Minari. C’est le nom d’une plante coréenne qui ressuscite, à l’effet purificateur et porte-bonheur, explique le réalisateur Lee Isaac Chung, dans une interview donnée par la National Public Radio. Elle grandit dans des endroits où rien d’autre ne peut pousser. Cette plante est aussi « la seule chose qui a réellement prospéré dans cette ferme ».
Un scénario né de ses propres souvenirs
Le réalisateur évoque ici celle de son enfance, inspiration première de son récit. Récit narrant le nouveau départ d’une famille au milieu des plaines de l’Arkansas, emménageant dans une maison à deux roues -thème faisant irrémédiablement écho au récent Nomadland. Une idée de Jacob, le père, interprété par Steven Yeun, qu’on a admiré la dernière fois dans le thriller coréen Burning de Lee Chang-dong en 2018. Très vite, on assiste au spectacle d’un couple qui se délite, n’arrivant plus à se comprendre, sous les yeux de David, petit garçon de huit ans en pleine construction, joué par le très prometteur Alan Kim.
Ce nouveau long-métrage a remporté de nombreux prix aux Oscars et aux Golden Globes, ainsi qu’au festival de Sundance. Pas étonnant en effet d’apprendre que le scénario n’est autre qu’une éclosion de souvenirs d’enfance du réalisateur. Leur histoire, c’est son emprunte : et son vécu est une évidence, tant certaines scènes sonnent justes. Les avions en papier lancés en pleine querelle parentale par les deux enfants sont des plus cathartiques, ayant le pouvoir de faire émerger chez chaque spectateur une foule de souvenirs enfouis.
D'une culture à l'autre, d'une émotion à l'autre
Le fil rouge du long métrage réside dans cette perpétuelle alternance entre douceur et dureté, toujours maniée avec subtilité, portée à merveille par le jeu d’acteur des enfants.
Lee Isac Chung y enchevêtre les cultures américaine et coréenne, mêlant du début à la fin fantasme et désillusions du rêve américain et intégration d’une grand-mère qui « sent la Corée », selon son petit-fils. Les dialogues sont tantôt graves, tantôt drôles, particulièrement ceux qu’échangent David et sa grand-mère qui ne se connaissent pas. Ils se découvrent au fil des jours entre vacheries, humour, et au bout du compte, tendresse. Un film qui cherche son identité, comme chacun de ses protagonistes, en somme, mais touchant malgré tout.
La façon que Lee Isaac Chung a de filmer la nature renvoie souvent à celle dont use Terrence Malik : aérienne, poétique, hors du temps. À l’instar de cette éponyme plante, véritable métaphore d’un espoir qui finit toujours par renaître, quels que soient les obstacles à traverser.
Passionnée de septième art depuis plus de dix ans, les salles obscures sont devenues ma deuxième maison. Ce qui me fait vibrer au plus haut point ? Digérer une expérience filmique et la mettre en mots... Entre journalisme et pensée, page et écran !
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Premier article sur MaG, bienvenu parmi nous Léa ! C’est un plaisir de te lire. 😉
Je ne peux que plussoyer. Bravo Léa.
Oui, bienvenue à Léa dont la finesse de la plume n’a d’égale que sa sensibilité artistique !