• Testé sur PC
  • Configuration de test : RTX 4090 + i9-9900K
  • Jeu terminé en environ 5 heures
  • Contrairement au premier Oxenfree, les options d’Oxenfree II permettent de régler le volume des dialogues indépendamment de celui de la musique : enfin !
  • Le jeu offre différentes fins selon les choix effectués au cours de l’aventure…
  • 1 mille marin = 1852 mètres

L’année 2015, ce n’était pas seulement les élections législatives en Azerbaïdjan, l’entrée en vigueur de l’Union économique eurasiatique, l’assassinat à Moscou de Boris Nemtsov ou le débarquement de Marty McFly pour sauver ses enfants. Non, 2015, c’était aussi l’année de la sortie d’Oxenfree, développé par Night School Studio. L’équipe californienne, aujourd’hui sous l’égide de Netflix, revient avec Oxenfree II: Lost Signals. Cette suite en vaut-elle la chandelle ?

Radio, someone still loves you

L’action d’Oxenfree II: Lost Signals se déroule cinq ans après les événements du jeu précédent. On y incarne Riley, une scientifique de terrain tout juste entrée en fonction, alors qu’elle vient de regagner sa ville natale de Camena pour y effectuer un mandat de recherche. Sa mission ? Aider son collègue Jacob à étudier les anomalies radio détectées sur l’île en installant des émetteurs le long de la côte. À peine Riley et Jacob ont-ils configuré le premier engin qu’un portail dimensionnel s’ouvre au-dessus de l’île d’Edwards, là où se passait le titre original, à quelques milles marins d’eux ! Nos héros sont soudain victimes d’hallucinations et commencent à déambuler dans des boucles temporelles…

Le système de conversation propre aux productions de Night School Studio.

Comme vous pouvez le constater – et sans rien divulgâcher – le pitch est dans la continuité de l’histoire d’Oxenfree, sorti il y a sept ans déjà, et qui proposait une fin certes ouverte, mais plutôt pessimiste. On se retrouve donc de nouveau à errer dans de sublimes décors de forêt au style pictural du plus bel effet, radio en main, à jongler entre les fréquences pour communiquer avec l’au-delà et débloquer notre progression.

Le système de conversation, façon walking/talking simulator (comprendre que les dialogues ont lieu en temps réel et qu’on répond à la volée parmi trois réponses prédéfinies sans que cela ne vienne interrompre nos pérégrinations) fonctionne toujours à merveille. Quant aux musiques, elles s’avèrent efficaces, même si on déplore l’absence de thèmes aussi marquants que le sibyllin Beacon Beach du jeu de 2015, pour ne citer que ce morceau cotonneux aux tonalités feutrées.

La forme géométrique du triangle, récurrente tout au long de l'aventure, renvoie aux croyances entourant le triangle des Bermudes.

Le véritable changement apporté par cette suite tient à l’âge des protagonistes, soit une trentaine d’années. Si cela vous semble mineur, détrompez-vous, car ça change tout. Eh oui, finis (enfin, presque) les jérémiades, les moqueries et les apitoiements immatures de la bande d’adolescents mal dans leur peau du premier épisode !

Dans Oxenfree II, Riley et Jacob possèdent déjà un certain bagage de vie et suffisamment de recul pour exprimer à peu près correctement leurs émotions, plutôt que de dissimuler chaque état d’âme derrière une surcouche indigeste de blagues destinées à masquer leur inconfort, comme le faisaient les ados assez stéréotypés de l’original.

Les décors, détaillés et globalement très réussis, donnent souvent l'impression de tourner les pages d'un livre de contes.

Trève de bavardages

La narration d’Oxenfree II aborde principalement les thématiques classiques des regrets, des remords et du deuil, mais aussi de l’affirmation de soi et du déterminisme social. Si le jeu nous surprend de temps à autre par sa justesse d’écriture au détour d’une ou deux répliques bien senties, il finit malheureusement systématiquement par noyer cette prouesse éphémère dans un excès de dialogues qui, à terme, nuisent au sentiment d’empathie qu’on pourrait nourrir à l’égard de ces petits personnages, déjà si (trop ?) éloignés de la caméra. Ce flot constant de paroles dessert l’immersion du joueur et sa propension à l’introspection.

Certaines scènes parviennent quand même à être touchantes.

On aurait en effet souhaité bénéficier de plus longues plages de silence pour méditer sur les questions existentielles soulevées par le récit, comme le faisait si bien le bouleversant What Remains of Edith Finch, véritable chef d’œuvre, qui racontait ses histoires de famille tant au travers de sa narration que par le biais de son gameplay. J’en profite par ailleurs pour recommander à nos lecteurs le récent point n’ click intitulé How We Know We’re Alive, qui avait su m’émouvoir par son traitement de la thématique des préjugés, sur fond de retour au pays après une expatriation.

Le personnage de Jacob, à droite, est plutôt attachant.

Malgré ces défauts, Oxenfree II n’en demeure pas moins une suite solide, bien que paradoxalement frustrante, la faute à des bavardages intempestifs qui occultent les non-dits et, de ce fait, tous les sentiments qui, dans la vie réelle comme à l’écran, font parfois irruption entre les mots.

Résident permanent dans la petite bourgade de Raccoon City et prosélyte du génial Rain World depuis 2017, on l'entend parfois jurer à pleins poumons lorsqu'il perd lamentablement face au singe de Sekiro à un poil de lemming près. En quête d'une 3080 depuis bientôt un an, le malheureux espère une réception de sa commande en 2022 : l'important c'est d'y croire ! Son TOC préféré ? Recenser dans un PDF tous les jeux auxquels il a joué dans sa vie.

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Commentaires sur Inline
Voir tous vos commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x