univers Paranomal Activity (en l’occurrence les volets 3 et 4), et le thriller mi-figue mi-raisin avec la nouvelle scream queen Emma Roberts titré Nerve. Mini-budget, logique Blumhouse et thème éculé, voilà donc le matériau de base de ce petit film d’horreur.
Niveau synopsis, rien de nouveau sous le soleil. On retrouve la famille d’Emma (Sofia Black-D’Elia), une lycéenne timide coincée entre une sœur extravertie, un couple de parents en pleine crise et un déménagement qui remue les fondations de leur famille. Pourtant, aidée par sa sœur bien intrusive, Emma va rapidement se rapprocher d’Evan (Travis Tope), un lycéen avec lequel elle partage des heures de cours. Mais si leur romance s’apprête à débuter, une étrange infection se transmettant par le sang – et des vers bien peu ragoûtants – secouent leur patelin. Les États-Unis se retrouvent rapidement en état d’alerte.
Comme un air de déjà-vu...
Si le pan science-fiction de ce film pouvait interroger en 2017 (lors de sa sortie), il devient tout de même bien moins impressionnant après avoir traversé notre pandémie de COVID-19. Les théories politicardes fumeuses, la paranoïa s’emparant de la population, les trouées clandestines pour contrer la multiplication des interdictions, voilà des thèmes que l’on a bel et bien été forcé de côtoyer et qui ne nous saisissent que très peu au visionnage de Viral.
Ce petit long-métrage reste d’ailleurs bien timide. S’adossant à tous les clichés des films de contagion (28 jours plus tard, Contagion, Dernier train pour Busan et j’en passe), Viral n’en propose qu’une resucée tiède et constamment en deçà des exemples cités précédemment. S’il prend le temps de bien caractériser ses personnages, décalques clicheteux de tout ce que les teen-movies horrifiques ont pu proposer jusqu’ici en termes de famille en crise, de couples adolescents et de vie de bahut, c’est pour repousser le plus tard possible l’arrivée du virus et les quelques effets gore qu’il impose : vomissements de sang, modifications corporelles et accès de violence.
Fièvre tiède
Là où ils auraient pu proposer un film ultra-condensé et fiévreux, Henry Joost et Ariel Schulman collent au format de l’heure et demie de film sans couper des dizaines de minutes de gras l’alourdissant et le rendant décidément bien peu généreux sur son pan horrifique. Et pour combler les vides, ils usent d’une romance autant lourdingue que mièvre permettant au long-métrage de se clore sur une fin en suspens vendant l’audacieux espoir des réalisateurs d’en faire une suite dont nous serons – dieu merci ! – épargnés. Du moins pour l’instant…
Un film qui n’aura de viral que le nom… Une grippette tout au plus, qu’on couvera en 1h30 avant de l’oublier totalement, sans fièvre ni séquelles si ce n’est quelques symptômes effectivement longs comme une insidieuse atteinte à la rétine. On vous aura prévenus. Reste que si ce Viral nous semble décidément peu convainquant, la sélection Halloween de Shadowz reste quant à elle pantagruélique : une quarantaine de films, dont Junk Head, La Planète des Vampires de Bava ou encore Good Boy que nous avions chroniqué en direct du NIFFF.
Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.
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Je l’avais découvert lors de la 24e édition du Festival de Gérardmer (en 2017) et je l’avais à l’époque plutôt bien apprécié : « Étonnamment touchant, ce film catastrophe intimiste à l’ambiance mélancolique et à la dernière ligne droite stressante est une belle surprise prenante de bout en bout ».