Dans un Japon tout proche, le gouvernement va tenter d’inciter le suicide assisté pour ralentir le vieillissement de la population, plombant l’économie. Une anticipation mettant en avant les atours d’un capitalisme prônant le civisme de la mort du sert-à-rien…
Science-fiction ! Science-fiction ?
La réalisatrice japonaise Chie Hayakawa propose un film d’anticipation, remarqué à l’internationale : il a en effet été sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger, mais a aussi remporté la caméra d’or au festival de Cannes 2022. Il faut dire que le sujet abordé est brûlant d’actualité. Mais que vaut donc ce film nippon ?
Si Plan 75 est classé sous science-fiction, il s’agit d’une science-fiction presque contemporaine, tangente à notre réalité. Dans une société où le capitalisme s’empare de tout, il ne faudra guère attendre longtemps pour que les corps inutiles, brisés par le travail, soient guidés vers la porte de sortie lorsqu’ils commencent à coûter trop d’argent. Car plus que l’euthanasie (qui n’est pas le sujet du film), ce qu’aborde Plan 75 est le pourrissement des corps, leur laminage par la mâchoire d’une société du rendement, et le crachat de presque-cadavres, bons à rien qu’à mourir.
Film presbyte
Le filmage d’Hayakawa, discret, se déploie dans ce film choral où l’intersection des trajectoires des personnages (une vieille victime de solitude, un agent du Plan 75, une employée philippine gérant le flots de cadavres et leurs affaires, une standardiste de l’organisation, etc.) ne se fera jamais au moment où l’on s’attend. La caméra se place à hauteur de vieux, adopte leur rythme, leur sensation du temps long, leur vision.
L’utilisation du flou, à l’instar d’une caméra soudainement devenue presbyte, traverse tout Plan 75 : elle nous dérobe des scènes d’action, indique l’état émotionnel des personnages, laisse apparaitre des plan de décor… Et ce jusqu’à la typographie du titre, dont le « 75 » est vaporeux. Un flou d’ailleurs nourri par la faible profondeur de champ de la plupart des scènes.
Et si l’on évoque Plan 75, il faut évidemment parler de Chieko Baishô, alias Michi, absolument bouleversante dans son rôle de vieille esseulée choisissant d’accepter la solution de l’euthanasie. Une prestation qui porte le film, d’ailleurs très bien servi par son casting, dont les deux heures passent sans accroche.
En bref, cette proposition nipponne qui tranche avec le tout-venant vaut le coup d’œil !
Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.
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Ca a l’air très intéressant, je n’en avais encore jamais entendu parler.
J’ai aussi découvert son existence avec l’article.
Ouais très chouette ! Je pensais qu’il sortait bientôt en France mais apparemment il est passé direct en VOD :/