Après le succès de Family Business déjà sur Netflix, voilà qu’Igor Gotesman signe son retour pour la plateforme américaine avec la mini-série Fiasco, co-créée avec Pierre Niney. Un nom prédestiné ? Réponse en demi-teinte à lire ci-dessous…
Réalisateur en détresse
Raphaël (Pierre Niney) voit son rêve devenir réalité : son tout premier film – un biopic sur la vie mouvementée de sa grand-mère – s’apprête à voir le jour. Problème, les crasses s’accumulent : son premier rôle masculin (Vincent Cassel) lui met des bâtons dans les roues, une cascadeuse se blesse gravement lors des premiers jours de tournage et, pire, un corbeau tente de les faire chanter avec une vidéo trafiquée de Raphaël tenant des propos déplacés au sujet de son actrice principale (Leslie Medina). De quoi mettre du plomb dans l’aile de son projet qu’il venait pourtant de toucher du doigt…
Mini-série comique après un Family Business discutable mais assez convainquant pour entrainer son spectateur au travers de ses trois saisons, Fiasco déboule dans un contexte de Me too français comme un cheveu sur la soupe : son histoire d’un réalisateur un peu trop gentil qui se fait démonter par les médias à cause d’une vidéo montée de manière mensongère pour le faire passer pour un misogyne a de quoi faire grincer des dents… On aura connu meilleur timing pour baser toute son intrigue sur ce genre de thématique plutôt à contre-courant et franchement maladroite. Mais si ce choix questionne, ce n’est pas pour autant qu’il faille clouer l’œuvre au piloris. Voyons plutôt ce que ce Fiasco a dans le ventre…
Série de références
Il va sans dire que Fiasco surfe sur la vague de séries comiques françaises à tendance absurde, biberonnées de références (Les Nuls sont passés par là) et pourvues d’un casting XXL. On avait eu La Flamme et Le Flambeau pour Canal+, LOL : qui rit, sort pour le compte d’Amazon Prime et maintenant Fiasco dans l’écurie Netflix. Si entre eux ces différents titres se piquent les têtes d’affiches (Pierre Niney, François Civil, Géraldine Nakache, Louise Coldefy…), c’est autant pour révéler de véritables perles comiques qu’on n’avait pas assez vu dans ce registre que pour pointer du doigt l’humour monochrome de tout un tas d’autres comédiens bien en peine pour se renouveler… Pierre Niney faisait plutôt partie de la première catégorie, au moins jusqu’à Fiasco.
Ici, les références sont claires. Si l’on reprend les têtes d’affiches des séries pré-citées, on va plutôt avoir affaire à un filmage à la The Office : caméra au poing, la mini-série se veut constituée des rushes qu’aurait captés une équipe chargée de réaliser le making-off du film de Raphaël. A la différence près que contrairement à la géniale série de Ricky Gervais (tout aussi génialement transposée aux US avec Steve Carell, c’est assez rare pour être mentionné), Fiasco s’attache à une intrigue claire qui sera échafaudée d’épisode en épisode, en suivant à la lettre les codes de l’ordre scénaristique.
Une première grosse balle dans le pied pour le projet d’Igor Gotesman, qui se prive ainsi de toute la folie tentaculaire dont pouvait profiter The Office, La Flamme ou Le Flambeau pour ne citer que des exemples déjà évoqués (et de qualité déjà bien disparate). Coller à une trame scénaristique précise obligera Fiasco à passer indubitablement par les mêmes cases éprouvées (la création souvent bien artificielle de tension, les cliffhangers à gogo, les rebondissements à deux balles…) qui le prive d’une bonne part de sa liberté de mouvement et, par la même occasion, d’une sacrée tranche de son potentiel comique. Bref, Fiasco, à trop coller aux normes sérielles, finit par devenir parfaitement indigeste…
Fiasco, le bien nommé ?
S’il était rafraichissant de voir débouler toutes ces têtes de la nouvelle comédie française mixée à de plus vieux briscards, la recette ô combien rémunératrice commence à s’essouffler. Verrouillée dans son carcan scénaristique, la mini-série comique peinera à nous faire lâcher un pouffement de temps en temps. Et malheureusement, ni son casting (Pierre Niney absolument monochrome, Coldefy qui laboure toujours sa même veine comique, Pascal Demolon tiède…) ni son scénario ne parviendront à redresser la barre d’une production Netflix décidément bien peu convaincante. Seul vrai plaisir pris devant Fiasco, découvrir les coulisses d’un plateau de tournage à la mode The Office… Et c’est sans doute là que se cachait la vraie série comique, débarrassée de cet apparat de scénario attendu et ennuyant.
Buvant les Stephen King comme la sirupeuse abricotine de mon pays natal, j’ai d’abord découvert le cinéma via ses (souvent mauvaises) adaptations. Épris de Mrs. Wilkes autant que d’un syndrome de Stockholm persistant, je m’ouvre peu à peu aux films de vidéoclub et aux poisseuses séries B. Aujourd’hui, j’erre entre mes cinémas préférés, les festivals de films et les bordures de lacs helvétiques bien moins calmes qu’ils en ont l’air.
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Je te trouve dur pour le coup. J’ai vraiment bien aimé pour ma part, même si la série est loin d’être parfaite elle m’a franchement bien fait rire avec quelques répliques et passages qui font mouche, ce qui est le principal 🙂 Tout de façon sur MaG vous êtes que des haters et des blasés 😀 Merci pour la critique 😉
C’est clair ^^ non en vrai peut-être que j’en attendais trop, mais ayant été plutôt convaincu par *Family Business* (en tous cas le début) et étant assez friand de ce genre d’humour, j’ai été pas mal déçu. Après je l’ai vu en parallèle de The Office US que je découvre ces jours-ci, et Fiasco a potentiellement pas mal souffert du parallèle 😉