• Testé sur PC au moyen d’un code fourni par l’éditeur
  • Configuration de test : RTX 4090 + i9-9900K (= toutes les options graphiques en ULTRA)
  • Campagne terminée en une (très) grosse après-midi, mais la découverte de tout ce que le jeu a à offrir et des 7 fins peut prendre au doigt mouillé jusqu’à 25 heures et plusieurs New Game Plus
  • Fait saillant : la nouvelle modélisation du personnage de Frank West m’inspire un hybride entre BennJ, l’un des pères fondateurs de MaG, et Nicolas Sarkozy
  • Les captures d’écran qui illustrent cet article ont été dégotées sur les forums publics de Steam, merci à leurs auteurs

À l’époque de sa sortie sur Xbox 360 en 2006, le premier Dead Rising représentait un mètre étalon graphique pour la seconde itération hardware de Microsoft. Nous nagions alors en pleine zombie-mania et toutes les captures d’écran du titre soulignaient la prouesse graphique que constituait l’affichage sans accrocs techniques de hordes de zombies affamés. Instantanément amusant, un peu potache, plutôt violent et parfois dérangeant, cet hommage régressif évident au Dawn of the Dead de Romero avait su marquer les esprits. Quelques printemps, suites à gogo et rides plus tard, Capcom revient avec une édition dite « Deluxe Remaster ». La chair est-elle encore fraîche ?

Un rogue qui ne dit pas son nom

Pour les nouveaux venus, Dead Rising est un jeu comico-horrifique à la troisième personne sauce beat ’em up. On y incarne Frank West, un photojournaliste de bas étage, en quête d’un scoop sur l’origine de l’invasion zombie qui vient de frapper de plein fouet la ville de Willamette, dans le Colorado. Piégé dans un immense supermarché, notre héros ne dispose que de 72 heures pour exposer la vérité.

Frank West, récipiendaire du Prix Pullitzer 2024 dans la catégorie Reportage d'investigation.

La principale originalité de l’opus fondateur de 2006 résidait dans son mode de progression en temps réel « simulé » flirtant allègrement avec le roguelite. Le joueur recevait des missions par radio à différents horaires prédéterminés, parfois plusieurs en même temps, le forçant à prendre des décisions à la volée et à bien jauger ses déplacements dans l’enceinte du centre commercial, sous peine d’échec. Si on arrivait trop tard sur les lieux d’une quête, l’histoire continuait sans pour autant nous pénaliser d’un game over. Il s’agissait d’une façon qui sort de l’ordinaire de maintenir la tension et d’offrir une aventure malléable, dont le dénouement se déclinait en sept fins différentes. À noter que cette revisite offre la possibilité d’accélérer le temps pour faire survenir plus vite les différents événements. Encore aujourd’hui avec ce remaster, Dead Rising demeure très court en ligne droite, car il a été pensé pour être rejoué plusieurs fois en mode New Game Plus.

Le premieeer de nous deeeux qui rira aura une TA-PETTE !

À cet égard, l’un des premiers changements qui saute aux yeux est l’irruption d’une sauvegarde automatique entre les différentes zones du mall, chaque passage de porte ou changement de zone étant synonyme d’un court et regrettable temps de chargement. N’y allons pas par quatre chemins, cet enregistrement intempestif de la progression contrevient un peu à la vision de 2006 et rend ce remaster vraiment trop facile comparé à l’original, qui était certes plus aride sur bien des aspects, mais qui générait un stress beaucoup plus palpable par crainte de perdre notre avancement lors des séquences de sauvetage de survivants. Il est cependant tout à fait possible d’ignorer cette fonctionnalité en rechargeant nos sauvegardes permanentes manuellement à chaque trépas.

Challenge au point mort et ciseaux d'Anastasie

Capcom a clairement cherché à rendre cette relecture la plus accessible et la plus grand public possible, la parsemant ça et là d’options de qualité de vie bienvenues comme la possibilité de tirer en mouvement, de répondre à la volée aux appels radio ou de modifier certains boutons d’action, etc. Rien toutefois qui ne bouleverse l’expérience.

« Je m'appelle Ashley Graham et je suis la fille du président. »

L’une des conséquences de ce parti pris d’élargissement de l’audience est d’ailleurs plutôt surprenante, Capcom ayant décidé de caviarder en intégralité un aspect potache de la mouture originale. Il n’est en effet plus possible de prendre des photos « sexy » de certains personnages féminins, qui permettaient à Frank, entre autres catégories de clichés unisexes « brutaux », « horrifiques » ou « dramatiques », d’engranger des points d’expérience pour améliorer ses capacités.

Certes, de l’eau et # MeToo ont coulé sous les ponts depuis 2006 (et tant mieux), mais il aurait à mon sens été plus appréciable que Capcom loge tous ses personnages à la même enseigne et propose au joueur de prendre aussi des photos coquines des personnages masculins les mieux gaulés. Cela aurait été de bonne guerre, d’autant plus que cette couche de gameplay était complètement en phase avec le caractère « paparazzi » et donc voyeuriste de Frank West, un bougre aux antipodes éthiques d’un Edwy Plenel.

L'un des meilleurs psychopathes de l'aventure.

De façon moins compréhensible, Capcom a également décidé de censurer certaines lignes de dialogue des psychopathes, ces maniaques charismatiques faisant office de mini-boss qu’on croise au fil de nos déambulations. Les psychopathes et leurs cutscenes associées ont toujours été l’un des plus gros points forts de la saga, alors j’étais forcément un peu déçu quand j’ai constaté que l’un d’entre eux, un ancien GI traumatisé du Vietnam, avait en 2024 perdu les pédales à cause d’un « conflit » pour ne pas nommer la guerre du Vietnam et qu’il voyait désormais Frank comme « un infiltré » et non plus comme comme un « Vietcong ». D’autres changements de cet acabit ont été apportés à la version Remaster. En voilà un choix éditorial franchement bizarre pour un jeu PEGI 18…

Deluxe, vraiment ?

