En direct du FEFFS, retour express sur la comédie d’action haïtienne Kidnapping Inc. présentée dans la compétition crossovers. Et de crossovers il en est question dans ce long-métrage jonglant avec les références et dont le propos même se mêle aux réalités sordides du tournage !
La brute, l'autre brute et le truand
Deux gangsters se retrouvent avec le fils du futur président haïtien dans leur coffre, à la veille des élections. Et le garçon vaut son pesant d’or : on met sa tête à prix à plus de 300’000 dollars américains ! Problème : ils tuent accidentellement leur otage avant même d’avoir pu réclamer leur rançon… Débute alors une interminable journée pour ces deux lascars bien malchanceux.
Pour son premier long-métrage, on comprend d’emblée que Bruno Mourral ne veut pas que faire une simple comédie d’action. Avant même le premier plan, un carton situe Kidnapping Inc. dans le contexte haïtien : premier pays noir indépendant, il est depuis la crise de 2018 de plus en plus touché par une criminalité galopante, induite évidemment par une pauvreté exacerbée. En 2021, on enregistrait plus de 1000 enlèvements… Un business lucratif que relate le film, qui se prend les pieds dans une réalité qui dépasse sa propre fiction. En effet, plusieurs membres de l’équipe seront kidnappés en cours de tournage…
Pulp fiction créole
Et allons-y d’emblée : Kidnapping Inc. ne sera pas une claque visuelle de tous les instants. La photographie est parfois douteuse, les changements de régime d’image pas toujours bien menés et la durée du long-métrage induit quelques ventres mous malvenus. Mais après avoir craché notre morve de critiques insatiables, reconnaissons-le tout de même : Kidnapping Inc. est sacrément divertissant et a tout à fait sa place dans un festival comme le FEFFS !
Tartiné de références oscillant entre Pulp Fiction et La Cité de Dieu, le long-métrage aligne les situations comiques souvent hilarantes, entrecoupées de scènes d’action plus ou moins réussies, mais toujours bien rythmées (notamment un montage parallèle d’accouchement en pleine rue et d’un but de Messie qui permet de bien situer le long-métrage dans sa folie). La cascade de malheurs qui s’abat sur nos deux lascars renouvelle constamment la narration du film, qui se permet des ruptures de ton assez alléchantes.
Bref, vous l’aurez compris, Kidnapping Inc. se veut aussi fun que divertissant. Si le projet est techniquement boiteux, il a l’audace d’amener les sonorités créoles dans les salles, de développer un discours sérieux sur l’état du pays dans un film aux velléités de grand divertissement et d’offrir de sacrée tranches de rigolade. Et pour tout ça, il vaut largement le coup d’œil ! Une découverte décalée du FEFFS à découvrir bientôt (on l’espère) dans les salles…
Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.
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Bien marrant, après vu la qualité de ce qu’on a vu au FEFFS c’était pas le plus mémorable malheureusement…