Quelque part entre Kaurismäki et Joachim Trier, Amours à la finlandaise explore les affres du polyamour au sein d’un couple de quadragénaires un peu particulier… Un film de Selma Vilhunen à découvrir depuis le 7 mai dernier sur support physique.
Le pays du bonheur
L’ONU dévoile chaque année les pays où il fait bon vivre, et selon ce (douteux) classement, la Finlande serait la contrée la plus propice au bonheur. Amours à la finlandaise n’aidera pas à nous en convaincre, car le film de la cinéaste Selma Vilhunen s’enfonce plutôt dans de tortueuses relations de couple(s) plus propices aux larmes qu’aux sourires. Mais si le long-métrage est passablement sombre, Vilhunen va s’amuser, un peu à l’image de son compatriote Aki Kaurismäki, à distiller ça et là de petites touches comiques qui insufflent un ton légèrement décalé à ce qui aurait pu être un pur mélodrame.
Le point de départ est plutôt cocasse : Matias (Eero Milonoff), un pasteur marié à Juulia (Alma Pöysti, qui tenait également un rôle important dans le génial Les Feuilles mortes de Kaurismäki), la trompe avec une plus jeune femme, Enni. Mais lorsque Juulia l’apprend, la tromperie va lentement muer le couple en quelque chose de nouveau plutôt que de l’exploser de l’intérieur. Juulia et Matias vont en effet explorer la notion ô combien actuelle de polyamour…
Cinéma de la gentillesse
Évacuons d’emblée le gros point noir du film : sa durée. Plus de deux heures pour cette histoire de mœurs implique un nombre trop important de ventres mous et une sur-dramatisation de certains enjeux qui plombe quelque peu Amours à la finlandaise et l’alourdissent d’un segment central redondant et indigeste. Mais passé ce défaut, ce petit film sur des quadragénaires découvrant le polyamour plaît autant qu’il interpelle.
Mieux, le tricotage subtil des enjeux spirituels (Matias est pasteur, baigne dans une communauté villageoise et familiale plutôt croyante) et générationnels au sein du scénario permettent de faire ressortir l’échafaudage de structures sociétales bâties pour instaurer (et imposer) la monogamie. Quelques sursauts dramatiques (appartenant clairement au gras à amputer au film) laissent présager un glissement dans une veine moralisatrice et un brin réac’ qu’Amours à la finlandaise évite constamment. Mieux, la réalisatrice Selma Vilhunen parvient à bâtir son scénario (non sans suspens ou conflits) sur des relations basées premièrement sur des envies de gentillesse. Dans un dictat scénaristique où l’altérité est presque obligatoirement violente, cette tentative (plutôt réussie et jamais niaise) a de quoi réjouir !
Finlande de cinéma
Avec Amours à la finlandaise et avec Les Feuilles mortes, 2023 aura indubitablement été une riche cuvée pour le cinéma finlandais. Un pays de septième art d’apparence plutôt froid et distant, qui révèle toute son humanité et sa douce folie par bribes timides mais touchantes. Des propositions de cinéma en décalage complet avec l’offre mélodramatique consensuelle, construites en écrins fragiles oscillant entre beauté et espoir… Un film à (re)découvrir en format physique !
Fiche technique
DVD Zone B (France)
Éditeur : Blaq Out
Durée : 117 min
Date de sortie : 07 mai 2024
Format vidéo : 576p/25 – 2.35
Bande-son : Finnois Dolby Digital 5.1 (et 2.0)
Sous-titres : Français
Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.
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Ah le polyamour, doux Jésus c’est comme le tacos trois viandes supplément raclette.🤷♂️
🤣🤣🤣