Ce n’est pas tous les jours qu’on parle de films à destination d’un public pour enfants et encore moins quand il nous vient du Canada. Katak, le brave béluga était présenté au festival d’Annecy et est actuellement visible en salle partout en France. A la fin de cet article, on vous parie que vous aurez appris une ribambelle de mots sur la faune et la flore marine avant d’emmener vos progénitures au cinéma. On parie ?
Katak sur la route de Némo
Katak est un béluga, vous savez ces céphalopodes blancs avec cette particularité que leur tête présente une poche de gras qu’on appelle melon, une protubérance molle qui donne parfois l’impression que les malheureux n’ont pas de crâne. Katak est un veau, ou plus précisément un bleuvet comme on dit dans le jargon cétologue. Seul bémol, le bougre n’a toujours pas perdu sa robe grise contrairement à ces autres cousins. Un peu frustré, le petiot, précoce, est pressé de devenir adulte. Après avoir échangé avec sa grand-mère sur ces vieux jours, il décide de partir seule retrouver son ancien partenaire d’un soir parti vers en terres australes. Ah ces bélugas volages…

Si on reconnaît une formule qui n’est pas sans rappeler Pixar et ce bon vieux Némo qui a permis à toute une génération en culottes courtes de découvrir les poissons clowns, Katak a la particularité de prendre place dans l’estuaire du Saint-Laurent, ce grand fleuve canadien qui couve une faune et une flore remarquable. Derrière un film d’animation sans grande surprise pour les habitués du genre, la réalisatrice Christine Dallaire-Dupont affiche un objectif pédagogique non dissimulé. Clairement, Katak cherche à sensibiliser les jeunes spectateurs à l’écologie et la préservation marine tout en rendant hommage à la majestuosité des lieux. De ce côté-là, le film coche toutes les cases avec intelligence. On croisera ainsi nombre d’animaux du cru, des célèbres épaulards aux narvals, esturgeons, bernaches, macareux et j’en passe, de quoi ravir les amoureux du Québec.

Moi, la mer, elle m'a pris
Malheureusement le film ne réussit pas complétement son pari de réunir petits et grands, le fim étant clairement réservé à un très jeune public et la faute à une écriture qui manque de folie. Il y avait sans doute matière à libérer un peu l’action avec le gros méchant du film qui n’est pas si méchant : Jack-Knife, une baleine-tueuse légendaire qui aurait décimé nombre de congénères de Katak et qui se chiffonne avec sa fille végétarienne. Même pour un très jeune public, on aurait aimé un peu plus de punch de ce côté-là pour gonfler les enjeux narratifs et l’implication du spectateur. Les blagues restent également bien sages. Ce long périple vers la banquise prend plus des airs de mise en bouche que de parcours du combattant. Certes, on n’est pas dans Dragon Ball mais les rares combats convainquent peu, c’est dommage. Les célèbres requins de Pixar étaient plus crédibles tout en restant rigolos.

L’animation reste plus sommaire, budget oblige, que des méga productions Pixar tout en restant efficace. On vous prévient d’avance, ne vous attendez pas à entendre des bélugas parler québécois, malgré l’origine du film : la version originale conserve la langue de Molière avec une synchronisation labiale qui manque d’ailleurs un peu de peps pour correspondre aux émotions des personnages. Les passages en vue aérienne permettent cependant d’apprécier la patte graphique du film qui rappelle parfois l’aquarelle et ce sont peut-être les plans les plus réussis. Enfin, contrairement aux poissons, les cétacés sont des mammifères qui rappelons le, doivent sortir reprendre leur souffle régulièrement. Une idée qui trouve quelques situations d’apnée originales mais qui auraient pu être poussées un peu plus loin à mon sens, notamment lorsqu’un banc de bélugas se trouve piégé par le Savsaat, ces trous glaces qui se referment par froid glacial.

Un film contre l’exploitation des océans
Si l’on fait fi de ces quelques défauts, Katak reste une bonne porte d’entrée pour sensibiliser les jeunes à la préservation de l’environnement marin. Le film ne manque pas de dénoncer des sujets particulièrement contemporains comme la pollution sonore qui nuit à la reproduction de très nombreuses espèces, condamnées à la disparition ou la migration forcée, ce qu’il faut saluer à l’heure où notre président passe chaque été à promouvoir le jet-ski et autres beauferies, bien barricadé à Brégançon. Le film montre aussi la précarité de la vie marine dont sa sauvegarde dépend étroitement de la protection de zones protégées et autres réserves. Certes Katak manque d’audace et de féérie pour se hisser parmi les poids lourds du genre de la maison Disney, mais il pourrait bien séduire les plus jeunes pour une première expérience au cinéma dès aujourd’hui pour sa sortie en salle. Un peu d’amour dans ce monde de brutes ne ferait pas de mal par les temps qui courent.

Critique JV et ciné toujours prêt à mener des interviews lors de festivals ! Amateur de films de genre et de tout ce qui tend vers l'Etrange. N'hésitez pas à me contacter en consultant mon profil.
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Ha ha merci pour le passage sur le jet-ski qui m’a bien fait sourire ^^. C’ est malheureusement tellement vrai… En tout cas content de voir que la cause écologique est de plus en plus représentée au cinéma ou ailleurs. Ca finira peut être par faire changer le comportement des gens…
Je n’ai pas pu m’en empêcher, c’est plus fort que moi parfois, même quand je parle de bélugas ! ^^
Tu me donnes tellement envie de le voir ^^ évidemment il ne sort pas par chez moi, mais j’y jetterai un oeil quand il sera en format physique !