ŒUVRE – La renaissance du mythe par le côté obscur
Alors que le souvenir de ses parents assassinés le hante, Bruce Wayne, désemparé, erre à travers le monde cherchant les moyens de combattre l’injustice et ses propres peurs. Avec l’aide de son dévoué majordome et homme de confiance Alfred, de l’inspecteur Jim Gordon et de son allié Lucius Fox, Wayne revient à Gotham City et révèle son alter ego : Batman, un justicier masqué qui utilise sa force, son intelligence et une batterie d’armes high-tech pour combattre les forces sinistres qui menacent la ville…
Oubliez l’univers fantasque et intriguant de Burton mais aussi la boule à facette de Schumacher, car Batman redevient le super-héros le plus noir de l’univers et c’est tant mieux. Nolan et son scénariste, David S. Goyer, repartent donc au tout début du mythe et décident de développer bien plus profondément la psychologie, les traumatismes et l’ambiguïté de Bruce Wayne. C’est une réussite totale car le métrage entier est voué à la fondation d’un mythe. Rien n’est flou ni superflu, au contraire, le parcours de Bruce est logique et poignant.
Cette structure narrative n’aurait été possible sans des acteurs crédibles, Christian Bale est ainsi une évidence car il interprète un Wayne déchiré entre désir de vengeance condamnable et désir de justice héroïque, Michael Caine est un majordome plus que jamais soucieux de son « maître », Gary Oldman et Liam Neeson jouent avec retenue et vigueur, ce qui sied à merveille aux caractères de leurs personnages, Morgan Freeman est égal à lui même et seul Katie Holmes semble un peu fade dans ce casting 4 étoiles.
Christopher Nolan n’impose pas vraiment de style visuel, ni de réalisation novatrice (quoi que le choix délibéré d’abandonner les « plans héroïques » pour privilégier une approche frontale du personnage est à signaler), mais plutôt un certain univers narratif très nouveau à l’image de la complexité du personnage et de l’univers qu’il génère. Ses prises de positions donnent ainsi un film mélangeant œuvre d’auteur et blockbuster car les scènes d’action testostéronées sont bien présentes (la poursuite en Tumbler est anthologique).
La musique composée par Hanz Zimmer et James Newton Howard marie à merveille la marque écrasante faite par l’orchestre et les synthétiseurs de Hanz pour les scènes d’action, alors que son compère officie dans un registre plus discret, sensible, où cordes et piano s’attachent aux démons de Bruce Wayne. L’ensemble est crépusculaire à souhait pour être en phase avec la vision de Christopher Nolan.
Au final, Batman Begins est une superbe adaptation d’un comic book. Un diamant noir !