Qui dit « remaster » dit « amélioration graphique » et là encore le bât blesse. Avec sa palette de couleurs tristounette moins flashy que l’original et ses textures réussies sur les modèles de personnages principaux, mais carrément vilaines sur les PNJ et quasiment partout ailleurs, on ne peut pas dire que les architectes de cette timide refonte aient mis l’emphase sur ce point, un comble pour un remaster qui se targue d’être une version Deluxe.

Le centre commercial est plutôt moche et le jeu souffre de quelques rares bugs graphiques ou effets de clipping pour couronner le tout. On déplore en outre des reflets de lumières baveux ou des liserés de chemise si frétillants qu’on jurerait qu’ils cherchent à tout prix à s’envoler ! En dépit de sa DA grisonnante et même si cette version Deluxe affiche un bilan technique honnête, on est loin de la claque graphique de l’époque Xbox 360 et on attendait un meilleur peaufinage de la part des développeurs.

La jaquette du premier Dead Rising était franchement classe.

Le jeu peine également à convaincre sur le plan sonore et le mixage offert par défaut paraît moins cohérent que celui de l’original, avec une spatialisation du son (notamment des râles de zombies) parfois erratique et une musique de fond trop peu audible. Si les nouveaux doublages anglais des protagonistes et PNJ sont comme toujours avec Capcom particulièrement réussis, on pourra déplorer un ton de voix globalement moins délirant et grand-guignolesque.

Pour en revenir au gameplay, il faut bien concéder que Dead Rising accuse son âge. Ainsi, bien que certains éléments aient été remaniés, le ressenti des déplacements de Frank apparaît un peu moins arcade et subtilement plus lourdaud que dans l’original. Quant aux armes, leurs coups manquent d’impact et le ragdoll approximatif des zombies qui s’effondrent sous nos coups n’impressionne guère.

Un point fort néanmoins, peut-être le plus important, réside dans l’amélioration de l’IA des PNJ, qui sont désormais capables de se défendre et de nous suivre sans nous causer trop de crises de nerfs. Cela améliore beaucoup l’expérience même si cette dimension hardcore et un tantinet injuste de l’original avait son petit charme.

Partir à la rescousse de survivants constitue mon activité favorite.

Ce n'est pas la mort non plus

Dead Rising Deluxe Remaster est-il en définitive mort ou vivant ? Après l’avoir terminé puis relancé quelques heures pour creuser la question, j’aurais tendance à ranger cette refonte approximative dans la première catégorie. Avec ses nouveautés réelles, mais trop peu nombreuses, ses coupes de contenu et sa restauration graphique limitée, il est difficile de recommander à plein pot ce remaster paresseux et on peut se demander si les joueurs non rebutés par le retrogaming ne feraient pas mieux de se procurer l’original.

On conseillera sinon aux autres d’attendre une promotion pour se laisser tenter par cette nouvelle mouture qui, si elle est très loin d’être honteuse et procure de bons moments, n’en reste pas moins indigente. Finalement, mon plus grand regret avec ce Dead Rising revenant, c’est qu’il ait fait son retour par la petite porte et que Capcom n’ait pas opté pour un remake en bonne et due forme, histoire de faire honneur à cette licence déjantée que je ne suis pas encore prêt à enterrer…

Résident permanent dans la petite bourgade de Raccoon City et prosélyte du génial Rain World depuis 2017, on l'entend parfois jurer à pleins poumons lorsqu'il perd lamentablement face au singe de Sekiro à un poil de lemming près. En quête d'une 3080 depuis bientôt un an, le malheureux espère une réception de sa commande en 2022 : l'important c'est d'y croire ! Son TOC préféré ? Recenser dans un PDF tous les jeux auxquels il a joué dans sa vie.

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Itokiry
9 jours

J’ai beau avoir dosé le jeu, et cette version Deluxe, j’avoue que j’étais complètement passé à côté des coupes dans les dialogues… Mais c’est vrai que vu sous cet angle, cette re-sortie semble bien moins pertinente.

Itokiry
9 jours
Répondr à  Ummagumma

À titre perso j’ai plus été déçu par l’absence de réelle nouveauté, parce qu’il y avait matière à proposer un mode de jeu supplémentaire ou un segment de scénario inédit. Histoire que les vieux de la vieille qui l’ont déjà poncé par tous les coins aient une vraie bonne raison d’y revenir. Parce qu’en l’état, à ce prix là, y’a pas de raison de repasser à la caisse je trouve. Mais comme toi, je me suis reperdu un moment dans le Mall en essayant de sauver le plus de chouineurs possible, j’ai pas eu l’impression de perdre mon temps.

Deux salles deux ambiances, avec les goûts que tu affiches je serais curieux de voir ce que tu as à dire sur un GOW, surtout avec la recette des derniers.

Et merci !

BennJ
Administrateur
1 jour

Dire que je t’ai motivé pour de nouveau écrire sur le site et c’est comme ca qu’on me remercie… En m’associant avec Sarko. Quelle indignité. Vous n’avez pas honte M. Ummagumma ? J’espère que tu te ferras bouffer par tes chats zombifiés durant ton sommeil. Ouais je sais pour toi ça serait la plus belle mort ^^

Dernière édition le 1 jour par BennJ
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