Après Bacurau, c’est à Daniel Bandeira et à son Property de faire refléter, au travers de son cinéma, les troubles sociaux qui secouent le Brésil. Thriller énervé et trash, Property était proposé dans la section « Third Kind » (les films flirtant avec le genre) de la 22e édition du NIFFF.

NIFFF

Prendre le vert...

Secouée par une attaque dont elle a été la cible en ville, Tereza (Malu Galli), une designeuse accomplie, ne parvient plus à quitter sa maison. Lorsque son mari réussit à l’attirer avec lui dans leur maison de campagne, c’est sans s’imaginer qu’ils auront à faire face à la révolte des ouvriers qui travaillent leurs terres, bientôt délogés afin d’y construire un luxueux hôtel.

Se faisant l’écho des tourments sociaux qui traversent le Brésil, Property construit habilement une tension qui ne va qu’enfler au cours du long-métrage. Jouant entre différents régimes d’images (court segment filmé au portable, images de caméra surveillance, etc.) et maniant habilement le hors-champ et le sur-cadrage, Daniel Bandeira parvient sans peine à faire exister sa panoplie de personnages et à expliciter visuellement leurs rapports de force.

De la campagne au huis-clos

La bonne idée du film est sans doute l’utilisation d’une voiture blindée dans laquelle Teresa va finir enfermée. Une utilisation des décors particulièrement habile (le coup de feu, l’enfumage, les vitres fumées…) et des saillies de violence extrêmement graphiques suffiront à laisser une empreinte indélébile au spectateur.

Si la volonté de se défaire de tout manichéisme n’est au final pas totalement tenue et fait pencher l’empathie du spectateur (probablement involontairement) d’un seul côté, Property reste comme une très belle surprise de ce début de festival. À voir s’il parviendra à se frayer un chemin jusqu’en salles !?

Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.

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